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À La Une - justice

Garde à vue prolongée pour Carlos Ghosn au Japon

Emmanuel Macron souhaite que l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors soit "préservée", lors d'un entretien avec Shinzo Abe.

Loin de son style de vie fastueux, Carlos Ghosn, le Franco-Libano-Brésilien âgé de 64 ans, séjourne à présent dans une cellule d'un établissement pénitentiaire du nord de Tokyo. Ses avocats ne peuvent assister aux auditions et les visites sont très limitées. REUTERS/Regis Duvignau

Carlos Ghosn reste en prison : le tribunal de Tokyo a approuvé vendredi la prolongation de la garde à vue du tout-puissant patron arrêté le 19 novembre à Tokyo dans le cadre d'une affaire de dissimulation de revenus au retentissement mondial. "Un délai supplémentaire de dix jours a été décidé" à la requête du parquet, a indiqué un porte-parole du tribunal dans une brève déclaration transmise aux médias - une procédure d'extension courante dans le système judiciaire japonais.

Nouveau rendez-vous le 10 décembre : d'ici à cette date, les procureurs doivent décider de libérer sans charges le dirigeant de 64 ans ou de l'inculper. S'il est effectivement mis en examen, il pourrait être placé en détention provisoire ou bien relâché sous caution.

A ce stade, celui qui est toujours patron de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors est soupçonné d'avoir minimisé ses revenus chez Nissan d'un milliard de yens par an (7,7 millions d'euros) sur la période d'avril 2010 à mars 2015, dans des documents publics remis par la société aux autorités financières japonaises. Or selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP, l'enquête montre que cette situation a débuté dès 2009 et perdurait encore l'an dernier. Les investigations pourraient donc théoriquement être étendues à d'autres années, ou à d'autres motifs, Nissan reprochant à son ancien sauveur d'avoir commis des abus de biens sociaux, tels que l'usage de résidences de luxe aux frais de la compagnie. Dans ce cas, M. Ghosn, qui nie toute malversation, pourrait être de nouveau interpellé et le processus se répéter.

Face à certaines critiques à l'étranger, en particulier en France, sur la longueur et les conditions de détention, le parquet s'est défendu. "Chaque pays a sa propre histoire, sa propre tradition, ses propres systèmes judiciaires. Je ne critique pas les règles des autres pays juste parce qu'elles sont différentes, et je trouve cela malvenu de le faire", a déclaré Shin Kukimoto, procureur adjoint de Tokyo, à l'occasion d'une conférence de presse jeudi. "Nous ne gardons pas les suspects en garde en vue prolongée si ce n'est pas nécessaire", a-t-il martelé.

Loin de son style de vie fastueux, le Franco-Libano-Brésilien séjourne à présent dans une cellule d'un établissement pénitentiaire du nord de Tokyo. Ses avocats ne peuvent assister aux auditions et les visites sont très limitées.


(Lire aussi : Ghosn a minoré une partie de ses revenus en connaissance de cause, selon une source proche du dossier)


Trois hommes pour une alliance
Sur le terrain automobile, les conseils d'administration de Nissan et Mitsubishi Motors n'ont pas attendu les conclusions de l'enquête pour démettre Carlos Ghosn de la présidence, tandis qu'il reste PDG de Renault et de la coentreprise Renault-Nissan BV sur le papier.

Jeudi, les patrons exécutifs des constructeurs se sont entretenus tous trois par visioconférence pour la première fois depuis l'arrestation de celui qui a bâti une alliance désormais fragilisée. Sans trancher la question de la gouvernance. Le ton se voulait rassurant, les propos sans surprise : ils ont rappelé "leur profond attachement" à cette structure qui domine le marché automobile mondial, avec 10,6 millions de véhicules vendus en 2017.

Interrogé par les médias japonais devant sa résidence tokyoïte, le responsable de Nissan, Hiroto Saikawa, s'est félicité de cet entretien avec ses partenaires, le numéro deux de Renault, Thierry Bolloré, et le PDG de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko. En attendant des décisions formelles, "nous avons confirmé que nous dirigerions l'alliance à trois", a-t-il dit aux journalistes. Son homologue de Mitsubishi a tenu le même discours: "jusqu'à présent, une seule personne était aux commandes. Maintenant, nous sommes trois à travailler ensemble. C'est une grosse différence".

Depuis l'arrestation de son ex-mentor, M. Saikawa a dénoncé avec force la concentration des pouvoirs entre les mains de Carlos Ghosn. Des employés et des responsables de Nissan s'exprimant sous couvert d'anonymat, auprès de l'AFP et dans la presse, ont aussi fait état de leur ressentiment face à une alliance jugée déséquilibrée et sous influence de l'Etat français.



Vendredi, en marge du sommet du G20 en Argentine, le président français Emmanuel Macron a souhaité que l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors soit "préservée", lors d'un entretien avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe. "L'échange sur Renault a été succinct, avec simplement le rappel que la procédure judiciaire devait suivre son cours", a fait savoir l'Elysée. "Le président a pour sa part rappelé son attachement à ce que l'alliance soit préservée de même que la stabilité du groupe", a ajouté l'Elysée.

De son côté, Shinzo Abe a souhaité "le maintien d'une relation stable" entre les entreprises des deux pays, qualifiant l'alliance automobile de "symbole de la coopération industrielle entre le Japon et la France", a déclaré à l'agence de presse Kyodo une source au sein des services du Premier ministre. Mais l'avenir du groupe devrait être décidé par "les entreprises" et "les gouvernements ne devraient pas s'engager" sur le fonctionnement futur de l'alliance, a également souligné M. Abe, cité par la même source.


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commentaires (6)

COUP MONTE JAPONAIS. DEJA LES DIFFERENCES AVEC LA GOUVERNEMENT FRANCAIS SUR QUI SERA QUI ONT COMMENCE !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 09, le 30 novembre 2018

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Commentaires (6)

  • COUP MONTE JAPONAIS. DEJA LES DIFFERENCES AVEC LA GOUVERNEMENT FRANCAIS SUR QUI SERA QUI ONT COMMENCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 09, le 30 novembre 2018

  • A moins que Carlos Ghosn ne soit condamne a des annees de prison. Les amerericains doivent deja se mettre en ligne pour le recuperer (comme ils l'ont fait avec les savants allemands a la fin de la WWII) et a ce moment Carlos Ghosn prendra une belle revanche sur les nippons. C'est quoi qui se mange froid deja ...... ?

    sancrainte

    15 h 31, le 30 novembre 2018

  • Proverbe africain : "Ne rejette pas la pirogue qui t'a aide a passer la riviere."

    sancrainte

    15 h 28, le 30 novembre 2018

  • NOYER CELUI QUI T'A SAUVÉ DU NOYADE ! MÊME S'IL EST LE PLUS GROS ESCROC. LE GÉNIS CARLOS A SAUVÉ NISSAN ET MITSUBISHI DE LA FAILLITE. ET PAS SEULEMENT, IL LES A RENDU NO 1 ET LES A FAIT GAGNER DES MILLIARDS. C'EST UNE INCROYABLE FAÇON DE LUI RENDRE LA BALLE ET DE LE REMERCIER. MÉFIEZ VOUS DES LOIS JAPONAISES QUI SONT PIRE QUE LES LOIS SAOUDIENNES.

    Gebran Eid

    14 h 11, le 30 novembre 2018

  • Une tradition bien française que de dire de quelqu'un de performant qu'il est français. Mais dès qu'il ya des problèmes ça devient un franco-libano-bresilien , ou un franco-allemand camerounais ou un franco-senegalais etc.... Bref , pour dire que j'ai entendu une vidéo ou un individu du golfe s'en prenait à Carlos Ghosn et à sa libanité en traitant les libanais de fraudeurs , de truand etc... et j'en passe . Le cas de Carlos Ghosn dépasse le seul cadre d'une affaire nipponne et veut aller au delà pour des amalgames de gens jaloux qui supportent mal que le génie libanais rayonne à travers le monde . Qui sont ces gens ? Forcément des concurrents à qui l'esprit libanais fait de l'ombre. Suivez mon regard !

    FRIK-A-FRAK

    13 h 29, le 30 novembre 2018

  • Kukimoto se moque-t-il de qui ? Nous savons tous que chaque pays à ses "traditions" et ses propres systèmes judiciaires. Mais il y a quelques années, pour sauver Nissan et Mitsubishi d'une faillite certaine il trouvait Carlos Ghosn et les traditions fondées sur des libertés et la justice universelle de la France très convenable nest-ce pas ? Maintenant sa tête hors de l'eau... monsieur veut noyer son sauveur .... Je comprend Kukimoto et ses maîtres.... Japonais trop empressés à récupérer le pouvoir au sein du groupe. Pour cela était-il nécessaire d'assassiner le chef d'orchestre ?

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 57, le 30 novembre 2018

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