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Liban - Colloque

Entre psychanalyse et amour du français...

Un colloque international ayant pour thème « Je est un autre », mêlant psychanalyse et francophonie, s’est tenu à la fin de la semaine écoulée à l’hôpital Mont-Liban. Il s’est ouvert par une table ronde sur l’usage du français à travers le monde, et plus particulièrement au Liban.

Ils sont venus de France, du Canada, du Brésil, de Roumanie ou encore du Sénégal. Deux choses les réunissent : leur exercice de la psychanalyse et leur amour pour la langue de Molière.

Environ 80 disciples de Freud se sont réunis à la fin de la semaine dernière à l’hôpital Mont-Liban de Baabda pour un colloque international intitulé « Je est un autre » (voir L’Orient-Le Jour du jeudi 27 septembre). L’objectif pour les participants était de réfléchir à la place de l’école française de psychiatrie, tournée vers l’analyse et la relation entre le praticien et son patient, en perte de vitesse face à l’école américaine. Celle-ci repose essentiellement sur la prescription de médicaments, les liens avec l’industrie pharmaceutique aidant. Le colloque était organisé conjointement par l’hôpital Mont-Liban et son service de psychiatrie, la Société internationale d’histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse (SIHPP) et l’École libanaise de psychanalyse et de psychothérapie (ELPP), en partenariat avec l’Alternative fédérative des associations de psychiatrie (Alfapsy). Les débats purement psychanalytiques ont été introduits par une table ronde sur la place de la francophonie dans le monde. En sa qualité de médecin et d’enseignant à l’Université Saint-Joseph, Antoine Courban a ouvert la table ronde. Avec éloquence, il s’est interrogé d’abord sur la place de l’individu en Orient. Pour lui, le sujet y est « toujours perçu en tant que citoyen, non pas sur le mode politico-civique mais sur le mode ethnico-religieux », ce qui le conduit à être « noyé dans la miscibilité informe de la masse ». Face à cela, la langue française permettrait à l’individu de s’en extraire. D’abord parce qu’elle transmettrait par essence des valeurs universelles, issues notamment des Lumières. Ensuite, parce qu’elle appartient, avec le latin et l’arabe, à un petit groupe qu’il appelle les langues de civilisation, et qu’ainsi, elle transcenderait les cultures et les déterminismes. S’il juge à regret que l’usage du français est en recul face à l’anglo-américain, il estime que c’est un phénomène atténuable si la culture française parvient à dépasser « sa crise intellectuelle et spirituelle », et si la francophonie ne continue pas à être perçue comme « une sorte de libre-échange culturel, tel un produit de consommation tourné vers le capitalisme et non l’humanisme ».

Ghetto postcolonial

Puis, c’est au tour du premier secrétaire près l’ambassade de Suisse, Nicolas Masson, de prendre la parole. Représentant un pays ayant quatre langues officielles, il explique que la Confédération helvétique était très impliquée dans la promotion du français, mais qu’elle l’envisageait « dans un cadre multilingue et non sous une forme défensive ou protectionniste ». Citant l’exemple du fondateur de la Croix-Rouge, Henri Dunant, et rappelant que c’est en français qu’ont été écrites les conventions de Genève, il considère que cette position ne s’oppose pas à la vision universaliste du français qu’il voit comme une langue de paix. Enfin, le conseiller en action culturelle et en coopération près l’ambassade de France, Luciano Rispoli, a conclu la table ronde sur un panorama factuel de l’état de la francophonie dans le monde. Dans un clin d’œil à la thématique du colloque, il évoque « l’obsession » qu’ont les francophones à se compter : s’il ne croit ni au chiffre de 278 millions de francophones régulièrement évoqué ni à l’affirmation selon laquelle le français sera la première langue du monde en 2050, il se refuse à partager le pessimisme dominant quant à la situation de la francophonie dans le monde.

Prenant l’exemple du Liban, Luciano Rispoli rappelle que 100 % des élèves libanais sont exposés au français, comme première ou seconde langue, se félicitant sur ce plan du réseau d’écoles homologuées par la France. Appelant à sortir le français « du ghetto postcolonial et monolangue pour le reconnaître comme une langue plurielle », il conclut en se réjouissant du vecteur culturel et intellectuel qu’est la langue française. Incarné, selon lui, par le succès à Beyrouth du Salon du livre francophone.


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