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Liban - Sécurité aéroportuaire

Un nouvel épisode de la guerre des services à l’AIB

Le colonel Ali Noureddine, responsable du détachement d’inspection, était interrogé hier soir par le juge près le tribunal militaire, Peter Germanos. Ses hommes ont tenté, samedi, de soustraire au contrôle douanier le bagage d’un VIP.

Un nouvel incident tendrait à rappeler que l’aéroport Rafic Hariri de Beyrouth est miné par une guerre de prérogatives. Photo d’archives

Un nouvel incident a secoué samedi l’aéroport Rafic Hariri de Beyrouth, quelques mois à peine après l’incident qui avait opposé deux unités du service de sécurité aéroportuaire, sous le regard des passagers. À son arrivée à Beyrouth en provenance de l’étranger, un passager de marque, Hachem Haïdar, qui ne serait autre que le directeur général du Conseil du Sud, a été reçu au salon VIP. Sa valise, elle, a été récupérée par un membre du détachement d’inspection de l’armée libanaise, qui a été invité par un collègue à sortir des rangs, afin d’éviter de faire passer le bagage par les douanes, selon al-Markaziya ainsi qu’une source proche du dossier interrogée par L’Orient-Le Jour. Le fonctionnaire lui a même ouvert le cordon pour lui permettre de passer.

La réaction des officiers des douanes a été immédiate. Ils se sont précipités en force vers les deux resquilleurs, redirigeant illico la valise vers le contrôle douanier. Mais le responsable militaire ne l’entendait pas de cette oreille et les deux parties en sont venues aux mains. Les douaniers ont finalement obtenu gain de cause et le bagage de M. Haïdar a été scanné. Il ne contenait rien qui puisse être illicite.

Filmée par les caméras de l’aéroport, la scène a rapidement été véhiculée par les réseaux sociaux, suscitant la colère des internautes. Une colère liée notamment à l’arrestation d’un officier des douanes, Nader Abi Nader, alors qu’un militaire était également arrêté.


La sécurité n’autorise aucune exception

Le détachement d’inspection qui répond directement du chef du service de sécurité aéroportuaire de l’AIB, le général Georges Doumit, est dirigé par le colonel Ali Noureddine, gendre du président du Parlement Nabih Berry. Si le service de sécurité aéroportuaire est placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, les douanes, elles, relèvent du ministère des Finances. Le chef de la sécurité aéroportuaire n’a donc pas de pouvoir direct sur l’unité des douanes qui sont chargées du contrôle des marchandises et du trafic illicite.


(Lire aussi : La sécurité de l’aéroport de Beyrouth, histoire d’un enchevêtrement de pouvoirs)


Contacté par L’Orient-Le Jour pour plus de détails, le directeur de l’aviation civile de l’AIB, Mohammad Chehabeddine, regrette profondément l’incident auquel il refuse néanmoins « de donner plus d’importance qu’il ne mérite ». « Chaque élément qui a commis une infraction doit rendre des comptes », martèle-t-il, s’interdisant par le fait même de prendre position. M. Chehabeddine insiste en revanche sur la nécessité que « chaque voyageur, qu’il soit VIP ou non, se plie aux mesures de sécurité, comme partout au monde ». « La sécurité n’autorise aucune exception et nul n’est au-dessus des lois », poursuit le responsable. « Moi-même, lorsque je prends l’avion, j’insiste pour que mes bagages soient passés au scanner », souligne-t-il. Interrogé quant à l’éventualité qu’il s’agisse d’une querelle de prérogatives de services, le responsable répond par la négative. « Je ne pense pas qu’il soit question d’une querelle de services entre les chefs, mais juste d’un incident isolé qui a opposé deux membres de services différents », estime-t-il.


La colère de Hariri

Tout autre est l’analyse d’un expert qui a requis l’anonymat. « Il s’agit d’un énième épisode de la guerre des services au sein de l’AIB », assure-t-il. « Une guerre telle, souligne-t-il, que le Premier ministre Saad Hariri n’a pas hésité à se rendre à l’aéroport, récemment, pour admonester les officiers, à la veille d’une visite de contrôle de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OIAC). » « Non seulement nous sommes en droit de nous demander dans quelles conditions le voyageur était admis au salon VIP, mais comment se fait-il que les militaires récupèrent eux-mêmes la valise de ce passager, insiste-t-il. Pire encore, de quel droit les militaires se permettent-ils de tenter de contourner la douane, et devant les passagers de surcroît ? »

Signe de l’importance de l’affaire, le tribunal militaire s’est saisi du dossier et une enquête est en cours. On apprenait hier en soirée que le colonel Ali Noureddine était interrogé par le juge Peter Germanos. Dans un objectif évident de calmer les esprits, le service de sécurité aéroportuaire et la direction des douanes ont publié un communiqué conjoint, précisant que l’incident était définitivement clos et que « les contrevenants des deux bords seraient sanctionnés », tout en invitant les internautes à… « éviter de salir la réputation de l’aéroport de Beyrouth ».

Un nouvel incident a secoué samedi l’aéroport Rafic Hariri de Beyrouth, quelques mois à peine après l’incident qui avait opposé deux unités du service de sécurité aéroportuaire, sous le regard des passagers. À son arrivée à Beyrouth en provenance de l’étranger, un passager de marque, Hachem Haïdar, qui ne serait autre que le directeur général du Conseil du Sud, a été reçu...

commentaires (10)

La HONTE . Qui est le vrai responsable ?

Antoine Sabbagha

22 h 47, le 04 février 2019

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Commentaires (10)

  • La HONTE . Qui est le vrai responsable ?

    Antoine Sabbagha

    22 h 47, le 04 février 2019

  • Notre pays à besoin de calme et de sérénité, respect des droits et sécurité de chacun et ceci passe par la lutte incessante contre les passe-droits et la corruption. Si on continue à voir des dirigeants donner de mauvais exemples en s'octroyant des droits au-dessus des lois républicaines dans des aéroports ou encore, tenir des paroles humiliantes pour la justice du genre : je remettrai à la justice le coupable d'une attaque à la bombe en temps "propice"... Tout ceci ne rime à rien et dégradé l'image de notre pays.

    Sarkis Serge Tateossian

    16 h 09, le 04 février 2019

  • Comme quoi les fauteurs de troubles sont souvent les gendres de quelque monarque…

    Hippolyte

    15 h 02, le 04 février 2019

  • "tout en invitant les internautes à… « éviter de salir la réputation de l’aéroport de Beyrouth »." Pourquoi? Il a encore besoin des internautes, pour salir sa réputation? Comme on dit chez nous:" eh mich reb7en jmileton, aux internautes!

    Georges MELKI

    10 h 27, le 04 février 2019

  • LE BORDEL EST INSTALLE DANS L,AEROPORT ET LES PORTS ET L,ETAT PERD DES MILLIARDS QUI FONT GONFLER SA DETTE... FAUT COMMENCER A ASSAINIR LA AVANT MEME L,EDL ET LE SECTEUR PUBLIC EN GENERAL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 24, le 04 février 2019

  • Tant que des partis se promèneront avec armes et bagages sans être inquiétés et en dehors des institutions de l’état, cette situation perdurera...

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 50, le 04 février 2019

  • La plupart des emmployés et fonctionnaires de l'Aéroport de Beyrouth y ont été placés par pistonnage de Amal et du Hezbollah, et autres "grands responsables". Pour garder leur emploi, ils font donc de l'excès de zèle, (nous avons tous eu a faire avec leurs questions insidieuses et inutiles !) et cela entraine ces problèmes de rivalités entre eux. Encore une des conséquences de la corruption généralisée dans notre beau pays soi-disant "nouveau et fort" ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 42, le 04 février 2019

  • Que de travail en perspective pour redresser ce pays...

    NAUFAL SORAYA

    08 h 26, le 04 février 2019

  • "de quel droit les militaires se permettent-ils de tenter de contourner la douane, et devant les passagers de surcroît ?" Bonne question!

    Yves Prevost

    07 h 58, le 04 février 2019

  • Éviter de salir la réputation de l’aeroport ? Mais il ne lit pas les journaux ce monsieur ? Il n’ecoute Pas les tv étrangères ? L’aéroport de Beyrouth, autoroute du trafic de drogues et des armes... Ce n’est pas de moi . Ne parlons pas du port....pour éviter de salir sa réputation... Ne parlons pas du Hezbollah pour éviter de le mêler à tout ça...

    Saleh Issal

    07 h 12, le 04 février 2019

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