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Liban - Conférences

Combattre le tabou des maladies psychiatriques

D’après Sami Richa, il y a encore beaucoup à faire pour libérer la parole.

De gauche à droite : Sami Richa, Ramzi Haddad, Nada Merhi et Nathalie Richa. Photo Christophe Mina

Comment expliquer à un enfant ce qu’est une addiction ? Peut-on vivre normalement quand on est atteint d’une dépression ? À partir de quand l’angoisse devient-elle maladive ? D’ordinaire, ce genre de questions nous gêne et nous conduit souvent à l’évitement. Pourtant, ce sont des problématiques bien réelles qui peuvent nous toucher ou toucher nos proches et face auxquelles nous nous sentons démunis. Or le premier pas à franchir est celui de la parole, qui est la première en peine face à ces questions de santé mentale. Trouver les mots pour en parler, c’était le sujet du débat intitulé « Les maladies mentales sont-elles des maladies comme les autres ? » donné samedi au Salon du livre.

Organisée par les éditions Dergham, la discussion est partie de l’initiative originale du psychiatre Sami Richa qui vient de publier son nouvel ouvrage, Parler de la psychiatrie à mes filles, qu’il a signé samedi. Le docteur Richa a décidé d’écrire ce livre en collaboration avec ses deux filles lorsqu’il s’est vu surpris par leur curiosité au sujet de questions psychiatriques touchant notamment au corps, à la mort et à l’hérédité des troubles mentaux. Pour la rédaction de son ouvrage, il dit s’être fixé comme objectif d’être le plus simple possible tout en conservant un esprit scientifique afin d’atténuer chez les lecteurs un certain nombre d’angoisses. Sami Richa espère que son livre circulera dans les écoles pour sensibiliser les plus jeunes aux idées préconçues.

Nathalie Richa, docteure en psychologie, a commencé son intervention en présentant un chiffre frappant tiré de « l’étude globale du fardeau de la maladie » publiée en juin 2013 dans The Lancet : « 95,7 % des êtres humains dans le monde portent le fardeau d’une maladie aiguë, chronique ou encore d’une blessure, une lésion ou un dommage physique. » Selon cette étude, « 4,3 % de la population mondiale ne souffre d’aucune atteinte biologique, physiologique, physique ou mentale ». Pourtant, les maladies mentales sont un sujet beaucoup plus esquivé que les autres, à l’image des nombreuses périphrases que nous employons pour les désigner.


(Pour mémoire : Le suicide ? Parlons-en...)


« Dédiaboliser »
Or les conséquences de ce silence font entrer, selon elle, dans un cercle vicieux. « On ne craint que ce que l’on ignore », déclare-t-elle. Au lieu de cela, il faut encourager l’empathie, raconter ces maladies, pour mieux les connaître et donc mieux en guérir. Moins visible mais non moins fictive qu’une maladie physique, la maladie mentale est une maladie comme les autres. Le point de vue scientifique a été enrichi du point de vue journalistique avec la prise de parole de Nada Merhi, journaliste à L’Orient-Le Jour spécialiste des questions de santé. Selon elle, le rôle du journaliste autour des questions de santé mentale est de « dédiaboliser » et de « déstigmatiser » ces maladies, qui sont toujours taboues. Il s’agit de rendre accessibles les enseignements complexes de la psychiatrie en les vulgarisant, sans perdre de vue deux exigences : d’une part, tirer au clair les idées préconçues pouvant avoir des conséquences sur les malades et leurs proches, d’autant que ces maladies sont toujours accompagnées d’un sentiment de honte. D’autre part, il faut garder à l’esprit la responsabilité qui incombe au journaliste, qui doit s’efforcer de ne pas chercher le scoop et le sensationnel en matière de santé, ce qui peut être tentant pour lui, mais nuisible pour les malades.

Ramzi Haddad, psychiatre spécialisé en psychologie biologique et en psychologie clinicienne, a quant à lui rappelé que la psychiatrie est une discipline difficile à expliquer et à conceptualiser. Les enjeux autour de la santé mentale sont d’en finir avec l’aura autour de la psychiatrie et de démystifier la maladie mentale.



Pour mémoire

« On ne peut pas prévenir le stress, mais la dépression, si »

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Comment expliquer à un enfant ce qu’est une addiction ? Peut-on vivre normalement quand on est atteint d’une dépression ? À partir de quand l’angoisse devient-elle maladive ? D’ordinaire, ce genre de questions nous gêne et nous conduit souvent à l’évitement. Pourtant, ce sont des problématiques bien réelles qui peuvent nous toucher ou toucher nos proches et face auxquelles nous...

commentaires (1)

Il est important que le sujet, (la psychiatrie) soit soulevé et traité par des spécialistes au Liban pour libérer la parole et faire un travail d'information qui manque cruellement. Les crises politiques et la guerre du Liban ont probablement causé des dizaines de milliers de malades de dépression et d'autres maladies mentales plus ou moins graves. Vest une souffrance atroce pour ces patients mais aussi à leurs familles. Des famille souvent ne sachant pas comment réagir. Très belle initiative. Et un livre très utile.

Sarkis Serge Tateossian

09 h 38, le 05 novembre 2018

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Commentaires (1)

  • Il est important que le sujet, (la psychiatrie) soit soulevé et traité par des spécialistes au Liban pour libérer la parole et faire un travail d'information qui manque cruellement. Les crises politiques et la guerre du Liban ont probablement causé des dizaines de milliers de malades de dépression et d'autres maladies mentales plus ou moins graves. Vest une souffrance atroce pour ces patients mais aussi à leurs familles. Des famille souvent ne sachant pas comment réagir. Très belle initiative. Et un livre très utile.

    Sarkis Serge Tateossian

    09 h 38, le 05 novembre 2018

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