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Liban - Sécurité aéroportuaire

Toujours aucune sanction dans l’affaire des passe-droits à l’AIB

Une réunion sécuritaire d’urgence devrait se tenir à l’invitation du Premier ministre, alors que commence demain la mission d’audit de l’OACI.

La cohue, l’été dernier, à l’aéroport Rafic Hariri de Beyrouth. Photo d’archives

Après l’incident sécuritaire qui a opposé samedi deux organismes du service de la sécurité aéroportuaire de l’AIB, les parties en conflit avaient annoncé dimanche soir avoir définitivement tourné la page. Sauf que le flou total règne sur les résultats de l’enquête menée par le procureur près le tribunal militaire, Peter Germanos, alors que le règne des passe-droits se poursuit à l’aéroport de Beyrouth. On apprenait hier que le douanier Nader Abi Nader, qui a bataillé ferme pour passer au scanner le bagage d’un voyageur VIP, a été déféré devant le bureau des crimes financiers pour avoir en sa possession une importante somme d’argent liquide, 4 500 dollars américains et trois millions et demi de livres libanaises. Soupçonné d’être impliqué dans un trafic de marchandises provenant de la zone franche, il a été relâché sous caution d’élection de domicile. « Une affaire qui n’a rien à voir avec le dossier », martèle une source experte, qui rappelle « l’intégrité du douanier ». De son côté, la direction générale des douanes dénonçait dans un communiqué « la campagne calomnieuse orchestrée contre le contrôleur douanier », et expliquait la provenance des fonds dont disposait l’agent. À savoir que le montant en dollars avait été remis à M. Abi Nader par son père pour le paiement d’un avocat et que le montant en livres libanaises lui avait été versé sous forme de rétribution mensuelle par l’administration des douanes. Quant au commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, il réclamait hier « que l’enquête englobe toutes les parties concernées ».

Un soutien politique solide

Samedi dernier, rappelons-le, un membre du détachement d’inspection de l’armée libanaise de l’AIB, dirigé par Ali Noureddine, gendre du président du Parlement Nabih Berry, tentait de soustraire au contrôle douanier le bagage d’un voyageur VIP. Il s’agissait du directeur général du Conseil du Sud, Hachem Haïdar, proche lui aussi de M. Berry. Il venait d’arriver de l’étranger et était installé dans le salon VIP. Il avait payé la somme de 500 000 LL pour avoir le droit de s’y reposer. Entre-temps, les militaires qui récupéraient son bagage ont tenté de passer outre au cordon de sécurité qui les dirigeait vers le poste de scanner de la douane. Mais ils ont été rapidement interceptés par des membres de l’unité des douanes. Ce qui a entraîné une dispute entre les membres des deux services. Outre l’arrestation de Nader Abi Nader, Ali Noureddine a été entendu par le procureur près le tribunal militaire. Il a été relâché sous caution d’élection de domicile.


(Lire aussi : La sécurité de l’aéroport de Beyrouth, histoire d’un enchevêtrement de pouvoirs)


Cet incident vient s’ajouter à la longue liste des querelles de prérogatives qui opposent les différents organismes du service de la sécurité aéroportuaire de l’AIB. Dans ce cas précis, le détachement d’inspection, dirigé par Ali Noureddine, et le service des douanes sont tous deux rattachés au chef du service de la sécurité aéroportuaire, le général Georges Doumit, qui est placé sous la tutelle du ministre de l’Intérieur. Sauf que le service des douanes relève du ministère des Finances et n’est pas censé recevoir d’ordres ni être sanctionné par le général Doumit. « Mieux encore, raconte une source informée à L’Orient-Le Jour, le général Ali Noureddine est certes sous les ordres du général Doumit, mais il agit souvent comme un électron libre, car il jouit d’un solide soutien politique. »


Jamais la moindre sanction

Il n’en reste pas moins qu’à la veille de la visite d’une mission d’audit de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) à l’aéroport de Beyrouth, qui débute le 6 février pour une dizaine de jours, « la ministre de l’Intérieur Raya el-Hassan et le ministre des Transports et des Travaux publics Youssef Fenianos devraient rapidement convoquer une réunion des responsables sécuritaires de l’AIB, en présence du directeur général des FSI, le général Imad Osman », révèle une source informée, et ce « à l’invitation expresse du Premier ministre Saad Hariri ». Ce dernier serait « particulièrement exaspéré par les conflits qui minent la direction de l’appareil sécuritaire à l’aéroport de Beyrouth, et notamment le conflit endémique qui oppose le chef du service, le général Georges Doumit (armée libanaise), au chef de la police de l’aéroport, le commandant Bilal Hajjar ». « Aucune sanction n’a d’ailleurs jamais été prise contre quiconque », précise cette même source.

Également contacté par L’OLJ, un expert européen observe que « l’incident est regrettable ». « Mais en même temps, il tombe à la veille d’une visite de l’OACI et c’est une bonne chose qu’il soit rapporté », ajoute-t-il. Affirmant comprendre l’exaspération du citoyen « face aux passe-droits accordés en matière de sécurité aéroportuaire », il observe que « les missions d’assistance technique de l’OACI permettront certainement de corriger les écarts aux règles ». « Ce qui est sûr, conclut-il, c’est que les programmes de coopération internationale entre le Liban et les pays de l’Union européenne permettront d’améliorer le cadre légal et réglementaire lié à la sécurité aéroportuaire, de clarifier donc les modalités de contrôle et le rôle de chaque organe sécuritaire. »

Après l’incident sécuritaire qui a opposé samedi deux organismes du service de la sécurité aéroportuaire de l’AIB, les parties en conflit avaient annoncé dimanche soir avoir définitivement tourné la page. Sauf que le flou total règne sur les résultats de l’enquête menée par le procureur près le tribunal militaire, Peter Germanos, alors que le règne des passe-droits se...

commentaires (4)

mais, QUI VA SANCTIONNER QUI & POURQUOI AU JUSTE ?

Gaby SIOUFI

11 h 23, le 05 février 2019

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Commentaires (4)

  • mais, QUI VA SANCTIONNER QUI & POURQUOI AU JUSTE ?

    Gaby SIOUFI

    11 h 23, le 05 février 2019

  • L,ANARCHIE REGNE A L,AEROPORT COMME DANS LES PORTS ET L,ETAT PERD DES RENTREES SUBSTANTIELLES. FAUT LES Y ASSAINIR D,URGENCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 34, le 05 février 2019

  • Voila un autre gendre qui est entre dans la danse....prendre des sanctions contre ce brave monsieur..laissez moi rire...ou pleurez...sur notre pays

    Houri Ziad

    10 h 07, le 05 février 2019

  • DONC C'EST LE CLAN DE BERRI QUI EMMERDE LE MONDE ET EMPÊCHE LES DOUANIERS DE FAIRE LEURS BOULOTS. BRAVO LE DOUANIER HONNÊTE ABI NADER.

    Gebran Eid

    02 h 29, le 05 février 2019

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