Le journaliste Adam Chamseddine, reporter à la chaîne al-Jadeed, a refusé hier de comparaître devant le parquet militaire à Fayadiyé, pour une accusation de « publication de commentaires portant atteinte au département de la Sécurité de l’État ». Le journaliste a expliqué au site Maharat News qu’il « n’a pas comparu devant le parquet premièrement parce qu’il s’agit de la justice militaire, et deuxièmement parce que la convocation ne s’est pas faite suivant les normes, mais par téléphone et 24 heures avant la date de l’interrogatoire ». M. Chamseddine a précisé qu’un officier l’avait appelé pour lui demander de comparaître hier à Fayadiyé, prétextant que son téléphone était fermé et son adresse inconnue. Il a précisé, par ailleurs, que son avocat tentait en vain de contacter le parquet militaire afin de s’informer des détails de l’affaire.
Le commentaire incriminé avait été posté par le jeune homme sur son compte Facebook. Il y dénonçait la convocation d’un tatoueur qui travaille dans un salon de coiffure par la Sécurité de l’État, pour cause de sa contamination par le virus du sida. L’appareil de sécurité avait révélé l’identité de l’homme en question et avait demandé à tous ceux qui auraient pu entrer en contact avec lui d’effectuer des tests de dépistage. Le journaliste avait dénoncé la discrimination contre l’homme en question, soulignant que le regard envers les personnes atteintes du sida avait énormément évolué de nos jours. La révélation de son identité avait également été jugée révoltante par M. Chamseddine.
Cette nouvelle affaire vient soulever le sujet épineux de l’application de la loi sur les imprimés, et de la convocation de personnes, qu’elles soient journalistes ou pas, pour des commentaires sur les réseaux sociaux. La convocation d’Adam Chamseddine a provoqué un grand mouvement de soutien sur Twitter et Facebook, de nombreux collègues et internautes, ainsi que des organisations concernées par la liberté d’expression comme Skeyes, ont laissé des commentaires de soutien ou retweeté les messages du journaliste. Le hashtag « solidaires avec Adam » a fait son apparition sur les réseaux sociaux.
Les poursuites contre des internautes s’étaient multipliées en 2018 et se poursuivent apparemment au même rythme en 2019.
Pour mémoire
Virus du sida : la Sécurité de l’État sème la panique, le ministère de la Santé tranquillise
commentaires (3)
C,EST LE COMBLE !
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 44, le 25 janvier 2019