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À La Une - Israël

Dix ans de prison contre un Israélo-Américain pour des alertes à la bombe antisémites

A la suite d'un des appels de l'adolescent, des appareils militaires suisses et français avaient escorté un avion de la compagnie israélienne El Al au-dessus de la Suisse, prêts à l'abattre s'il s'avérait constituer une menace.

L'adolescent Israélo-américain (à droite sur la photo) condamné par Israël pour avoir envoyé de fausses alertes, lors de son procès à Rishon Lezion, en Israël, le 23 mars 2017. AFP / JACK GUEZ

La justice israélienne a condamné jeudi à dix ans de prison un jeune Israélo-Américain reconnu coupable de centaines d'alertes à la bombe qui avaient alimenté les craintes d'une montée de l'antisémitisme après l'accession de Donald Trump à la présidence américaine.

Entre avril 2015 et mars 2017, environ deux semaines avant son arrestation, le jeune homme vivant chez ses parents à Ashkélon (sud d'Israël) et scolarisé à la maison en raison de son autisme a proféré ses menaces, par téléphone ou courrier électronique, contre environ 2.000 institutions en tous genres: écoles, centres commerciaux, postes de police, hôpitaux, selon les attendus du jugement du tribunal pour mineurs de Tel-Aviv. Il a plus particulièrement semé le trouble, sinon la panique dans une multitude de centres communautaires juifs ou de synagogues aux Etats-Unis, en Australie ou encore en Nouvelle-Zélande. Il prévenait de l'imminence d'un attentat ou de l'explosion d'une bombe, et se servait d'artifices technologiques pour déformer sa voix selon la police.
A la suite d'un de ses appels, des appareils militaires suisses et français avaient escorté un avion de la compagnie israélienne El Al au-dessus de la Suisse, prêts à l'abattre s'il s'avérait constituer une menace.

La multiplication des alertes était devenue suffisamment grave pour que des investigations soient lancées simultanément dans plusieurs pays et que le bureau d'enquêtes fédéral américain (FBI) dépêche des agents en Israël.
Son arrestation le 23 mars 2017 après l'identification de l'adresse IP de son ordinateur avait suscité une attention considérable. Les méfaits remontaient au moins jusqu'en 2015, quand un des appels avait forcé un avion de la grande compagnie américaine Delta Airlines à se poser d'urgence. Mais c'est surtout dans les mois précédant son arrestation qu'il a sévi.

Les institutions juives aux Etats-Unis étaient alors en butte à une flambée de menaces suscitant les spéculations sur une montée de l'antisémitisme en corrélation avec l'accession au pouvoir de Donald Trump en janvier 2017. Les supporteurs de M. Trump avaient argué de l'arrestation du jeune homme, né dans une famille juive, pour dire qu'une recrudescence de l'antisémitisme était imputée à tort au président américain.

Les autorités israéliennes n'ont pas divulgué le nom du prévenu parce qu'il était mineur au moment d'une partie des faits. Mais il a été inculpé aux Etats-Unis et les autorités américaines l'ont identifié comme étant Michael Ron David Kadar.

Un tribunal pour mineur de Tel-Aviv l'a condamné à dix ans de prison ferme, trois années avec sursis et 60.000 shekels (14.000 euros) d'amende.


(Lire aussi : Antisionisme, antisémitisme, sortir de l’amalgame)


Intelligent, introverti 
Les motivations du jeune homme sont longtemps restées obscures. Le prévenu a indiqué que "l'idée lui était venue en regardant des vidéos en ligne et en lisant des articles, (il a dit) que ses menaces le mettaient dans un état d'excitation", rapporte le jugement.

Michael Ron David Kadar a aussi été condamné pour avoir diffusé sur internet des notices de fabrication de bombes ou de poison, pour trafic de drogue et pour détention de matériel pédophile.

Après son arrestation s'étaient précisés les contours de sa personnalité : intelligent et introverti, déclaré inapte à servir par l'armée israélienne et passant une bonne partie de son temps dans sa chambre.
La défense du prévenu a plaidé qu'étant autiste et souffrant d'une tumeur au cerveau, il n'avait peut-être pas conscience de la gravité de ses actes. Le tribunal a reconnu son autisme, mais a souligné que le prévenu "possède un quotient intellectuel élevé et comprend très bien la portée de ses gestes". Sans cet autisme, "il aurait été condamné à une peine bien plus longue", a dit le tribunal.

Après son arrestation, une partie de la communauté juive s'était inquiétée que la menace antisémite soit moins prise au sérieux, voire que les théories de complot juif sortent renforcées.

Les Etats-Unis ont connu le 27 octobre 2018 la pire tuerie antisémite de leur histoire, quand onze personnes sont tombées sous les balles d'un Américain antisémite de 46 ans dans une synagogue de Pittsburgh (est des Etats-Unis). Les Etats-Unis ont enregistré une hausse de 17% des crimes racistes, antisémites ou homophobes lors de la première année de présidence de Donald Trump, selon des statistiques du FBI récemment publiées. M. Trump a été accusé d'attiser les haines par son discours. Il accuse certains médias d'engendrer la violence.


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