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À La Une - France

Crise des gilets jaunes: "Chaos" à Paris, théâtre d'un déferlement de violence

"Ils veulent le chaos", dénonce le président Emmanuel Macron. 

Manifestation des Gilets jaunes sur la Place de l'Etoile à Paris le 1er décembre 2018. REUTERS/Stephane Mahe

Barricades, voitures incendiées, vitrines brisées... Paris s'est retrouvé samedi en proie au chaos, théâtre d'un déchaînement rare de violences de casseurs, en marge de rassemblements de "gilets jaunes", ces Français modestes protestant contre la politique fiscale et sociale du gouvernement, qui ne parvient pas à les calmer.

"Ils veulent le chaos", a dénoncé le président Emmanuel Macron, de Buenos Aires où il participait au sommet du G20, commentant cette troisième journée d'action d'un mouvement qui semble se radicaliser et qui met à rude épreuve l'appareil sécuritaire français.

Chaos est bien le mot pour décrire les scènes de violences qui ont éclaté tout au long de la journée dans le cossu ouest parisien. "On est dans un état insurrectionnel", a résumé Jeanne d'Hauteserre, la maire de droite du 8e arrondissement.

L'emblématique Arc de Triomphe en haut de l'avenue des Champs-Elysées (complètement verrouillée par la police) a été le théâtre des premiers affrontements samedi matin. Ce monument, symbole national qui abrite la tombe du soldat inconnu de la Première guerre mondiale a été pris d'assaut, couvert de graffitis par des "gilets" jaunes et des casseurs.

Puis la violence s'est répandue dans l'ouest parisien, où de nombreux incendies de voitures, de mobilier urbain ont éclaté. Des Parisiens et des touristes médusés regardaient les barricades se dresser dans un air saturé de gaz lacrymogène, de fumée, dans le vrombissement des hélicoptères de la police et le fracas des sirènes.

Les manifestants violents "s'éclatent (en plusieurs points de la capitale) de manière à rendre plus difficile" le travail des forces de l'ordre, a expliqué sur la chaîne de télévision BFM TV le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, Laurent Nunez.





(Lire aussi : France : échec d'une concertation avec les "gilets jaunes", qui essaiment à Bruxelles)


Paris "pas totalement sécurisé"

Des casseurs s'en sont largement pris aux magasins pour les piller. D'autres, arborant ou non des gilets jaunes, s'en sont directement pris aux policiers et aux gendarmes, tout au long de la journée. Un fusil d'assaut a même été dérobé dans un véhicule de police non loin de l'Arc de Triomphe, a déclaré une source proche du dossier, sans préciser si l'arme était ou non chargée.

Vers 19h00 GMT, Paris était "plus apaisé, pas totalement sécurisé", a commenté sur TF1 le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, évoquant "quelques groupes de dizaines de personnes qui continuent de errer dans Paris".

Le bilan est de "près de 100 blessés dont un dans une urgence absolue", a-t-il précisé, blessé lorsque qu'une grille de célèbre jardin des Tuileries, tout près de Louvre, a été arrachée et est tombée sur des gilets jaunes. Vers 19H20, les forces de l'ordre avaient procédé à 263 interpellations à Paris.

Arc de Triomphe, jardin des Tuileries, rue de Rivoli, quartier de l'Opéra, des grands magasins... Ce sont autant d'emblèmes du rayonnement international de Paris qui ont servi d'arrière-plan à ces scènes d'une violence extrêmement rare. L'Arc de Triomphe restera fermé dimanche pour réparer les dégâts.

Parmi les manifestants pacifiques, certains dénonçaient ces violences. "Je suis solidaire avec les +gilets jaunes+, mais j'ai envie de pleurer face à toute cette violence, ce gâchis", résumait Fanny, une infirmière de 47 ans, devant un conteneur à verre incendié boulevard Haussmann. "Ça sent la Révolution".

"Ca fait quinze jours qu'on essaye de se faire entendre et y a rien qui bouge. Il va falloir à un moment que Macron nous entende, sinon ça va être de pire en pire", a déclaré Gaetan Kerr, un agriculteur de 52 ans arrivé de l'Yonne (centre), non loin des Champs-Elysées, la célèbre avenue sécurisée par un quadrillage policier très serré.

Plusieurs leaders politiques, dont celui de l'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, ont accusé le gouvernement de laisser la violence s'installer pour discréditer une colère populaire à laquelle ils n'ont pas de réponse.

Le Premier ministre s'est dit "choqué" par les violences, et a annulé son déplacement au sommet sur le climat COP 24 en Pologne. Une réunion de crise a été convoquée par Emmanuel Macron dès son retour d'Argentine.

Interrogé sur l'opportunité d'instaurer l'état d'urgence mis en place après les attentats terroristes de Paris en 2015, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a dit samedi soir ne pas avoir de "tabou".


(Lire aussi : Les « gilets jaunes », ou « la France des fins de mois difficiles »)


Préfecture incendiée

Les autorités ont recensé environ 75.000 manifestants en France vers 16H00 GMT, moins qu'au cours des deux précédentes journées de mobilisation. Ailleurs en France, plusieurs rassemblements de "gilets jaunes" se sont déroulés, pour beaucoup calmement, mais certains heurts les ont aussi émaillés.

La préfecture, incarnation de l'autorité gouvernementale, du département de la Haute-Loire, dans le centre du pays, a été incendiée lors d'un rassemblement de gilets jaunes.

Des face-à-face tendus ont opposé samedi après-midi des "gilets jaunes" aux forces de l'ordre dans le sud-ouest, à Bordeaux, Toulouse, Tarbes ou Auch, alors que dans d'autres villes d'Occitanie, de nombreux barrages filtrants ou bloquant totalement la circulation ont été organisés.

Des dégradations "importantes" ont été commises samedi à Charleville-Mézières (Ardennes, nord) en marge d'une manifestation des "gilets jaunes". Des heurts ont éclaté à Strasbourg ou Marseille, mais ces violences sont sans commune mesure avec celles de le capitale.

Désarçonné par ce mouvement né sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre politique ou syndical, qui demande de la "considération" à des élites jugées déconnectées, le pouvoir peine à apporter une réponse.

Ce mouvement de colère se met désormais à déborder hors des frontières de la France : deux véhicules de police ont été incendiés vendredi soir à Bruxelles, à la fin d'une manifestation d'environ 300 "gilets jaunes", la première du genre organisée dans la capitale belge.

Aux Pays-Bas également, environ 120 "gilets jaunes" ont paisiblement manifesté devant le Parlement à La Haye


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Barricades, voitures incendiées, vitrines brisées... Paris s'est retrouvé samedi en proie au chaos, théâtre d'un déchaînement rare de violences de casseurs, en marge de rassemblements de "gilets jaunes", ces Français modestes protestant contre la politique fiscale et sociale du gouvernement, qui ne parvient pas à les calmer."Ils veulent le chaos", a dénoncé le président Emmanuel...

commentaires (3)

tout le monde savait que cela être chaud aujourd'hui. pas à ce point, mais c'était prévu

Talaat Dominique

23 h 01, le 01 décembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • tout le monde savait que cela être chaud aujourd'hui. pas à ce point, mais c'était prévu

    Talaat Dominique

    23 h 01, le 01 décembre 2018

  • Le chaos sur les Champs.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 06, le 01 décembre 2018

  • Désolant de voir cette France tomber aussi bas , à cause de politiques successives désastreuses pour son avenir. L'hypocrisie de l'état providence comme étant un critère de civilisation occidentale à fait long feu.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 19, le 01 décembre 2018

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