Rechercher
Rechercher

Culture - A L’AFFICHE

Qu’est-ce qu’on a encore fait au cinéma français ?

Cinq ans après le succès du film « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? » et ses 12,3 millions d’entrées, le deuxième volet de cette comédie est déjà à l’affiche simultanément en France et au Liban. Mais le film n’a pas fait que des adeptes.


Alléluia ou Hosanna ?

Dans l’univers impitoyable et inépuisable des deuxièmes opus, il arrive exceptionnellement que certains soient meilleurs que le film original. Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? cette suite très attendue déroge malheureusement à cette règle. Le film, toujours réalisé par Philippe de Chauveron et le cast original – porté par Chantal Lauby et Christian Clavier – est de retour dans son intégralité pour une comédie qui se moque des préjugés pour mieux les dénoncer. Si on reprend la même recette en changeant un tantinet l’histoire du film, en rajoutant quelques acteurs, on retrouve cependant les familles Verneuil et Koffi réunies au grand complet. Dans le premier épisode, Marie et Claude Verneuil (Chantal Lauby et Christian Clavier) ont marié leurs quatre filles, Isabelle (Frédérique Bel), Odile (Julia Piaton), Ségolène (Émilie Caen) et Laure (Élodie Fontan). L’occasion pour les parents de rencontrer leurs quatre gendres. La situation familiale des Verneuil a un peu changé depuis le premier film : les quatre filles du couple, Isabelle, Odile, Ségolène et Laure, souhaitent s’envoler pour suivre leurs époux respectifs dans leur pays d’origine, et les parents feront l’impossible pour les retenir.


Quand la vieille garde sauve le film
Frédéric Chau qui incarne Chao, un des quatre gendres avait déclaré : « Je crois que ce deuxième volet fera polémique, au même titre que le premier, mais dans un style différent. Parce que Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? traite de sujets sensibles, comme l’identité, la religion, le vivre-ensemble, les préjugés. » Sauf que l’excitation fait place à la déception lorsque, dans un désir de dénoncer le racisme, la ségrégation, le mal-être des Français (peuple célèbre pour être râleur), le film est un ramassis de clichés employés bêtement, de gags prévisibles, simplistes et racistes, un assemblage de sketches sur toutes les races et religions possibles sans originalité ni créativité qui font oublier qu’un film, c’est avant tout une histoire emmenée par un scénario.

La pauvreté des dialogues et l’absence de liberté dans le jeu des acteurs n’arrange pas les choses. Entre Ary Abittan qui fait son show, Frédéric Chau et Noom Diawara (pseudo-acteurs) et les filles qui ont des rôles mineurs, il n’y a guère que les prestations des seniors qui restent à louer. Ce sont les personnages les plus cocasses du film. Christian Clavier qui, malgré ses kilos en plus, domine un casting souvent léger, lisse et interchangeable, et Chantal Lauby en vieille bourgeoise mais qui n’oublie pas qu’avant d’être catho, elle est surtout mère, maintiennent le standard du film.


Rire jaune
À l’heure où tout dérape, où les partis politiques sont discordants, où certains médias tendent d’assombrir l’image d’une nation où tout ne va pas si mal que ça (quand même), tourné bien avant le déferlement des gilets jaunes, le film pose un discours sociétal, ni de droite ni de gauche, porté sur la cohésion, et tente comme dans une dynamique prémonitoire (pré-gilets jaunes) d’apaiser les esprits et de rassembler un peuple d’éternels dépressifs, toujours en grogne, qui aime se poser en victime et qui fait la grève depuis la nuit des temps. Un peuple surtaxé, en permanente insécurité et qui réclame plus de flexibilité. Le film a le mérite de prôner une nation capable de vivre en harmonie et surtout de jouir d’un pays que tant d’autres lui envient. Clavier, en philosophe averti, brandit la carte d’identité française, pour se saisir de son droit de râler, de ne pas être d’accord, de s’engueuler, et même d’accepter la grève avec un certain plaisir dans sa couleur locale, pour mieux défendre son pays, ses vraies valeurs et ses batailles gagnées avec l’intrusion plutôt bien vue du mariage pour tous, et un bel hommage à l’ancienne garde des Sceaux et ministre de la Justice Christiane Taubira. Un film qui aurait pu se targuer d’être dans l’acuité d’une actualité qui démontre que la diversité française, avant d’être ethnique ou communautaire, est surtout sociale et économique et qui aujourd’hui plonge tout un pays dans un chaos inextricable. Certes le film ne peut laisser indifférent, car il ne se présente pas, de par son approche de thèmes délicats, comme une œuvre fade ayant choisi le rire pour le rire. Il pousse à la réflexion, déjà sur son propre discours. Mais il confond « jouer la comédie » et se moquer délibérément sans axe créatif. À l’heure où cette couleur est d’actualité, on ne peut que rire « jaune ».


Dans la même rubrique 

« Khabsa », la comédie nouvelle est arrivée

Bons baisers de Singapour avec les « Crazy Rich Asians »

« La Ch’tite famille » : histoire d’un rire qui ne vient pas


Dans l’univers impitoyable et inépuisable des deuxièmes opus, il arrive exceptionnellement que certains soient meilleurs que le film original. Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? cette suite très attendue déroge malheureusement à cette règle. Le film, toujours réalisé par Philippe de Chauveron et le cast original – porté par Chantal Lauby et Christian Clavier – est de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut