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Lifestyle - Un peu plus

Pas de résolution mais « carpe diem »

Photo Bigstock

Généralement, début janvier, on s’attelle à faire une liste de bonnes résolutions. J’arrête de fumer, je commence le sport, un régime. Je me consacre à une œuvre caritative, je dis du bien des autres, je mets de l’argent de côté, je vais voir mes parents plus souvent, je fais un check-up, je mange plus sain, bla-bla-bla.

Sérieusement, combien de résolutions avons-nous tenues plus qu’une semaine ? D’autant que janvier est le mois le plus déprimant de l’année puisque la fatigue s’est installée après deux mois de bringue, et que les salaires du début de l’année, tombés avant les fêtes, ont été dilapidés. On commence l’année fauché et naze. Bonjour l’ambiance. Le problème de toutes ces bonnes résolutions que nous avons prises avec les meilleures intentions du monde, c’est qu’elles sont tributaires du monde dans lequel on vit, du pays dans lequel on vit, dans la société dans laquelle on vit. Comment décider par exemple qu’il est temps de troquer sa vieille Honda de 1996 contre une Mini flambant neuve quand on est assis sur un siège éjectable au boulot. Baisse de salaire, réduction des effectifs, fermeture de la boîte, c’est notre lot quotidien au Liban. Crise oblige. Corruption oblige. On ne va pas non plus se mettre à manger bio ni vendre un rein en investissant dans une plantation de kale organic quand on ne sait pas si la livre libanaise va dévaluer ou pas.

Difficile de prévoir donc et d’entreprendre quand on ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Pas le moment de convoler en grandes pompes, quand on risque de ne pas pouvoir se louer un appart ; ni de faire un 3e enfant quand les scolarités flambent. Pas le moment non plus d’arrêter de fumer quand le stress nous attend à chaque coin de rue. Impossible dans ces conditions de prendre une décision majeure. Même mineure d’ailleurs. Récession aux États-Unis, euro prévu pour bientôt à 1,40, corruption à son paroxysme chez notre classe politique, toujours pas de gouvernement, départ des cerveaux vers d’autres horizons. L’année s’annonce bonne.

Donc de résolutions, on n’en prendra pas. Cette année, on improvise. Et l’improvisation, ça a du bon. On va faire comme les millenials. Ne rien acheter de matériel. S’acheter des émotions. Cette année, on se paye des souvenirs. Et advienne que pourra. Allah bi dabbir. Parce que sincèrement, qui a un plan pour 2019 ? Même Carlos Ghosn n’a rien vu venir. Donc on se fait un petit carpe diem sympathique et on en profite. Pas besoin de débourser pour se faire plaisir. Il suffit de sortir de sa comfort zone, de voir ses potes, de visiter d’autres pays en covoiturage ou en stop. Et quand on s’emmerde au boulot, de mater Netflix sur son ordi plutôt que de se taper les jérémiades de son collègue.

Évidemment que c’est facile à dire, et plus ardu à faire. Évidemment qu’on a tous peur de finir en banqueroute comme la Grèce avec en plus un taux de pollution avoisinant celui de Mexico City. Évidemment qu’on aimerait que les choses soient un peu plus roses, que notre compte en banque soit plus fourni, que nos proches soient en bonne santé et que tout aille bien dans le meilleur des mondes. Mais nous ne sommes pas Miss Liban. Nous sommes des Libanais inertes à la merci de nos gouvernants. Vu qu’on ne bouge pas trop pour améliorer les choses, préférant continuer à vivre dans Lalaland, eh bien continuons à vivre dans Lalaland.

Réjouissons-nous d’être une des 10 meilleures destinations pour passer un extraordinaire réveillon. Réjouissons-nous de la mer, la montagne, les forêts (ou ce qu’il en reste), des rivières (quand elles ne sont pas colorées de violet). Réjouissons-nous de notre convivialité et de notre hommos, de notre nightlife, de notre solidarité, de nos cèdres, etc. Et vivons au jour le jour. Aimons au jour le jour. Continuons à manger du Nutella puisqu’on a besoin de douceur, à boire puisqu’on a besoin d’ivresse, à traîner au lit puisqu’on a besoin de décompresser. Les résolutions, on aura tout le temps d’en prendre quand ça ira (encore plus) mal.

Généralement, début janvier, on s’attelle à faire une liste de bonnes résolutions. J’arrête de fumer, je commence le sport, un régime. Je me consacre à une œuvre caritative, je dis du bien des autres, je mets de l’argent de côté, je vais voir mes parents plus souvent, je fais un check-up, je mange plus sain, bla-bla-bla.Sérieusement, combien de résolutions avons-nous tenues...
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BELLISSIMO MAIS SI TRISTE CAR C'EST LA REALITE

LA VERITE

13 h 51, le 05 janvier 2019

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  • BELLISSIMO MAIS SI TRISTE CAR C'EST LA REALITE

    LA VERITE

    13 h 51, le 05 janvier 2019

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