« Quand le penseur Michel Chiha a affirmé en substance “qui abolit une communauté au Liban abolit le Liban tout entier”, il a oublié d’ajouter que “qui veut réduire les chrétiens à la communauté maronite affaiblit les chrétiens du Liban”. » Posté en marge des assises maronites de Bkerké, mercredi, ce tweet du député César Maalouf (Forces libanaises, grec-orthodoxe, Zahlé) s’est attiré les foudres de certains internautes, qui y ont flairé une critique à l’égard du siège patriarcal.
Interrogé par L’OLJ, le député s’en est expliqué, assurant que loin d’être une critique, son tweet était « un cri d’alarme d’ordre politique et non confessionnel ».
« En voyant que l’invitation était adressée aux seuls députés maronites, j’avoue que j’ai senti quelque part que j’étais un citoyen de deuxième, voire de troisième ordre, une quantité négligeable », a affirmé le député de Zahlé, qui a rappelé que quand Zahlé était encerclée par les forces syriennes, durant les années de guerre civile, « ce sont tous les chrétiens qui l’ont défendue, et non les seuls maronites ».
« Quand un débat aussi grave que celui de Bkerké s’ouvre, la représentation chrétienne doit être la plus large possible, a ajouté le parlementaire. Avec tout le respect que je lui dois, l’Église doit unifier les chrétiens et non les distinguer les uns des autres. Ce ne sont pas les seuls maronites qui sont menacés. » Et le parlementaire de faire état de l’anxiété ressentie par une opinion publique alarmée « par l’état de dispersion, d’éclatement de leurs leaderships ». Pour lui, « ce ne sont pas 36 députés maronites, mais les 64 députés chrétiens qui sont concernés par cette grave affaire. Notre union fera notre force ».
La députée Sethrida Geagea (Bécharré) a pris fait et cause pour son collègue de Zahlé, et a senti le besoin de faire paraître, à l’appui de ses dires, le communiqué suivant : « À tous les zélateurs et personnes malintentionnées, je dis : ce que le député César Maalouf a voulu exprimer au sujet de la réunion de Bkerké, ce n’est pas une critique, ni une minimisation du rôle chrétien et national joué par Bkerké ; il a voulu dire que l’écho de ces assises aurait été plus fort si tous les députés chrétiens s’y étaient joints. César Maalouf est convaincu en effet que le siège patriarcal maronite s’est fait connaître non seulement comme instance chrétienne, mais comme instance de rassemblement national de tous les Libanais, et ce depuis l’indépendance. Combien plus aujourd’hui, en cette étape vitale que traverse notre chère patrie le Liban. »
La réunion des pôles politiques maronites mercredi au siège du patriarcat à Bkerké a débouché sur un net ralliement autour du président de la République et considéré comme ligne rouge toute modification de la formule libanaise, à travers une constituante qui bouleverserait la règle de la parité islamo-chrétienne à la Chambre et au sein des institutions.
Pour mémoire
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Le scepticisme d’un député orthodoxe de Zahlé, du groupe de Michel Shiha, dès la création du grand Liban avait rédigé une prédiction en écrivant des vers en arabe 1920, publié dans un livre d’histoire ; Ecrit par un collège de professeur dans le cadre de l’université d’AMAN : « La transition du Liban depuis l’empire Ottoman jusqu'à la création du nouveau Liban » Ces vers sont difficilement traduisibles mais ils disent : « Oh! Fils et filles de St Maron voilà votre désir est assouvi. Vous avez cru qu’agrandir le Liban c’est honneur et merci. Vous vous éloignez des endroits de la servitude et du malheur. Mais ce destin à mon avis n’est pas le meilleur. Oh! Bon Dieu, votre capacité est déjà petite. En agrandissant le Liban vous réduisez les maronites. » Et depuis le complexe identitaire n’a fait que grandir
DAMMOUS Hanna
13 h 20, le 19 janvier 2019