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Liban - Gouvernement

« Hassan Nasrallah se trouve en confrontation avec tout le monde »

Levée de boucliers durant le week-end contre les derniers propos du secrétaire général du Hezbollah.

Le Rassemblement démocratique, réuni hier sous la présidence de Teymour Joumblatt. Photo Marwan Assaf

La formation du gouvernement tourne en rond depuis maintenant six mois. Sitôt le fameux « nœud chrétien » dénoué, c’est le problème des sunnites proches du 8 Mars qui fait parler de lui depuis quelques jours, à l’instigation du Hezbollah, lequel se pose en quelque sorte en défenseur des députés sunnites proches de l’axe Damas-Téhéran. Samedi, un discours incendiaire du secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, est venu compliquer la donne. Visiblement très remonté, il a réitéré son soutien aux sunnites du 8 Mars et tiré à boulets rouges sur Saad Hariri, le chef des Forces libanaises Samir Geagea, ainsi que sur le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, renvoyant à ces derniers leur accusation d’obstructionnisme en matière de formation du gouvernement. Hassan Nasrallah s’est par ailleurs défendu de vouloir retarder lui-même la mise en place du cabinet par le biais des revendications des sunnites pro-Assad, à l’heure où d’aucuns établissent le lien entre le blocage dans la formation du cabinet et l’entrée en vigueur des sanctions américaines imposées au Hezbollah et à l’Iran.

Contacté par L’Orient-Le Jour, un responsable au sein du courant du Futur s’est dit perplexe face à la teneur du discours de Hassan Nasrallah. « Le secrétaire général du Hezbollah dit que ses prises de position sont motivées par des circonstances internes relatives à sa volonté et celle de ses alliés. Nous continuons toutefois à penser qu’il veut absolument un gouvernement avant l’application des sanctions américaines. Nous nous demandons ce qu’il pourra tirer du retard de la formation du gouvernement en appuyant les sunnites dits “indépendants” », a confié le responsable. « Il n’est pas clair non plus comment l’Iran pourra profiter du retard dans la naissance du gouvernement au Liban. Mais ce qui est certain, c’est que sayyed Nasrallah se trouve aujourd’hui en confrontation avec tout le monde », a-t-il ajouté.

Commentant la médiation dans le cadre de ce dossier du ministre sortant des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui s’était réuni avec Hassan Nasrallah vendredi dernier, le responsable du Futur estime qu’elle « ne mènera à rien ». « Toute solution basée sur le discours de Hassan Nasrallah ne sera pas acceptée par Saad Hariri », a dit le responsable.

Lors de leur rencontre, le leader du Hezbollah et le chef du CPL s’étaient entretenus du « nœud sunnite ». Les deux parties se sont accordées sur l’importance de « renforcer l’unité nationale » et d’éviter au pays une « provocation communautaire ». Le président de la République Michel Aoun a d’ailleurs assuré samedi dernier lors d’un entretien avec le patriarche melkite catholique, Youssef Absi, qu’il n’épargnera aucun effort afin d’éliminer toutes les entraves à la formation du gouvernement, ajoutant que « défaire les nœuds » nécessitait du courage et de la patience, mais qu’une solution sera trouvée « parce que attendre est une perte de temps ».

Saad Hariri, attendu incessamment à Beyrouth, n’a pour sa part toujours pas commenté les propos de Hassan Nasrallah, mais il devrait s’exprimer demain à 13h30 à la Maison du Centre, lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il évoquera « les nouveaux développements et évolutions » concernant la formation du futur gouvernement.


Nasrallah « énervé »

Reprenant l’image biblique de Samson détruisant le temple des Philistins et emportant ses ennemis avec lui vers le trépas, un responsable au sein du Hezbollah interrogé par L’Orient-Le Jour a assuré que Hassan Nasrallah n’a « nullement l’intention de procéder à ce genre de comportements ». « Nous voulons juste dénoncer une situation illogique. Nous pensons tout simplement que tout le monde doit être traité sur un même pied d’égalité », a dit le responsable, tout en dénonçant « un système où certains profitent et d’autres pas ». « Il y a des chrétiens, des alaouites ou des sunnites qui ne sont pas représentés au gouvernement, c’est un système qui a des défauts », a-t-il ajouté.

« Le secrétaire général est très énervé en ce moment, le climat est tendu (…) Qui a dit que nous n’avions pas évoqué les sunnites indépendants avant ? Mais on ne peut pas tout régler en même temps. On a attendu que les autres nœuds soient réglés avant (…) La solution est de ne pas être égoïste », a souligné le responsable chiite, qui a en outre salué la médiation de Gebran Bassil.


(Lire aussi : Hassan Nasrallah : 2 – Michel Aoun : 0, l’édito de Ziyad MAKHOUL)


Les sunnites du 8 Mars insistent

Les principaux intéressés, les députés sunnites du 8 Mars, n’ont pas manqué de réitérer leurs demandes le week-end dernier. Ainsi, le député de Denniyé, Jihad el-Samad, a déclaré samedi à la chaîne al-Jadeed que « les sunnites indépendants représentent les sunnites qui ne sont pas d’accord avec le courant du Futur et qui ont le droit d’être représentés au gouvernement ». « Nous sommes tournés vers la Palestine et nous faisons partie des sunnites qui appartiennent à la résistance (contre Israël) », a-t-il dit.

M. Samad était en tournée dans la région de Denniyé en compagnie du député de Tripoli Fayçal Karamé et du ministre des Travaux publics Youssef Fenianos. Fayçal Karamé a déclaré à l’occasion que Saad Hariri était responsable de ce dernier obstacle, pour « être passé outre les demandes des députés sunnites indépendants ».

« La communauté sunnite est prise en otage depuis des années et a été éloignée de toute pensée ou action résistante », a pour sa part déclaré le député de Baalbeck-Hermel Walid Succariyé, qui participait aux célébrations de la « Journée du martyr » du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth.

Les réponses à Nasrallah

Abondant dans le sens de Walid Joumblatt, qui avait réagi samedi au discours du secrétaire général du Hezbollah par un message de paix (lire par ailleurs), le Rassemblement démocratique, présidé par le député Teymour Joumblatt, a refusé hier d’entrer dans une polémique avec Hassan Nasrallah à l’issue d’une réunion extraordinaire, se contentant de réitérer les craintes exprimées par son père Walid Joumblatt au niveau de la situation socio-économique.

Mais d’autres ont haussé le ton face au leader du Hezbollah. Michel Moawad, député de Zghorta, a dénoncé dans un tweet les tentatives de Hassan Nasrallah « de saper la Constitution et le partenariat ». « Personne n’a le droit d’imposer sa vision aux autres », a-t-il dit. L’ancien député Farès Souhaid a évoqué un coup d’État contre la Constitution et l’accord de Taëf, appelant le président de la République et le Premier ministre à « signer le décret de formation du gouvernement ou à démissionner ».

« Après le dernier discours de Nasrallah, nous attendons du président de la République qu’il nous dise dans quelle république nous vivons et qui décide de ce qui est permis et de ce qui ne l’est pas », a écrit pour sa part le député FL de Jbeil, Ziad Hawat, sur son compte Twitter.

Quant à l’ancien ministre Achraf Rifi, il a tiré à boulets rouges sur le secrétaire général du Hezbollah, estimant qu’il « cherche à imposer une tutelle aux institutions constitutionnelles et à paralyser la Constitution par la force des armes et de l’intimidation ».


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commentaires (13)

Celui qui paie les salaires de ses ministres appelés à gérer ses affaires virales de tout les jours est le peuple: organisons donc un référendum où le peuple dise s'il veut un gouvernement de technocrates ou un gouvernement de sois disant d'entente nationale. Si c'est le premier laissons finalement la science et la logique gérer le pays, si c'est le deuxième donnons les clés de la maison à hassan et ses copains car comme on dit si chaleureusement chez nous "la hayatan li man tounadi"

Wlek Sanferlou

15 h 45, le 12 novembre 2018

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Commentaires (13)

  • Celui qui paie les salaires de ses ministres appelés à gérer ses affaires virales de tout les jours est le peuple: organisons donc un référendum où le peuple dise s'il veut un gouvernement de technocrates ou un gouvernement de sois disant d'entente nationale. Si c'est le premier laissons finalement la science et la logique gérer le pays, si c'est le deuxième donnons les clés de la maison à hassan et ses copains car comme on dit si chaleureusement chez nous "la hayatan li man tounadi"

    Wlek Sanferlou

    15 h 45, le 12 novembre 2018

  • PRIERE LIRE CHEZ LES PRETENDUS RESISTANTS DE 1,5 VOLTS. MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 26, le 12 novembre 2018

  • peut etre c une incongruite ...mais pourquoi ne pas laisser le Hezb nomme son premier ministre.....et les ministres et qu'il se debrouille avec tous les problemes du pays....il a deja nomme le president de la republique..le president de l'assemblee..les divers postes de responsabilites dans le service public..alors laissant le diriger le pays seul et ouvertement..

    Houri Ziad

    13 h 41, le 12 novembre 2018

  • Mais ils n'ont pas honte ces sunnites qui sont avec le Hezbollah , honte , honte.

    Eleni Caridopoulou

    13 h 08, le 12 novembre 2018

  • Oui c’est toujours pareil , ils sont tournés vers la Palestine et sont contre Israël. Mais la il s’agit d’être tourné vers le Liban et d’être pour le Liban....Ils se sont trompé d’élection et de pays apparemment.

    L’azuréen

    12 h 16, le 12 novembre 2018

  • La force des armes au service fait accompli politique...

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 01, le 12 novembre 2018

  • Certes nous avons un président, mais c'est finalement le "guide suprême" qui dirige le pays! La Wilayat-al-Faqih à 100%....

    Georges MELKI

    10 h 56, le 12 novembre 2018

  • NOUS SOMMES TOURNES VERS LA PALESTINE ET NOUS FAISONS PARTIE DES SUNNITES QUI SONT CONTRE ISRAEL... PLUS BETE DECLARATION IL N,Y A PAS ! L,ABERRATION S,EST INSTALLEE CHEZ LES PRETENDUS RESISTRANTS DE 1,5 VOLTS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 10, le 12 novembre 2018

  • Monsieur Michel Aoun est le chef de l'Etat Libanais, lui seul ! Lui qui dit qu'il faut être "patient et courageux" pour défaire les noeuds... qu'il ait le courage pour dire à Hassan Nasrallah qu'il va trop loin avec ses exigences...pour des autres ! Et que la patience a ses limites, surtout quand l'existence de tout un pays est en danger. Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 53, le 12 novembre 2018

  • Tant qu'il n'est pas en confrontation avec LE JUSTE .

    FRIK-A-FRAK

    08 h 51, le 12 novembre 2018

  • Au nom de la paix civile, de l’unité nationale et sur l’avis des fromagistes, Saad n’a fait que des concessions, une concession après l’autre à un rythme de plus en plus amplifié. Si Saad a encore un souci et de l’angoisse pour notre cher pays, il n’a qu’à mettre fin à cette rigolade et rendre son tablier. Il est temps de mettre fin à ce parrainage et ce parapluie au Hezb. Que monsieur Berri ait son ministère des finances et Samahto, son ministère de la santé sous la présidence d’un autre que mr..Hariri et que le courant du future passe dans l’opposition avec qui le veut. Que le jeu démocratique fasse son chemin. Croyez moi, ce nouveau cabinet ne durera pas une semaine.

    Aref El Yafi

    08 h 42, le 12 novembre 2018

  • "Hassan Nasrallah se trouve en confrontation avec tout le monde".Bien sûr! Mais comme c'est lui qui a les armes... Evidemment, il n'ira pas jusqu'à bombarder le palais de Baabda comme le faisait l'armée de notre "sœur" syrienne, mais il lui suffit d'envoyer un ou deux missiles sur la Galilée pour que Tsahal s'en charge.

    Yves Prevost

    08 h 23, le 12 novembre 2018

  • LA DIFFÉRENCE DU COURAGE ENTRE HARIRI ET ACHRAF RIFI. HARIRI PASSE SON TEMPS EN TOURISTE À L'ÉTRANGER ET RIFI PASSE SON TEMPS AVEC LES GENS D'ICI. ET C'EST HARIRI QUI "DIRIGE" LE GOUVERNEMENT QUOI DISANT. NOTRE HARIRI SE TROUVE HUMILIÉ PARTOUT. IL REÇOIT MÊME DES VRAIS CLACS À L'ÉTRANGER. ON DIRAIT QU'IL AIME ÇA. MAIS RIFI A DES C...AVEC LUI ÇA PASSE OU ÇA CASSE. AU MOINS ON POUVAIT REGAGNER NOTRE DIGNITÉ.

    Gebran Eid

    06 h 48, le 12 novembre 2018

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