La polémique autour du ministère d'Etat pour les Affaires des réfugiés s'est poursuivie vendredi, quelques jours après l'annulation de la passation des pouvoirs entre le ministre sortant, Mouïn Merhebi, membre du courant du Futur, et son successeur au sein du nouveau gouvernement, Saleh Gharib, un druze prosyrien proche de Talal Arslane et nommé par le chef de l'Etat, Michel Aoun.
Cette passation des pouvoirs aurait dû avoir lieu lundi. Jeudi soir, M. Merhebi a déclaré qu'il avait refusé de l'effectuer car il aurait eu l'impression de "livrer les réfugiés aux bourreaux".
"M. Merhebi a oublié que nous ne sommes pas fiers de succéder à la tête de ce ministère, qui a d'abord un caractère humanitaire, à un ministre qui était favorable à l'implantation des réfugiés au Liban", a répliqué vendredi le Parti démocratique libanais de M. Arslane.
Plus tard dans la matinée, ce dernier, qui présidait une réunion de son sous-groupe parlementaire en présence de M. Gharib et du ministre des Déplacés (libanais de la Montagne), Ghassan Atallah, a appelé à "sortir le dossier des réfugiés des polémiques politiciennes". "Le dossier des réfugiés est l'une des principales préoccupations du président Michel Aoun, et la présence de M. Gharib à la tête du ministère chargé de ce dossier nous donne espoir qu'il sera mené à bien", a ajouté M. Arslane.
Pour sa part, le parti Tawhid, dirigé par l'ancien ministre druze Wi'am Wahhab, très proche du régime syrien, a souligné dans un communiqué que "le ministre Gharib ne serre la main qu'à des personnes dignes". "Ainsi, il ne peut serrer la main à une personne comme Mouïn Merhebi, qui viole les droits des réfugiés afin de les empêcher de revenir chez eux".
(Lire aussi : Bassil aux Européens : Pour que les réfugiés syriens ne viennent pas chez vous, il faut qu'ils rentrent chez eux)
Le Liban accueille quelque 1,3 million de réfugiés syriens ayant fui le conflit qui ravage leur pays depuis 2011, selon le directeur général de la SG, le général Abbas Ibrahim. Selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (UNHCR), un peu plus de 970.000 sont enregistrés sur les registres onusiens. Fin septembre, le général Ibrahim avait affirmé à l’agence Reuters que 50.000 Syriens avaient pu regagner leur pays depuis le début de l’année, estimant qu’à ce rythme, le nombre de rapatriements pourrait atteindre 200.000 d’ici un an.
Le président Aoun réclame le retour des réfugiés syriens chez eux sans attendre une solution politique à la guerre en Syrie, mais l'ONU estime qu'un tel retour est encore prématuré, notamment en raison des conditions sécuritaires dans de nombreuses régions du pays.
A l'issue d'un sommet économique arabe, organisé le 20 janvier à Beyrouth et boudé par la plupart des chefs d’Etat arabes, les pays arabes avaient appelé la communauté internationale à "redoubler d'efforts" pour favoriser le retour des réfugiés, notamment Syriens, dans leurs pays d'origine.
Le texte de la déclaration ministérielle, adoptée vendredi par le nouveau gouvernement, indique que le cabinet "va continuer à œuvrer avec la communauté internationale pour remplir ses engagements face au fardeau des déplacés syriens et respecter les conventions internationales (…) en soulignant que la seule solution est le retour en sécurité des déplacés dans leur pays et en refusant toute forme d’intégration et d’implantation dans les communautés hôtes".
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commentaires (3)
QU,IL NOUS MONTRE ARSLAN ET SES PAREILS COMMENT ILS VONT RAPATRIER LES REFUGIES SYRIENS CONTRE LEUR GRE ! IL EST HONTEUX DE SE SERVIR DE CETTE AFFAIRE POUR DU FANATISME POLITIQUE...
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 33, le 08 février 2019