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Culture - À l’affiche

« La Ch’tite famille » : histoire d’un rire qui ne vient pas

Avec son nouveau film, Dany Boon signe un retour raté, empreint de lourdeur, qui peine à être divertissant.

Line Renaud donne la réplique à Dany Boon.

Dix ans déjà que Bienvenue chez les Ch’tis s’était étalé sur les écrans de cinéma, faisant exploser le box-office. Dany Boon revient cette fois-ci avec La Ch’tite famille qui n’est pas une suite, bien qu’elle partage bon nombre des ressorts qui ont propulsé les Hauts-de-France sur le grand écran.
On quitte cette fois-ci Bergues et le Nord-Pas-de-Calais pour descendre à Paris où Valentin D., arrogant designer à lunettes branchouilles joué par Dany Boon, plastronne devant le gratin mondain à l’occasion de sa rétrospective au Palais de Tokyo. Le beau monde était au rendez-vous (Claire Chazal, Pascal Obispo, Arthur...), l’humour non.
L’intrigue se tisse autour de la rencontre et du choc de deux mondes : Valentin D., Ch’ti repenti, a enterré dans les interviews qu’il donne à Paris Match sa famille nordiste, s’inventant un passé d’orphelin pour percer dans le milieu petit doigt levé du design. Manque de chance, les ploucs débarquent au vernissage, et il y a bien un paparazzi pour les prendre au sérieux. Après quelques scènes d’un mépris de classe aux arguments trop rebattus pour faire mouche, Valentin se retrouve culbuté par une voiture : traumatisme crânien, le voilà propulsé vingt-cinq ans en arrière, à une époque où lui aussi épousait l’accent ch’ti et toutes les tares qui vont visiblement avec. C’est l’arroseur arrosé, qui devient matière à placer une bonne dose de moraline.

Le mieux est l’ennemi du bien
L’ennui (et le film dure près d’une heure cinquante), c’est qu’à trop forcer le trait sur des personnages hystérisés, ils en perdent toute consistance. En dépit de scènes tire-larmes renouvelées à satiété, on peine à s’attacher à des personnages qui ne sont qu’une succession de gags incohérents, dépourvus de caractère. L’absurde aurait pu sauver le film, mais il échoue à introduire un véritable décalage comique, pour s’en tenir aux clichés : Dany Boon n’est pas Bruno Dumont.Le film surnage donc dans un entre-deux laborieux, tiraillé entre la blague potache et la satire sociale, mais ni l’une ni l’autre ne sont finalement assumées. Trop lourd pour être divertissant, trop timoré pour être appréciable ; ça reste sur l’estomac.
L’accent ch’ti, qui concentre toutes les oppositions entre les personnages et les mondes qu’ils sont censés représenter (lesquels, au juste?), reste du début à la fin un objet de dérision sans profondeur, qui peine à traduire le beau sujet de la honte sociale et familiale que s’était pourtant donné le réalisateur. Entre les pécores au grand cœur (la « ch’tite famille ») et les mégalos ridicules gonflés d’orgueil (le gotha parisien), peu de place est laissée à la nuance, encore moins à l’inventivité – à moins qu’il ne faille la chercher dans la reprise finale de Que je t’aime devenue « Que j’te ker » de Johnny. La performance de Laurence Arné, dans le rôle de Constance Brandt, l’épouse de Valentin, rattrape tout de même et contredit l’allégeance aux poncifs, permettant d’introduire un peu de légèreté là où Dany Boon n’est pas parvenu à être émouvant.
À trop vouloir dicter les émotions du public, le film échoue à nous arracher un rire franc. Le comique de répétition nous oblige, mais nous laisse finalement perplexes. Le générique d’ouverture est joli, il n’en fallait pas davantage.

Dix ans déjà que Bienvenue chez les Ch’tis s’était étalé sur les écrans de cinéma, faisant exploser le box-office. Dany Boon revient cette fois-ci avec La Ch’tite famille qui n’est pas une suite, bien qu’elle partage bon nombre des ressorts qui ont propulsé les Hauts-de-France sur le grand écran.On quitte cette fois-ci Bergues et le Nord-Pas-de-Calais pour descendre à Paris...

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