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Liban - Sommet de la Francophonie

Le Liban souhaite accueillir l’« Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes »

Le chef de l’État devrait rencontrer aujourd’hui son homologue français, Emmanuel Macron.

Michel Aoun présidant la délégation libanaise au XVIe sommet de la Francophonie. Photo Dalati et Nohra

Le président de la République, Michel Aoun, a annoncé hier avoir présenté aux Nations unies la candidature du Liban pour qu’il devienne le siège officiel de « l’Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes ». Dans un discours prononcé à l’occasion du dix-septième sommet de la francophonie dont les travaux ont été ouverts à Erevan, en Arménie, il a estimé que « la relation première de l’être humain à sa naissance est celle qu’il établit avec sa mère et qui va déterminer sa langue maternelle ». « Cette langue va le construire et le singulariser, a-t-il ajouté. Puis, au cours de sa vie, la découverte d’autres langages va le mener vers de nouveaux enrichissements intérieurs. Pour moi, chaque langue est un être dans l’être. En connaître plusieurs, c’est se multiplier. Et j’estime que dans mon pays, le franco-libanais est presque une langue originale de plus. »

M. Aoun a en outre signalé que « plus que jamais, la francophonie doit affirmer sa mission du vivre-ensemble ». « De par sa société pluraliste et multiconfessionnelle, le Liban est un monde en miniature, a-t-il déclaré. Après des années d’épreuves, nous avons réussi à dépasser les tentations du vivre entre soi. Et le vivre en commun est notre volonté à tous. L’homme est l’ennemi de ce qu’il ignore et de ceux qu’il méconnaît. Percevoir l’autre avec ses différences et ses ressemblances permet la coexistence. D’où l’urgence de créer des institutions internationales spécialisées dans la formation et la diffusion du dialogue entre les civilisations, les religions et les ethnies qui permettraient d’instaurer une culture de la paix. »

Et M. Aoun de poursuivre : « De par sa société plurielle où coexistent chrétiens et musulmans se partageant le pouvoir et l’administration, de par l’expertise acquise par ses ressortissants disséminés à travers le monde, de par la succession de civilisations et de cultures sur son sol au fil des siècles, le Liban est un exemple unique, habilité à créer une académie internationale chargée de promouvoir de telles valeurs. J’ai présenté aux Nations unies la candidature de mon pays pour devenir le siège officiel de l’Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes. Et nous aspirons à ce que cette initiative soit consolidée par la ratification d’une convention multilatérale. Votre soutien et l’implication des institutions francophones sont essentiels pour nous permettre de réussir ce challenge. »


(Lire aussi : Les candidatures de Riyad et Mushikiwabo en débat au sommet de la Francophonie)


La francophonie et la mission du vivre-ensemble

M. Aoun a par la suite évoqué ce qu’il considère comme la mission de la francophonie. « Le vecteur de la langue est le pont idéal pour relier différentes cultures et identités. Ainsi, au-delà de l’amour pour la langue française, la francophonie a pour objectifs l’intensification du dialogue des civilisations, le rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle, a-t-il insisté. De ce fait, la présence de la francophonie au Proche-Orient ne fait qu’affirmer cette solidarité avec la langue et la culture arabes. » Il a rappelé dans ce cadre que le Liban avait accueilli le IXe Sommet de la francophonie en octobre 2002. « À l’heure où de partout surgissent des forces autoritaires, identitaires, qui n’hésitent pas à flatter les sentiments d’exclusion et d’ostracisme, plus que jamais la francophonie doit affirmer sa mission du vivre-ensemble », a poursuivi M. Aoun.

Il a en outre estimé que « l’essor de la francophonie au Liban, pays qui reste la locomotive francophone du Moyen-Orient, est plus important que jamais au vu de la situation conflictuelle qui règne dans la région ». « Je me réjouis de la décision prise d’ouvrir à Beyrouth un bureau régional de la francophonie pour le Moyen-Orient, s’est-il félicité. Je salue tous ceux qui ont contribué à cette décision en leur promettant l’appui nécessaire pour soutenir la mission de ce nouveau bureau. »

Le chef de l’État a enfin salué dans son discours la mémoire du chanteur Charles Aznavour, décédé la semaine dernière à l’âge de 94 ans. « À la question posée au grand Charles Aznavour s’il se sentait français, il a répondu oui, à 100 %, a rappelé M. Aoun. Et s’il se sentait arménien ? Il a répondu oui, à 100 %. Une preuve de plus que le multiculturalisme a du talent. La disparition de ce défenseur de la langue française qui nous a laissé des chansons immortelles a affecté les Libanais qui le considéraient comme un des leurs. »

Et M. Aoun de conclure : « Perdre une langue est pour moi aussi douloureux que perdre un être cher ! Aujourd’hui, la langue française perd son âme sur les réseaux sociaux. Les phrases sont déconstruites, les mots phonétiques et l’orthographe défunts. Veiller à ce précieux héritage et le transmettre aux générations à venir est de notre devoir. »


(Lire aussi : La francophonie au bord de la cacophonie ?)


Vice-président du XVIIe sommet

Par ailleurs, M. Aoun a été élu vice-président du XVIIe Sommet de la francophonie, sous la présidence du Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan. Quatre autres vice-présidents ont également été élus. Il s’agit des représentants de la Côte d’Ivoire, de Haïti, de l’île Maurice et du Vietnam.

Michel Aoun s’est en outre entretenu avec le prince Albert II de Monaco. Il devrait rencontrer également plusieurs chefs d’État et chefs de délégation, au nombre desquels, aujourd’hui, son homologue français, Emmanuel Macron.



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Le président de la République, Michel Aoun, a annoncé hier avoir présenté aux Nations unies la candidature du Liban pour qu’il devienne le siège officiel de « l’Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes ». Dans un discours prononcé à l’occasion du dix-septième sommet de la francophonie dont les travaux ont été ouverts à Erevan, en Arménie, il a estimé...

commentaires (3)

Excellente idée que l'"académie de dialogue entre les hommes"...bien que nos politiciens soient passés Maîtres es sciences de dialogue entre hommes où la finalité est le dialogue sans aboutir à quoique ce soit, avoir une académie au coin du chériii ne fera que faciliter leur accès à encore plus d'érudition. De Maîtres ils deviendront Docteurs d'Etat et ceci malgré l'absence de l'état. Les femmes vous dites!? Pas de rôle à jouer, tout est défini dans le titre de l'académie et c'est tout! Comme aiment bien dire nos Maîtres : no'ta aala es'sater!!

Wlek Sanferlou

18 h 16, le 12 octobre 2018

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Commentaires (3)

  • Excellente idée que l'"académie de dialogue entre les hommes"...bien que nos politiciens soient passés Maîtres es sciences de dialogue entre hommes où la finalité est le dialogue sans aboutir à quoique ce soit, avoir une académie au coin du chériii ne fera que faciliter leur accès à encore plus d'érudition. De Maîtres ils deviendront Docteurs d'Etat et ceci malgré l'absence de l'état. Les femmes vous dites!? Pas de rôle à jouer, tout est défini dans le titre de l'académie et c'est tout! Comme aiment bien dire nos Maîtres : no'ta aala es'sater!!

    Wlek Sanferlou

    18 h 16, le 12 octobre 2018

  • Alors que la presse est muselée, les libertés fondamentales bafouées, un parti et des voisins aux volontés hégémoniques... Bien sur, notre pays est l'exemple même des droits de l'homme et de la liberté d'expression, et donc, en corollaire du dialogue entre les hommes. Vaste blague, heureusement que le ridicule ne tue pas, il n'y aurait que des cadavres dans notre classe politique

    Bachir Karim

    15 h 00, le 12 octobre 2018

  • ENTRE LES HOMMES... QUELS HOMMES ? FALLAIT DIRE ENTRE LES NATIONS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 56, le 12 octobre 2018

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