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À La Une - Liban

Insultes contre MBS : le procureur engage des poursuites contre Charles Ayoub, le patron d'ad-Diyar

"La liberté d'expression est une chose, et insulter des chefs d'Etat arabes et étrangers est une autre chose", affirme le chef des Forces libanaises, Samir Geagea.

Le rédacteur en chef du quotidien libanais ad-Diyar, Charles Ayoub. Photo Instagram

Le procureur général près la Cour de Cassation, le juge Samir Hammoud, a engagé mercredi des poursuites contre le rédacteur en chef du quotidien libanais Ad-Diyar, Charles Ayoub, au lendemain d'un article dans lequel le journal insulte, dans des termes particulièrement virulents, le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, au sujet de l'affaire Khashoggi et du conflit au Yémen.

Le juge Hammoud a ainsi demandé au procureur près la Cour de cassation de Beyrouth d'engager des poursuites contre Charles Ayoub en vertu des articles 288 du code pénal et l'article 25 de la loi sur les imprimés.

Mercredi, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui entretient de bons rapports avec l'Arabie saoudite, a condamné les propos écrits par Ad-Diyar, affirmant que "la liberté d'expression est une chose, et insulter des chefs d'Etat arabes et étrangers est une autre chose". M. Geagea a appelé le parquet "à se saisir de manière sérieuse de cette affaire".

Mardi, le ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati, avait demandé au juge Hammoud d'engager des poursuites contre ad-Diyar et son rédacteur en-chef et directeur, en raison de l'article en question, qui n'était pas signé. M. Jreissaiti avait estimé que cet article "contient des expressions insultantes et inédites dans le travail journalistique et portent atteinte au prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, tout en minant les relations entre le Liban et l'Arabie saoudite, ce qui constitue un crime en vertu des articles 288 et 292" du code pénal.


Pour mémoire : Le journaliste Charles Ayoub incarcéré quelques heures puis libéré)


Sous le chapitre "des infractions contre le droit des gens", l'article 288 du code pénal dispose que "sera puni de la détention à temps", "quiconque, par des actes, des écrits ou des discours non approuvés par le gouvernement, fera courir au Liban le danger de subir des actes d'hostilité, troublera ses relations avec un État étranger ou exposera les Libanais à des représailles dans leurs personnes ou leurs biens". Quand à l'article 292, il dispose que "seront sur plainte de la partie lésée punis de la même peine : l'outrage public à un État étranger, à son armée, à son drapeau ou à son emblème national; l'outrage à un chef d’État étranger, à ses ministres, ou à son représentant diplomatique au Liban; la diffamation ou l'injure publique envers un chef d’État étranger, ses ministres, ou son représentant diplomatique au Liban".

Après avoir nié la mort du journaliste saoudien dissident Jamal Khashoggi, puis soutenu que celle-ci était accidentelle, le gouvernement saoudien a fini par reconnaître qu'il avait été tué le 2 octobre à l'intérieur du consulat d'Arabie à Istanbul, tout en avançant que le meurtre avait été commis lors d'une opération "non autorisée" et dont le pouvoir n'avait pas été informé.

Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, qui s'est récemment rendu à Riyad, a exprimé son soutien au prince héritier saoudien. Le chef sortant de la diplomatie libanaise, Gebran Bassil, avait lui choisi la voie de la prudence, appelant à attendre les résultats de l'enquête avant de se prononcer.

Charles Ayoub avait comparu fin mai devant l'avocat général près la Cour de cassation, Imad Kabalan, dans le cadre d'une plainte déposée contre lui pour diffamation par les ministres sortants de la Justice, Salim Jreissati, des Affaires étrangères, Gebran Bassil et de l'Environnement, Tarek el-Khatib, suite à publication d'un article publié dans ad-Diyar intitulé "Nous ne permettrons pas que Gebran Bassil prenne le contrôle de la Justice ni de l'Etat".

En avril dernier, Charles Ayoub avait été brièvement placé en détention provisoire pendant quelques heures dans la caserne de gendarmerie de Baabda, sur ordre de la procureure d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, suite à une plainte déposée par le candidat malheureux aux législatives Sarkis Sarkis.


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commentaires (6)

Il a eu un coup de sang pour son collègue et ça se comprend encore mieux que le fait d'avoir ordonné le CHARCUTAGE du journaliste par un héritier sanguinaire.

FRIK-A-FRAK

21 h 25, le 31 octobre 2018

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Commentaires (6)

  • Il a eu un coup de sang pour son collègue et ça se comprend encore mieux que le fait d'avoir ordonné le CHARCUTAGE du journaliste par un héritier sanguinaire.

    FRIK-A-FRAK

    21 h 25, le 31 octobre 2018

  • QUAND ON INSULTE LES AUTRES PRATIQUEMENT ON USE DES QUALIFICATIFS QUI NOUS DECRIVENT ! BIEN FAIT DE LE POURSUIVRE EN JUSTICE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 44, le 31 octobre 2018

  • Je ne suis pas juriste mais il me semble qu'en Europe, dans des cas similaires, le procureur pourrait adresser à l'accusé une ordonnance pénale qui contient une condamnation pécuniaire et l'ordre de présenter des excuses publiques aux victimes et le retrait de l'article. Si l'accusé accepte la condamnation, l'affaire se termine rapidement. Sinon procès... et toute la souffrance qui l'accompagne habituellement. J'espère que les personnalités diffamées interviennent auprès de la justice pour alléger la procédure envers un honnête journaliste qui a eu probablement un moment d'égarement.

    Shou fi

    20 h 43, le 31 octobre 2018

  • C'est sûr que MBS a montré beaucoup de respect à l'égard du journaliste en le découpant en morceaux. Il est aux journalistes de montrer les mêmes égards à MBS...

    Jean abou Fayez

    19 h 34, le 31 octobre 2018

  • Tiens, l'autre girouette , des media cette fois, fait un retour fracassant au tribunal. Lol

    Tina Chamoun

    19 h 29, le 31 octobre 2018

  • Dans la presse turque ... on lit chaque jour (depuis que leur presse existe) des noms de oiseaux, d'animaux (le chien étant leur insulte favori... le plus poli), et de toutes les invectives, outrances, outrages et sottises possibles .... Mais c'est une autre culture ... on se comprend. Doit-on se rabaisser autant, chez nous au Liban ? Un peu de hauteur chers compatriotes. En plus quoi que l'on pense ou dise, on partage la même culture arabe en quelque sorte.

    Sarkis Serge Tateossian

    17 h 13, le 31 octobre 2018

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