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Moyen Orient et Monde - Conflit

Nouvel accès de fièvre à Gaza

Le Hamas et le Jihad islamique ont démenti être à l’origine des tirs de roquettes qui ont donné lieu à une riposte israélienne.


Une Palestinienne proche de Naji al-Za’aneem, qui a été tué par des frappes israéliennes hier à Gaza. Suhaib Salem/Reuters

Énième regain de tension à Gaza. L’armée israélienne a mené hier des raids aériens sur 20 cibles du nord au sud de la bande de Gaza, en représailles à des tirs de roquettes en provenance de l’enclave palestinienne. C’était la première fois depuis des semaines que des roquettes étaient tirées en direction du territoire israélien, menaçant ainsi l’issue de la médiation menée conjointement par l’Égypte et l’ONU pour soulager le quotidien des Gazaouis. Une des roquettes s’est abattue sur Beersheva, quatrième ville d’Israël située à la porte du désert du Néguev au Sud, détruisant la maison d’une famille de quatre personnes, une mère et ses trois enfants, mais sans faire de victimes, tandis que la deuxième s’est abattue au large de la ville de Tel-Aviv, selon l’armée israélienne. Les frappes israéliennes ont fait un mort, Naji al-Za’aneem, 25 ans, et trois blessés, selon le ministère de la Santé gazaoui, affilié au Hamas qui contrôle la bande de Gaza depuis plus de dix ans.

Israël a tout de suite pris des mesures punitives en fermant le point de passage de Karm Abou Salem au Sud, dédié aux marchandises, et celui de Beit Hanoun au Nord, dédié aux personnes, laissant le point de passage de Rafah avec l’Égypte comme seule ouverture intermittente de Gaza sur le monde. Le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a aussi ordonné la réduction de la zone de pêche autorisée de six à trois milles nautiques, quelques jours après l’avoir réduite de neuf à six milles nautiques en réponse à des manifestations violentes vendredi dernier, qui ont fait sept morts et 252 blessés côté palestinien. Le ministre avait également ordonné la suspension de la livraison de fuel, autorisé au préalable malgré le refus de l’Autorité palestinienne et financé par le Qatar, destiné à stimuler la production de la seule centrale électrique de l’enclave palestinienne, laquelle fournit moins de dix heures d’électricité par jour aux Gazaouis. Ces décisions devraient indubitablement accentuer la pression sur l’économie de ce territoire, où 65 % des deux millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.


(Lire aussi : Lieberman prône un "coup sévère" contre le Hamas à Gaza)


Il « ne veut plus de guerre »

Ces événements surviennent alors qu’une délégation des services de renseignements égyptiens se trouvaient à Gaza depuis 24 heures, dans le cadre de pourparlers visant à soulager la situation et faciliter la réconciliation interpalestinienne entre le Hamas et l’Autorité palestinienne. Dans le même temps, le coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, est en visite en Israël. Il a ainsi déclaré devant le président israélien Reuven Rivlin : « Nous devons faire tout notre possible pour éviter une confrontation (…) Nous avons travaillé activement avec toutes les parties ces trois derniers mois. » Pour sa part, le chef des moukhabarate égyptiens a annoncé le report de sa visite prévue aujourd’hui en Israël et dans les Territoires. La raison officielle invoquée est l’accompagnement du président égyptien en Russie, alors que ce dernier s’y trouve déjà depuis deux jours.

Après les guerres successives à Gaza et leurs lots de destructions, le Hamas et le Jihad islamique, principaux groupes armés dans la bande de Gaza, sont en perte de popularité dans l’enclave. Ils n’ont pas été à l’initiative de la grande marche du retour initié en mars dernier par des groupes de la société civile et n’ont pas intérêt à faire échouer la médiation égyptienne, seul espoir d’alléger le blocus sur Gaza. Yahya Sinwar, le chef du Hamas à Gaza, avait déclaré dans une interview publiée le 4 octobre dans un journal israélien qu’il « ne veut plus de guerre ».

Dans un communiqué conjoint, les deux groupes ont démenti toute implication dans le lancement des roquettes : « Nous saluons les efforts égyptiens pour répondre aux demandes du peuple palestinien de lever le siège (israélien) et rejetons toute tentative irresponsable destinée à inciter et à saboter cet effort », avant de rappeler que les factions palestiniennes « seront toujours prêtes à faire face à l’agression israélienne » avec l’accord du peuple palestinien. « Ce n’est pas le Hamas ou le Jihad islamique qui a perpétré l’attaque », affirme à L’Orient-Le Jour Leila Chahid, ancienne ambassadrice palestinienne auprès de l’Union européenne, qui explique que « le Hamas n’a aucun intérêt aujourd’hui à provoquer une nouvelle offensive militaire sur Gaza parce que les précédentes ont coûté très cher à la population palestinienne à Gaza, qui a reproché au Hamas de ne pas donner d’alibi aux Israéliens, qui n’en ont pas besoin d’ailleurs ». Le Hamas a déjà été débordé par des actions individuelles ou par des groupes salafistes par le passé.

L’armée israélienne a toutefois expliqué qu’elle considérait le Hamas comme responsable de tout ce qui se passe dans la bande de Gaza, gouvernée par ce dernier. « Seules deux organisations ont ce type de roquettes, le Hamas et le Jihad islamique », a déclaré en outre le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, un porte-parole de l’armée israélienne actif sur Twitter, balayant ainsi les affirmations des deux factions palestiniennes. Pour sa part, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé hier qu› « Israël voit avec une grande sévérité l’attaque » sur son territoire, et que « si ces attaques ne cessent pas, nous les stopperons (…) Israël agira avec une grande force ». Des responsables militaires israéliens ont toutefois assuré à la presse qu’il n’était pas dans l’intérêt d’Israël d’ouvrir un front à Gaza. « Depuis la grande marche, plus de 250 Palestiniens ont été tués et 5 000 ont été blessés. La situation peut dégénérer très vite, et si une guerre éclate, qui va l’arrêter ? Trump ? » conclut Leila Chahid.




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