L'armée israélienne a commencé jeudi soir à détruire les tunnels que le Hezbollah a percés selon elle à des fins militaires sous la frontière libanaise, a annoncé un porte-parole. Depuis le lancement d'une vaste opération le 4 décembre, l'armée a dit avoir localisé quatre tunnels souterrains infiltrant Israël sous la frontière libanaise. Le Hezbollah n'a pas réagi aux déclarations israéliennes sur la découverte de ces tunnels.
Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee a ainsi annoncé jeudi soir sur son compte Twitter que l'opération de desctruction des tunnels a commencé. La chaîne libanaise LBC a de son côté rapporté que l'armée libanaise a pris des mesures préventives à la frontière.
"Les explosions dans la zone ouest de la frontière sont dues aux activités de l'armée pour détruire et neutraliser les tunnels d'attaque du Hezbollah", a affirme l'armée israélienne dans un communiqué.
La première phase de l'opération a consisté à repérer les tunnels et "ce soir nous allons commencer à neutraliser et détruire les tunnels", avait un peu plus tôt indiqué le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.
Le porte-parole a adressé une sévère mise en garde au parti chiite, l'un de ses grands ennemis, en position de force juste de l'autre côté de la frontière. "Nous avons à disposition des unités d'infanterie, des unités blindées, l'aviation en stand-by, des unités navales, toutes synchronisées, disposant d'ordres clairs et préparées à un large éventail de scénarios", selon lui. Ce déploiement sert de "préparation et de message au Hezbollah pour signifier que nous ne tolérerons aucun mouvement d'approche ou tentative d'ingérence dans nos efforts visant à détruire ces tunnels offensifs transfrontaliers", a-t-il dit.
Les tunnels devaient servir au Hezbollah à enlever ou assassiner des soldats ou des civils israéliens, et à s'emparer d'une frange du territoire israélien en cas d'hostilités, selon Israël. Si l'armée israélienne dit en avoir localisé quatre jusqu'alors tout le long des quelque 80 km de frontière, elle est convaincue qu'il y en a d'autres et a assuré qu'elle continuerait à opérer aussi longtemps que nécessaire pour les neutraliser.
Cependant les tunnels ne représentaient pas encore de menaces pour les populations civiles quand ils ont été détectés, et l'armée israélienne a dit n’œuvrer à leur destruction que de son côté de la frontière.
Le lieutenant-colonel Conricus a répété que l'opération "Bouclier du Nord" avait une finalité "purement défensive". Il a précisé que la destruction prendrait au moins plusieurs heures et que les quatre tunnels ne seraient pas tous démolis dans la soirée. L'armée emploiera différentes techniques, qu'il n'a pas précisées, en fonction des tunnels eux-mêmes.
L'armée israélienne a avisé les autorités civiles israéliennes, mais aussi la Force intérimaire de l'ONU (Finul) déployée dans le sud du Liban, frontalier d'Israël, afin qu'elle transmette le message à l'armée libanaise pour qu'elle-même prenne les mesures nécessaires pour la sécurité de la population de l'autre côté de la frontière, a-t-il ajouté. "Nous mettons en garde quiconque de ne pas s'approcher de l'ouverture des tunnels et de ne se tenir à proximité d'aucun d'entre eux du côté libanais", a encore dit le porte-parole.
(Lire aussi : Israël fait campagne à l'ONU et dans les médias contre les tunnels du Hezbollah)
"Aucune violation"
Israël a donné accès mercredi à la presse à ces tunnels et a intensifié sa campagne pour que l'ONU sévisse contre les agissements du Hezbollah, soutenu par l'Iran, autre grand ennemi de l'Etat hébreu. Mercerdi, le Conseil de sécurité de l’ONU avait tenu une réunion à la demande des Etats-Unis et d’Israël, consacrée à l’affaire des tunnels transfrontaliers. Durant cette réunion publique, des prises de position avaient été exprimées par les ambassadeurs de plusieurs pays, dont le Liban et Israël, sans qu’aucune décision en résulte.
Le délégué israélien Danny Danon s'en était pris à l'armée libanaise et à la Finul. "Sous les yeux de la Finul, le Hezbollah a creusé des tunnels et utilisé ses propres gens en tant que boucliers humains, avait-il accusé. "Quand la Finul a informé l’armée libanaise au sujet des tunnels, l’armée a envoyé l’information au Hezbollah immédiatement et le Hezbollah a fermé les tunnels pour détruire l’évidence", avait ajouté M. Danon. L’ambassadeur israélien avait ensuite présenté une carte de la frontière libano-israélienne, affirmant que certains des tunnels "sont seulement à quelques mètres des postes d’observation de la Finul.
Le secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, avait de son côté indiqué que les tunnels, bien qu'ils violent la résolution 1701, ne semblent pas avoir des points de sortie du côté israélien.
La représentante permanente du Liban auprès de l’ONU, Amal Mudallali, a pour sa part assuré que l'Etat libanais n’avait commis "aucune violation" de la résolution 1701 et qu’il n’avait "aucune intention agressive". "Le Liban a pris cette question très au sérieux et a déclaré haut et fort qu’il ne souhaitait pas un nouveau conflit", avait-elle poursuivi.
La dernière grande confrontation en date entre le Hezbollah et l'Etat hébreu remonte à 2006. Les 33 jours de guerre avaient fait 1.200 morts côté libanais, et 160 côté israélien, sans neutraliser le parti chiite. Israël et le Liban restent techniquement en état de guerre. L'Etat hébreu répète être prêt à toutes les éventualités.
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commentaires (10)
Certaines personnes connaissant justement très bien l'histoire des deux côtés de la ligne bleue, s'efforcent de regarder tout cela de façon impartiale et neutre. Surtout au vu des résultats désastreux, du côté libanais, de ce conflit entre Israël et nous le Liban qui dure depuis des années et qui est devenu un cercle vicieux infernal, entretenu des deux côtés par ceux qui en tirent profit personnellement. Quant aux habitants de cette région, les "responsables" les utilisent avant tout comme support pour leurs ambitions...qui n'ont pas grand chose à faire avec le Sud-Liban, mais sont commanditées par Téhéran et ses projets régionaux. Il suffit de se promener dans cette région du Sud-Liban pour en constater son développement à tous points de vue... Elle est pourtant sous le contrôle du "parti de DIEU"...mais quel DIEU...celui des guerres sans fin et inutiles ? Irène Saïd
Irene Said
15 h 04, le 21 décembre 2018