Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a accusé, jeudi denirer, à l'Assemblée générale des Nations unies, le Hezbollah de cacher des missiles à proximité de l'aéroport de Beyrouth. REUTERS/Carlo Allegri
Les menaces de Benjamin Netanyahu vont-elles hâter le processus de formation du gouvernement ? Certains observateurs ne sont pas loin de le penser, attribuant à ces enchères les appels à l’apaisement et aux concessions qui se font entendre, tandis qu’un branle-bas diplomatique est décrété au palais Bustros.
Réagissant aux menaces du Premier ministre israélien, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a convoqué en effet tous les ambassadeurs accrédités au Liban à une réunion, aujourd’hui à 15 heures, au palais Bustros, au cours de laquelle il répondra aux allégations Benjamin Netanyahu. À l’issue de la réunion, les diplomates seront invités à visiter l’un des « sites secrets » présumés, désignés par les responsables militaires israéliens, pour s’assurer de l’inanité de ces accusations.
Au demeurant, la Russie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a mis en garde Israël contre d’éventuelles frappes contre le Liban, après les accusations lancées jeudi à l’Assemblée générale de l’ONU par Benjamin Netanyahu contre le Hezbollah qui, selon lui, cacherait des missiles dans trois sites secrets aux environs de l’aéroport de Beyrouth. Les déclarations de M. Lavrov sont intervenues 48 heures après les propos de M. Netanyahu. Interrogé vendredi soir lors d’une conférence de presse aux Nations unies, en marge de l’Assemblée générale, sur la possibilité qu’Israël frappe près de l’AIB, M. Lavrov a répondu qu’il s’agirait d’une « grave violation des lois internationales ». « Nous nous élèverions contre une telle action », a-t-il ajouté. « Nous mettons en garde contre toute violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, toute attaque et toute violation de l’espace aérien libanais », a mis en garde M. Lavrov.
Une source diplomatique occidentale avait conseillé aux autorités libanaises de tirer rapidement au clair cette affaire, et d’établir une hiérarchie claire au sein des services de sécurité de l’aéroport, mettant en garde contre un possible boycottage de l’AIB par certaines compagnies d’aviation européennes. Vendredi, le Hezbollah, par la voix de son ministre sortant de la Jeunesse et des Sports Mohammad Fneich, avait rejeté les « mensonges » du Premier ministre israélien. « Les Israéliens savent très bien ce qui les attend s’ils lancent une offensive contre le Liban. Et s’ils ne le savent pas encore, ils seront surpris », avait lancé M. Fneich.
« Au Liban, l’Iran a ordonné au Hezbollah de construire des sites secrets pour transformer des projectiles inadaptés en missiles guidés, des missiles qui peuvent frapper en profondeur Israël avec une précision de 10 mètres », avait déclaré M. Netanyahu à la tribune de l’ONU, en brandissant une carte du périmètre de l’Aéroport international de Beyrouth.
Jeudi soir, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, avait relayé les affirmations de M. Netanyahu, publiant plusieurs messages et vidéos, cartes et images à l’appui, notamment une vidéo dans laquelle il s’adresse aux touristes qui visitent le Liban, les mettant en garde contre les supposés sites secrets du Hezbollah situés à proximité de l’aéroport de Beyrouth.
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Pas de gouvernement de majorité
À quelque chose malheur est bon. Les observateurs à Beyrouth escomptent que les menaces israéliennes auront « des effets positifs » sur l’accélération du processus de formation du gouvernement, qui s’éternise.
Ces observateurs sont en outre unanimes à écarter les perspectives de la formation d’un « gouvernement de majorité », comme l’avait laissé entendre le chef de l’État. « Personne n’en veut, pas même le Hezbollah », a expliqué l’un d’eux à L’Orient-Le Jour. Même le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, a démenti dans un communiqué une information selon laquelle il avait demandé une réunion urgente pour en débattre, preuve que personne ne prend au sérieux cette question rhétorique soulevée par le président.Par ailleurs, l’on parle dans ces milieux de contacts très discrets en vue d’un règlement qui permettrait au gouvernement de voir le jour, et l’on en veut pour preuve « le mutisme » du Premier ministre désigné. Certes, tout le monde attend que Saad Hariri se rendre au palais présidentiel, mais personne ne souhaite que ce déplacement soit suivi d’une déception à la mesure de l’espoir qu’il soulève, souligne-t-on dans les milieux concernés.
Toutes les attaques n’ont pas cessé pour autant. C’est ainsi que les milieux proches du pouvoir accusent ouvertement le chef des FL de faire le jeu de ceux qui souhaitent l’échec du régime, tandis que le député Hussein Hajj Hassan accuse ouvertement les FL, le PSP et le Futur de chercher à « renverser » les résultats des élections législatives de mai dernier, qui ont « modifié l’équilibre politique » dans le pays.
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NOUS N,ECOUTONS D,INSTINCTS QUE CEUX QUI SONT LES NOTRES, ET NE VOYONS LE MAL QUE QUAND IL EST VENU ! LAFONTAINE
15 h 24, le 01 octobre 2018