Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a fustigé dans son traditionnel message de Noël les responsables politiques, les accusant du nouveau retard dans la formation du gouvernement, estimant qu'il s'agissait d'un "crime" à l'égard des Libanais.
"Les parties concernées par la formation du gouvernement atermoient depuis sept mois et rivalisent de créativité pour créer des nœuds de blocage chaque fois qu'une solution est en vue. Eux ne craignent pas les pertes financières énormes subies par l'Etat et le peuple libanais. N'est-ce pas un crime?", s'est demandé Mgr Raï dans son traditionnel message de Noël, lu au siège patriarcal de Bkerké. "C’est ce qui a provoqué la colère de la population qui est descendue dans la rue pour manifester", a-t-il ajouté, en référence aux manifestations qui ont eu lieu dimanche à Beyrouth et d'autres régions du pays.
La formation du gouvernement qui semblait imminente a pris un sérieux coup avec l'apparition de nouvelles complications ces derniers jours. Samedi, les six députés sunnites pro-8 Mars, alliés au Hezbollah, ont annoncé qu'ils retiraient le nom de Jawad Adra de leur liste de ministrables à présenter au président de la République, Michel Aoun. Selon certaines informations, cette décision est motivée par la volonté du chef du CPL, Gebran Bassil, d'attirer M. Adra dans son giron et de former avec les ministres nommés par son parti et le chef de l’État un groupe de 11 ministres pour constituer un tiers de blocage au sein du gouvernement. D'autres discussions décisives ont également eu lieu durant toute la journée de samedi, notamment concernant la répartition de certains portefeuilles ministériels - dont ceux de l'Information, l'Industrie, l'Agriculture et l'Environnement - entre les formations politiques.
"En raison de la corruption endémique dans les ministères et les administrations publiques, de la paralysie de l'activité économique, de l'augmentation du déficit et de la dette, les caisses de l'Etat sont à un niveau dangereux", a averti le patriarche.
(Lire aussi : Gouvernement : Bassil en élément-surprise de blocage)
"Pratiques politiques négatives"
Ces dernières semaines, plusieurs responsables ont mis en garde contre les conséquences du retard pris par la formation du gouvernement sur le plan financier, alors que la communauté internationale s'est engagée à hauteur de 11 milliards de dollars auprès du Liban lors de lé conférence CEDRE en contrepartie de réformes structurelles.
"Les pratiques politiques négatives ont engendré une profonde crise économique et sociale pour les ménages", a déclaré le prélat, ajoutant que le "fardeau des réfugiés fait porter un poids au Liban et à son peuple". "Il n'y a aucune volonté de s'accorder sur un plan réaliste en vue de leur retour dans leur pays", a-t-il déclaré sur ce plan.
Lundi, la Sûreté générale a coordonné une opération de retour volontaire d'un millier de déplacés syriens sur l'ensemble du territoire.Le Liban accueille quelque 1,3 million de réfugiés syriens ayant fui le conflit qui ravage leur pays depuis 2011, selon le directeur général de la SG, le général Abbas Ibrahim. Selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (UNHCR), un peu plus de 970 000 sont enregistrés sur les registres onusiens.
Fin septembre, le général Ibrahim avait affirmé à l’agence Reuters que 50 000 Syriens avaient pu regagner leur pays depuis le début de l’année, estimant qu’à ce rythme, le nombre de rapatriements pourrait atteindre 200 000 d’ici un an.
Après le message de Noël du patriarche Raï, le leader druze Walid Joumblatt a publié un tweet, accompagné d'un montage photo où il apparaît déguisé en prélat et de la phrase "Pardonnez-leur, mes fils". Le leader druze n'a toutefois pas tardé à retirer cette photo de son compte.
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LES IRRESPONSABLES FAUT DIRE CHER PATRIARCHE !
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 35, le 26 décembre 2018