Israël poursuivait vendredi la construction d'un mur frontalier avec le Liban, dans une zone litigieuse aux environs de la localité de Adaïssé, ce qui est considéré comme "une violation territoriale" par le Liban qui a chargé sa représentante permanente auprès de l'ONU de déposer une plainte devant le Conseil de sécurité.
Plus tard dans la journée, les travaux de construction du mur ont été suspendus par l'armée israélienne qui a versé du ciment dans des égouts le long de la Ligne bleue, au niveau du lieu-dit de Mahafer, considéré comme occupé par l'Etat hébreu. Ce point de la frontière a par ailleurs été survolé dans la matinée par les avions israéliens qui ont également survolé la région de Marjeyoun.
Jeudi, les forces armées israéliennes avaient repris l'installation de blocs de ciment à la frontière avec le Liban, affirmant vouloir éviter d'éventuelles tentatives d'infiltration du Hezbollah à l'intérieur de son territoire. L'objectif à terme est d'ériger un mur le long des 130 kilomètres de frontière.
En parallèle, l'Etat hébreu mène depuis des semaines une opération pour détruire des tunnels transfrontaliers qui, selon lui, ont été creusés par le Hezbollah. L'armée israélienne affirme jusqu'à présent avoir détruit cinq de ces tunnels dans le cadre de l'opération "Bouclier du Nord". Israël affirme que ces "tunnels d'attaque" sont un moyen pour les combattants du Hezbollah, soutenus par l'Iran, de s'infiltrer sur son territoire en cas de guerre.
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"Nouvelle attaque contre la souveraineté libanaise"
Réagissant à ces développements, le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti, a affirmé que la force onusienne "est en contact avec les différentes parties pour éviter toute mauvaise compréhension et trouver une solution conjointe à cette affaire". "Nos soldats sont présents sur le terrain afin de surveiller la situation et de veiller à ce que la situation le long de la Ligne bleue reste calme", a-t-il ajouté, cité par l'Ani.
Dans un communiqué publié vendredi, le ministère libanais des Affaires étrangères a "condamné la nouvelle attaque israélienne contre la souveraineté du Liban, au moyen de la construction d'un mur et de bâtiments en territoire libanais, sur différents points sur lesquels le Liban a des réserves de la Ligne bleue, près de la +colonie+ appelée Misgav Am". La diplomatie libanaise a estimé qu'il est "nécessaire que le Conseil de sécurité de l'ONU se réunisse et que la communauté internationale agisse face à cette violation flagrante de la résolution onusienne 1701 comme elle l'a fait avec les plaintes présentées précédemment par l'ennemi israélien".
"Le ministre Gebran Bassil a également donné ses instructions à la représentante permanente du Liban auprès de l'ONU, Amal Mudallali, afin qu'elle dépose une plainte devant le Conseil de sécurité concernant les violations terrestres du territoire libanais par Israël", ajoute le ministère des Affaires étrangères, qui souligne que ces violations "menacent la stabilité au Liban-Sud et dans la région".
Jeudi soir, le Conseil supérieur de la Défense, réuni sous l'égide du chef de l’Etat, Michel Aoun, avait décidé de porter plainte contre Israël auprès de l'ONU contre la mise en place du mur frontalier.
Votée en août 2006, la 1701 a permis de mettre fin à la guerre de juillet 2006, la dernière grande confrontation en date entre le Hezbollah et Israël, qui avait fait 1.200 morts côté libanais, et 160 côté israélien, sans neutraliser le parti chiite. La 1701 stipule que le Liban doit étendre son autorité à l’ensemble de son territoire, conformément aux dispositions des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) et de l’accord de Taëf. Le texte réaffirme le respect de la Ligne bleue et indique qu’aucune force armée, à part l’armée libanaise et la Finul, ne doit se trouver au sud de la rivière Litani.
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Aussi longtemps que l'Iran chiite et le Royaume d'Arabie Séoudite wahabite-sunnite voudront chacun dominer le Proche-Moyen Orient, les guerres ne cesseront jamais. Mais ils sont assez malins pour ne pas se les faire directement eux-mêmes. Ils ont assez de vassaux dans la plupart des pays de la région: la Syrie et son allié le Hezbollah sous couverture de "résistance" à Israël pour l'Iran Israël et certains pays des Emirats du Golfe pour l'Arabie Séoudite Connaissant l'absence totale de sens patriotique chez la plupart des Libanais et leur cupidité sans limites, ces deux rivaux en profitent pour utiliser le Liban comme terrain d'affrontement, avec toutes les morts et destructions que cela entraine. Et cela dure maintenant depuis des années... Irène Saïd
21 h 42, le 12 janvier 2019