Le président Recep Tayyip Erdogan et le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammad ben Salmane pourraient se rencontrer la semaine prochaine pour la première fois depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, a affirmé jeudi un haut responsable turc.
Cité par l'agence de presse étatique Anadolu, le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin a indiqué qu'une telle rencontre pourrait avoir lieu en marge du sommet du G20 prévu en fin de semaine prochaine en Argentine. "Nous sommes en train de regarder le programme. Cela est possible", a déclaré M. Kalin, selon des propos rapportés par l'agence Anadolu.
Jamal Khashoggi, un éditorialiste saoudien critique de Riyad qui résidait aux Etats-Unis et écrivait notamment pour le Washington Post, a été tué le 2 octobre dans le consulat général d'Arabie à Istanbul , où il s'était rendu pour des raisons administratives.
Ce meurtre a provoqué une onde de choc mondiale et considérablement terni l'image de l'Arabie saoudite, notamment celle du prince héritier Mohammad ben Salmane, dit "MBS".
Si M. Erdogan n'a jamais ouvertement mis en cause MBS, il a affirmé que l'ordre de tuer le journaliste émanait des "plus hauts niveaux" de l'Etat saoudien, tout en écartant la responsabilité du père octogénaire du prince héritier, le roi Salmane.
La télévision saoudienne al-Arabiya a annoncé cette semaine que le prince Mohammad assisterait au G20 qui se tiendra du 30 novembre au 1er décembre en Argentine, son premier voyage à l'étranger depuis le meurtre.
L'annonce d'une possible rencontre entre M. Erdogan et MBS survient alors que le président américain Donald Trump a indiqué mardi qu'il ne remettrait pas en cause l'alliance stratégique en vigueur entre Washington et Riyad depuis plus de 70 ans.
(Lire aussi : Malgré les critiques, Trump veut rester un « partenaire indéfectible » de Riyad)
Nombre d'observateurs, ainsi que des responsables turcs et américains, estiment que le meurtre de Jamal Khashoggi n'a pas pu se produire sans l'aval ou la connaissance du prince héritier, qui tient les principaux leviers du pouvoir dans la monarchie pétrolière.
L'or noir est d'ailleurs l'un des principaux arguments avancés par M. Trump, avec les ventes d'armes et la volonté de contenir l'influence de l'Iran, pour justifier son intention de ne pas rompre l'alliance avec Riyad même si MBS était derrière le meurtre de Khashoggi.
Si besoin était, le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir a martelé qu'exiger le départ du prince héritier MBS reviendrait à franchir une "ligne rouge", dans une interview diffusée jeudi par la BBC.
Selon Ankara, Khashoggi a été délibérément attiré dans le consulat saoudien à Istanbul pour y être tué par suffocation puis démembré suivant un plan méthodiquement planifié.
Après avoir dans un premier temps nié la disparition de Khashoggi, Riyad a fini par reconnaître sous la pression internationale qu'il avait été tué dans l'enceinte de sa représentation à Istanbul lors d'une opération "non autorisée".
Tout en dédouanant le prince héritier, la justice saoudienne a annoncé la semaine dernière qu'elle allait demander la peine de mort contre cinq des 21 suspects détenus dans le cadre de l'enquête officielle de Riyad.
La Turquie a toutefois mis en doute jeudi la sincérité de l'enquête saoudienne, son ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu appelant à "mettre au jour les vraies responsabilités".
"Nous avons constamment accepté les propositions de collaboration avec l'Arabie saoudite. Cependant, si leur objectif est seulement de prendre nos informations et de refermer ce dossier, alors ce n'est pas correct", a déclaré M. Cavusoglu.
"A ce jour, nous n'avons pu obtenir aucun élément de la part du procureur général saoudien", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Ankara avec le Commissaire européen à l'élargissement Johannes Hahn et la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini. Cette dernière a estimé que "ceux qui sont responsables, vraiment responsables, de ce terrible meurtre (devaient) rendre des comptes".
Depuis le début de l'affaire, les pays européens ont réagi en ordre dispersé. Emboîtant le pas à l'Allemagne, le Danemark a annoncé jeudi la suspension de ses ventes d'armes à l'Arabie saoudite, dans l'espoir que cette décision impulse "un élan supplémentaire".
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Un beau match cette rencontre. Lequel des 2 aura à son palmarès le plus de sang sur les mains.
23 h 18, le 22 novembre 2018