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À La Une - contestation

France : échec d'une concertation avec les "gilets jaunes", qui essaiment à Bruxelles

Illustration des difficultés pour l'exécutif français à appréhender et à convaincre : la ministre des Outre-mer Annick Girardin a été exfiltrée par son service d'ordre lors d'une rencontre avec des manifestants à l'île de la Réunion, où la mobilisation est forte.

Des manifestants du mouvement des gilets jaunes lors d'un mouvement de protestation contre l'augmentation du prix du pétrole et du coût de la vie, au Mans, dans l'ouest de la France, le 29 novembre 2018. AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER

Le gouvernement français ne parvient pas à organiser une concertation avec le mouvement populaire et multiforme des "gilets jaunes", à la veille de leur troisième week-end de mobilisation pour le pouvoir d'achat, un phénomène qui a fait pour la première fois tâche d'huile dans une autre capitale européenne : Bruxelles.

Le rendez-vous d'une délégation de "gilets jaunes" avec le Premier ministre français Édouard Philippe a tourné court vendredi après-midi, avec la présence de seulement deux d'entre eux, dont l'un est ressorti presque aussitôt, alors que de nombreux politiciens appellent le gouvernement à faire un geste en direction des "gilets jaunes".

"Je souhaitais et j'ai demandé à plusieurs reprises à ce que cet entretien soit filmé et retransmis en direct à la télévision, cela a été refusé", a déclaré à la presse Jason Herbert, l'un des huit représentants, pour justifier son départ de la réunion.

Le jeune homme était arrivé à Matignon, le siège du Premier ministre, vers 14h30, une demi-heure après l'horaire prévu. Depuis l'annonce du rendez-vous jeudi matin, le cabinet d'Édouard Philippe n'a jamais été en mesure de dire qui et combien de personnes seraient reçues.

"Cet échange a eu lieu, avec moins de représentants que j'espérais, mais il a eu lieu et je pense que c'était important qu'il ait lieu", a déclaré le Premier ministre après une discussion qu'il dit avoir jugée "utile" et "intéressante". "Il aurait été incompréhensible", a-t-il ajouté, qu'il n'y ait "pas ce moment d'échanges avec les représentants des gilets jaunes" après avoir reçu "tous les représentants des associations, des syndicats, des élus locaux, des corps intermédiaires" dans le cadre de trois mois de concertation voulus par le président Emmanuel Macron. Il a assuré que "la porte de Matignon sera toujours ouverte".


(Lire aussi : Les "gilets jaunes", un mouvement de colère qui dure en France)


Violences à Bruxelles
Le mouvement des "gilets jaunes", né de manière spontanée contre la taxation des carburants, évolue hors des structures de concertations traditionnelles, sans cadres. Par ailleurs, ses revendications ont évolué, tout en restant majoritairement axées sur le pouvoir d'achat des ménages les plus modestes.

Illustration des difficultés pour l'exécutif français à appréhender et à convaincre : la ministre des Outre-mer Annick Girardin a été exfiltrée par son service d'ordre lors d'une rencontre vendredi avec des manifestants "gilets jaune" de l'île de la Réunion, dans l'Océan indien, où la mobilisation est forte. Ces vaines tentatives gouvernementales surviennent à la veille d'un troisième week-end de mobilisation des "gilets jaunes" un peu partout en France. Samedi dernier, les images de heurts entre manifestants portant des gilets jaunes et les forces de l'ordre sur la célèbre avenue parisienne des Champs-Elysées, avaient fait le tour du monde.

Samedi, le périmètre de la fameuse avenue sera sous haute surveillance. La police laissera passer les piétons après les avoir fouillés et les voitures interdites. D'importants moyens policiers seront déployés dans la capitale, alors que certains commerçants insistent sur l'importance de leur chiffre d'affaires en cette période, à quelques semaines des fêtes de fin d'année.

Pour la première fois vendredi, des manifestants en gilets jaunes ont défilé à Bruxelles, où il y a eu, là aussi, des affrontements. C'est la première fois que le phénomène se produit hors de la région francophone de Wallonie.

Deux véhicules de police ont été incendiés lors d'incidents à la fin d'un défilé d'environ 300 "gilets jaunes", pendant laquelle la police a fait usage de canons à eau pour disperser des manifestants qui lançaient des projectiles. Une soixantaine de personnes ont été interpellées parce qu'elles transportaient des objets interdits, comme des cutters, des fumigènes ou des bombes lacrymogènes.

"Le peuple c'est nous, Charles Michel, t'es fini", scandaient certains manifestants à l'adresse du Premier ministre libéral en Belgique. Comme en France, l'appel à manifester a été lancé via les réseaux sociaux, sans meneur revendiqué. Charles Michel a dénoncé sur Twitter des "violences inadmissibles à #Bruxelles. Les casseurs et les pilleurs devront être sanctionnés".

En Wallonie, les "gilets jaunes" ont plusieurs fois été débordés par des casseurs la semaine dernière et la police a procédé à des arrestations par dizaines.


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Le gouvernement français ne parvient pas à organiser une concertation avec le mouvement populaire et multiforme des "gilets jaunes", à la veille de leur troisième week-end de mobilisation pour le pouvoir d'achat, un phénomène qui a fait pour la première fois tâche d'huile dans une autre capitale européenne : Bruxelles. Le rendez-vous d'une délégation de "gilets jaunes" avec le Premier...

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