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Lifestyle - La mode

Avec « Eudemonia », Lara Khoury célèbre le bonheur d’être soi

Après « Iolanda », une collection dédiée à Dalida, et « Golden », une ligne inspirée de l’âge d’or de Beyrouth, la créatrice Lara Khoury lançait, fin novembre, dans le cadre d’un événement artistique sur le chantier de la tour Quasar conçue par Bernard Khoury, la présentation d’« Eudemonia », une nouvelle ligne qui appelle à l’épanouissement et à l’acceptation de soi.

Lara Khoury printemps 2019, collection « Eudemonia ». Photo DR

Née dans le Beyrouth chaotique des années 1980, Lara Khoury s’envole à 18 ans pour Paris où elle fait ses études à Esmod. Dessiner le monde et habiller les vivants est dès lors une occupation qui l’enchante. En 2006, armée de son diplôme, elle décide de rentrer à Beyrouth où la scène de la mode est une des plus vibrantes au monde. Elle y effectue une année de stage et de formation sous l’aile d’Élie Saab, dans les ateliers duquel elle renforce ses aptitudes en haute couture et prêt-à-porter. L’année suivante, elle est prête à lancer sa propre marque de prêt-à-porter soutenue par une vision libératrice du corps et de l’attitude.

L’abstraction pour défi

Les collections Lara Khoury sont toujours soutenues par une histoire, le constat d’une réalité ou d’une dystopie. Ainsi « Gluttony » exprime, à travers le vêtement, l’avidité naturelle de l’humain que rien ne rassasie, à une époque qui l’expose à toutes sortes de convoitises. La collection se traduit par une abondance de tulle et de coupes démesurées. Dès ses premières collections, la jeune créatrice s’impose le défi d’interpréter des concepts abstraits à travers le vêtement. Comment exprimer les multiples connexions qui relient les humains, notamment à l’ère digitale? Comment illustrer l’« insectification » de Gregor Samsa telle que décrite dans La métamorphose de Kafka ? Comment habiller le Phénix renaissant de ses cendres, ce mythe auquel sans cesse on associe le Liban ? Comment illustrer le mouvement ? La fluidité des genres et les échanges permanents entre vestiaires masculins et féminins ? Et si la femme était Beyrouth, ou Beyrouth une femme ? Et s’il fallait exprimer entre couleurs, textures et coupes The Fountainhead, ce best-seller d’Ayn Rand qui illustre le combat entre la vision de l’artiste et le conformisme collectif ? Qu’est-ce qui est normal, et à quoi ressemble la nouvelle normalité ? Et s’il fallait réinventer le vestiaire de Dalida et ses costumes de scène ? Autant d’interrogations qui, toutes, donnent lieu à des collections qui font sens et exaltent ceux et celles qui les portent (car Lara Khoury se hasarde aussi dans le dressing des hommes) en leur offrant non seulement confort et liberté, mais une adéquation entre leur apparence et leur manière d’être au monde.

À la recherche du vrai bonheur

La nouvelle collection « Eudemonia » (printemps 2019) s’inscrit elle aussi dans cette lignée de projets chargés de sens. Sous un intitulé qui renvoie à l’eudémonisme, doctrine morale qui pose comme principe que le bonheur est le but de toute action, la créatrice se pose un challenge inédit. Sur le chantier de la tour Quasar, impressionnant monument noir conçu par l’architecte Bernard Khoury au cœur de Beyrouth, la collection était exposée sur des mannequins de vitrines, la tête en fleur, entre lesquels circulaient et dansaient les invités. Cet événement inclusif était marqué par une approche artistique et sensorielle, mettant à contribution de nombreux artistes. « Cette collection a été développée comme une réponse naturelle au mode de vie incongru illustré par ces « influenceuses » qui se servent des médias sociaux pour exhiber l’illusion d’une vie en rose. Nombreux sont ceux et celles qui font miroiter dans le règne digital des vies en apparence extraordinaires montées sur des impostures. Grâce à des filtres de plus en plus performants, à des retouches minutieuses et à une sélection de photos idéales, nous sommes tous enrôlés dans ce spectre de la tromperie. L’ironie de ces actions se traduit de manière pernicieuse par l’érosion de notre perception de soi, de notre intégrité et de notre bonheur. Par conséquent, « Eudemonia » est un appel à rester conscient, à se découvrir et à rechercher la vraie vertu », explique la créatrice.

Célébration de l’individualité, de la liberté d’expression et de la vie pleinement vécue, la nouvelle collection de Lara Khoury est tout simplement une explosion de joie traduite en tissus légers et coupes généreuses, interprétée dans une palette neutre comme peut l’être le quotidien, traversée par des éclairs rouge vif comme peuvent l’être les grands moments de joie.



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