Rechercher
Rechercher

Liban - Exécutif

Le gouvernement mardi devant le Parlement pour le vote de confiance

Une délégation du PSP a été reçue hier par Hariri, confirmant le retour à la normale entre la Maison du Centre et Clemenceau.

Le Conseil des ministres a adopté la déclaration ministérielle en un temps record. Photo Dalati et Nohra

La déclaration ministérielle adoptée, c’est mardi que le nouveau gouvernement Hariri se présentera devant le Parlement pour le débat et le vote de confiance. La réunion a été convoquée hier soir par le président de la Chambre, Nabih Berry. Le débat sera étalé sur deux jours, à raison de deux séances par jour.

L’occasion pour les différentes parties politiques de discuter plus en profondeur les points politiques, économiques et sociaux qui figurent dans la déclaration, et surtout d’étaler leurs différences sur de nombreux dossiers conflictuels, comme notamment les armes du Hezbollah, les relations avec Damas ou le dossier des réfugiés syriens, que le nouveau gouvernement a pu jusque-là éviter, en se contentant de reprendre la même formule retenue pour la déclaration précédente. En y ajoutant bien entendu un chapitre relatif aux réformes économiques prévues par la conférence de Paris (CEDRE), qui s’était tenue en avril dernier à l’initiative du président français Emmanuel Macron.

Les seules modifications apportées hier au texte de la déclaration, intitulée « Au Travail ! » étaient « d’ordre linguistique », selon le ministre de l’Information Jamal Jarrah, qui a donné lecture des résolutions du Conseil des ministres. Celui-ci s’est tenu à Baabda, sous la présidence du chef de l’État, Michel Aoun. Le président s’est félicité d’emblée du temps record – trois jours – avec lequel le document, qui définit les grandes lignes de la politique du nouveau gouvernement, a été adopté. M. Aoun a en outre invité les ministres à « se concentrer sur l’ordre du jour et à limiter les interventions politiques ou les débats qui ne donnent pas de résultats et qui ne servent pas l’intérêt national ». Un discours approuvé par le chef du gouvernement, Saad Hariri, qui a invité son équipe à « davantage de solidarité et à éviter les débats politiques parce qu’il n’est pas possible de s’entendre sur tout en politique ».


(Lire aussi : Gouvernement : les réformes économiques au cœur de la déclaration ministérielle)


En dépit des vœux exprimés par MM. Aoun et Hariri, le ministre de l’Industrie Waël Bou Faour a fait une brève intervention dans laquelle il a demandé à ce que la Constitution soit respectée et à ce que « tous se conforment à la politique étrangère convenue », sans davantage de précisions. Il visait vraisemblablement le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, et le discours que ce dernier développe au sujet de la reprise des relations avec la Syrie, un autre sujet qui divise la classe politique.

Les ministres des Forces libanaises ont tenté mais sans succès d’introduire un amendement à la clause relative au « droit des Libanais à résister à l’occupation israélienne ». Ils voulaient y ajouter la phrase « dans le cadre des institutions de l’État », mais celle-ci n’a pas été retenue, a expliqué Jamal Jarrah. Avant la réunion de Baabda, la ministre d’État pour le Développement administratif, May Chidiac, avait réitéré les réserves des Forces libanaises au sujet des armes du Hezbollah en dehors du cadre de l’État et la question de la normalisation des relations entre le Liban et le régime syrien.

M. Jarrah a ensuite souligné que la plupart des modifications apportées à la déclaration ministérielle sont d’ordre linguistique, précisant qu’une seule clause a été ajoutée au texte à la demande du ministre de la Culture, Mohammad Daoud, qui s’est offusqué de l’absence de toute mention à son département. Dans la nouvelle version de la déclaration ministérielle, le gouvernement s’engage ainsi à « préserver le patrimoine architectural et archéologique ».


(Lire aussi : Copier-coller-planqués, le billet de Gaby NASR)


Le ministre de la Défense Élias Abou Saab s’est opposé à son tour à la clause relative au gel du recrutement volontaire dans les corps armés, mais celle-ci n’a pas été modifiée dans la mesure où la loi sur la nouvelle grille des salaires autorise ce recrutement en cas de besoin. Une autre clause a été ajoutée au sujet du développement du tourisme ludique.

Le texte devrait être approuvé sans problème au Parlement où l’on s’attend à un débat houleux au sujet des dossiers des armes du Hezbollah, des relations avec Damas ou du retour des réfugiés et même autour de certains points de la politique économique envisagée par Saad Hariri, sans que les discussions ne débouchent de nouveau sur des fractures.

Au terme du Conseil des ministres hier, une délégation du PSP, composée des ministres Akram Chehayeb et Waël Bou Faour et des députés Fayçal Sayegh et Hadi Abou el-Hosn a été reçue par Saad Hariri, dans une démarche qui confirme le retour à la normale entre la Maison du Centre et Clemenceau, après les virulentes attaques du chef du PSP Walid Joumblatt contre M. Hariri. « Il est vrai qu’il existe des divergences de vues entre nous sur plusieurs dossiers, économiques et autres, mais notre visite sert surtout à confirmer les constantes nationales majeures. Nous partageons les mêmes vues que le Premier ministre par rapport au dossier régional », a déclaré M. Chehayeb après la réunion, avant d’ajouter : « La relation entre nous tous se poursuit et doit se poursuivre au sein du Conseil des ministres pour le bien commun. Il y a un intérêt commun pour le pays et les gens. »

Parallèlement, à Khaldé, une autre réunion, centrée sur le dossier des réfugiés syriens, s’est tenue en la résidence du député Talal Arslane, en présence du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, et du responsable de ce dossier au sein du Hezbollah, l’ancien député Nawar Sahili, qui a affirmé que son parti est prêt à soumettre à l’État toutes les données en sa possession au sujet des réfugiés syriens.


(Lire aussi : Gouvernement Hariri III : les principaux points de la déclaration ministérielle)


Les points non économiques de la déclaration ministérielle

– « Le gouvernement réitère l’engagement pris dans le discours d’investiture du président de la République Michel Aoun, selon lequel le Liban qui marche sur un champ de mines reste à l’écart de l’incendie qui l’entoure dans la région grâce à l’unité du peuple libanais et son attachement à la paix civile. De là il est nécessaire que le Liban s’éloigne des conflits extérieurs (…). Le gouvernement souligne son attachement au respect de toutes les conventions et décisions internationales et son engagement à l’égard de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU et à continuer à soutenir la Finul. »

– « Quant au conflit avec l’ennemi israélien nous n’épargnerons aucun effort ni aucune résistance pour libérer ce qui reste de terres libanaises occupées et défendre notre patrie contre un ennemi qui a toujours des visées sur notre terre et notre eau et nos ressources naturelles et cela sur la base de la responsabilité de l’État et de son rôle dans la préservation de la souveraineté du Liban, de son indépendance, de son unité et de la sécurité de ses fils. Le gouvernement assure qu’il est du devoir de l’État de libérer les hameaux de Chebaa et les collines de Kfarchouba et la partie libanaise du village de Ghajar par tous les moyens légitimes et assure le droit des citoyens Libanais à la résistance à l’occupation israélienne et à repousser ses agressions et à recouvrer les territoires occupés. »

– « Le gouvernement sur la base de son respect des résolutions internationales souligne son attachement à ce que la vérité soit faite dans l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri et de ses compagnons, et suivra les travaux du Tribunal spécial pour le Liban qui a été créé en principe pour rétablir la justice et le droit loin de toute politisation ou vengeance d’une manière qui ne se répercuterait pas négativement sur la stabilité du Liban, son unité et sa paix civile. »

– « En ce qui concerne la disparition forcée de l’imam Moussa Sadr et de ses deux compagnons depuis 1978 en Libye, le gouvernement s’engage à redoubler d’efforts à tous les niveaux et à soutenir le comité officiel de suivi dans le but de les libérer et d’assurer leur retour sains et saufs. »

– « Le gouvernement va continuer à œuvrer avec la communauté internationale pour remplir ses engagements face au fardeau des déplacés syriens et respecter les conventions internationales (…) en soulignant que la seule solution est le retour en sécurité des déplacés dans leur pays et en refusant toute forme d’intégration et d’implantation dans les communautés hôtes. Le gouvernement réaffirme qu’il accueille favorablement l’initiative russe du retour des déplacés syriens dans leurs pays (…). »

– « Le gouvernement s’engage à poursuivre la coopération avec le Parlement en vue de l’adoption de la loi sur la décentralisation administrative. »

– « Le gouvernement s’engage à respecter tous les points inclus dans la déclaration ministérielle du précédent gouvernement relatifs à la distanciation. »

– « Le gouvernement œuvrera à adopter la loi d’amnistie générale. »

– « Le gouvernement s’engage à appliquer la loi de traitement de la pollution du Litani et à élaborer une feuille de route et des plans pour la protection des autres cours d’eau. Il s’engage aussi à élaborer et appliquer une politique durable pour le secteur des carrières, qui englobe la réhabilitation des sites dégradés et à adopter un plan directeur qui soit contraignant pour le Haut Conseil des carrières et pour toutes les autres administrations. »

– « Il doit mettre un terme à l’urbanisation sauvage, chaotique et élaborer une politique de protection des montagnes, du littoral et des terres agricoles et espaces verts par le biais de l’application d’un décret de classement des terrains. »

– « Il s’engage à publier les décrets d’application de la loi sur la protection de la qualité de l’air. »

- « Il envisage d’élargir l’application du programme national du ciblage de la pauvreté et assurer son financement afin qu’il vise plus de ménages en situation d’extrême pauvreté. Il compte œuvrer à assurer une couverture de santé complète aux Libanais qui ne sont pas couverts par un autre régime de couverture de santé, à adopter la loi sur les retraites et la protection sociale, à réduire les coûts des médicaments pour l’État et les citoyens, à mettre en place une politique pour l’habitat et adopter une politique de soutien des prêts pour le logement, à réformer et moderniser la CNSS, à garantir l’accès à l’éducation et sa qualité à tous dans les écoles publiques et veiller à la sécurité et la stabilité de l’enseignement privé et à renforcer l’Université libanaise et son rôle national dans toutes ses branches et facultés. »


Lire aussi

L’opposition stigmatise « un gouvernement largement déséquilibré en faveur du Hezbollah »

Réformes structurelles, dette... Le nouveau gouvernement attendu au tournant

Les milieux du PSP exhortent Hariri à sortir de sa passivité face à Bassil

Gouvernement : Bassil en première ligne !le décryptage de Scarlett HADDAD

Déclaration ministérielle : les relations avec la Syrie épicent des débats globalement convenus


La déclaration ministérielle adoptée, c’est mardi que le nouveau gouvernement Hariri se présentera devant le Parlement pour le débat et le vote de confiance. La réunion a été convoquée hier soir par le président de la Chambre, Nabih Berry. Le débat sera étalé sur deux jours, à raison de deux séances par jour.L’occasion pour les différentes parties politiques de discuter plus...
commentaires (3)

"Le gouvernement assure qu’il est du devoir de l’État de libérer les hameaux de Chebaa et les collines de Kfarchouba et la partie libanaise du village de Ghajar par tous les moyens légitimes et assure le droit des citoyens Libanais à la résistance à l’occupation israélienne et à repousser ses agressions et à recouvrer les territoires occupés. » Bon, c'est pour quand? Et comment concilier ce droit à la "résistance" avec les résolutions du Conseil de Sécurité qui n'ont jamais considéré que les quelques km2 occupés par Israel sont une terre libanaise?

Georges MELKI

12 h 32, le 08 février 2019

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • "Le gouvernement assure qu’il est du devoir de l’État de libérer les hameaux de Chebaa et les collines de Kfarchouba et la partie libanaise du village de Ghajar par tous les moyens légitimes et assure le droit des citoyens Libanais à la résistance à l’occupation israélienne et à repousser ses agressions et à recouvrer les territoires occupés. » Bon, c'est pour quand? Et comment concilier ce droit à la "résistance" avec les résolutions du Conseil de Sécurité qui n'ont jamais considéré que les quelques km2 occupés par Israel sont une terre libanaise?

    Georges MELKI

    12 h 32, le 08 février 2019

  • MESTWIYE EL TABKHA YABA... KELOUHA !

    LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

    12 h 29, le 08 février 2019

  • pour etre pragmatique , faut plutôt parler de vote de confiance a hassan nasrallah ! lui faire confiance de ne pas jeter le Liban dans la merde en defense de ,hmm! de qui pensez vous ? pas du liban- israel ne veut d'une guerre-pas avant tres tres longtemps- mais pt't l'iran, l'iraq,le yemen, la syrie,j'oubliai la coree du nord, le venezuella enfin bref pour defendre "la ligne de la Resistance" - donc defendre tout pays qui serait anti usa.

    Gaby SIOUFI

    10 h 13, le 08 février 2019

Retour en haut