Le président de la République libanaise, Michel Aoun, a annoncé jeudi lors d'un discours à l'occasion du dix-septième sommet de la Francophonie à Erevan, avoir présenté aux Nations unies la candidature du Liban pour qu'il devienne le siège officiel de "l’Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes". Le président a par ailleurs estimé que "plus que jamais, la francophonie doit affirmer sa mission du 'Vivre ensemble'".
"De par sa société pluraliste et multiconfessionnelle, le Liban est un monde en miniature. Après des années d’épreuves nous avons réussi à dépasser les tentations du 'vivre entre soi'. Et 'Le vivre en commun' est notre volonté à tous. L’Homme est l’ennemi de ce qu’il ignore et de ceux qu’il méconnaît. Percevoir l’autre avec ses différences et ses ressemblances permet la coexistence. D’où l’urgence de créer des institutions internationales spécialisées dans la formation et la diffusion du dialogue entre les civilisations, les religions et les ethnies qui permettraient d’instaurer une culture de la paix", a affirmé Michel Aoun dans son discours.
Et de poursuivre : "De par sa société plurielle où coexistent chrétiens et musulmans se partageant le pouvoir et l’administration, de par l’expertise acquise par ses ressortissants disséminés à travers le monde, de par la succession de civilisations et de cultures sur son sol au fil des siècles, le Liban est un exemple unique, habilité à créer une Académie internationale chargée de promouvoir de telles valeurs. J’ai présenté aux Nations-Unies la candidature de mon pays pour devenir le siège officiel de 'l’Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes'. Et nous aspirons à ce que cette initiative soit consolidée par la ratification d’une convention multilatérale. Votre soutien et l’implication des institutions francophones sont essentiels pour nous permettre de réussir ce challenge".
La francophonie et la mission du "Vivre ensemble"
Michel Aoun a par la suite évoqué ce qu'il considère comme la mission de la francophonie. "Le vecteur de la langue est le pont idéal pour relier différentes cultures et identités. Ainsi, au delà de l’amour pour la langue française, la francophonie a pour objectifs l’intensification du dialogue des civilisations, le rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle, a-t-il déclaré. De ce fait, la présence de la Francophonie au Proche Orient ne fait qu’affirmer cette solidarité avec la langue et la culture arabe", a-t-il ajouté, rappelant que le Liban avait accueilli le IXe Sommet de la Francophonie en octobre 2002. "A l’heure où de partout surgissent des forces autoritaires, identitaires, qui n’hésitent pas à flatter les sentiments d’exclusion et d’ostracisme, plus que jamais la francophonie doit affirmer sa mission du 'Vivre ensemble'", a ajouté le président.
M. Aoun a en outre estimé que "l’essor de la francophonie au Liban, pays qui reste la locomotive francophone du Moyen-Orient, est plus important que jamais au vu de la situation conflictuelle qui règne dans la région". "Je me réjouis de la décision prise d’ouvrir à Beyrouth un bureau régional de la Francophonie pour le Moyen-Orient. Je salue tous ceux qui ont contribué à cette décision en leur promettant l’appui nécessaire pour soutenir la mission de ce nouveau bureau", a-t-il déclaré.
Le président libanais a enfin salué dans son discours le chanteur franco-arménien Charles Aznavour, décédé la semaine dernière à l'âge de 94 ans. "A la question posée au grand Charles Aznavour s’il se sentait Français, il a répondu oui, à 100%. Et s’il se sentait arménien ? Il a répondu Oui, à 100%. Une preuve de plus que le multiculturalisme a du talent. La disparition de ce défenseur de la langue française qui nous a laissé des chansons immortelles a affecté les Libanais qui le considéraient comme un des leurs", a-t-il affirmé.
Et de conclure : "Perdre une langue est pour moi aussi douloureux que perdre un être cher! Aujourd’hui la langue française perd son âme sur les réseaux sociaux. Les phrases sont déconstruites, les mots phonétiques et l’orthographe défunt. Veiller à ce précieux héritage et le transmettre aux générations à venir est de notre devoir".
En milieu d'après midi, le chef de l'Etat libanais a été élu vice-président du 17e sommet de la Francophonie, sous la présidence du Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan. Quatre autres vice-présidents ont également été élus aujourd'hui. Il s'agit des représentants de la Côté d'Ivoire,de Haïti, de l'Île Maurice et du Vietnam.
Michel Aoun devrait rencontrer plusieurs chefs d’Etat et chefs de délégation durant son séjour dans la capitale arménienne, notamment le président français Emmanuel Macron, demain vendredi.
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commentaires (9)
C’est bien franchement mais bon ...., ce dialogue s’il pouvait marcher efficacement au Liban , ça serait très bien et si c’était rapide ça serait encore mieux . 5 mois à discuter chiffons au lieu de choisir rapidement un gouvernement, comme cela se fait partout ailleurs, c’est affligeant.
L’azuréen
21 h 55, le 11 octobre 2018