Le chef du Courant patriotique, Gebran Bassil, a qualifié jeudi de "suicide politique individuel et collectif" les propos du leader des Forces libanaises, Samir Geagea, au sujet de la part du chef de l'Etat dans le futur gouvernement, le CPL accusant pour sa part le leader des FL de chercher à affaiblir la présidence de la République.
Dans une interview télévisée diffusée mercredi, le chef des FL avait reproché au CPL de vouloir assimiler le nombre de postes ministériels accordés à son bloc parlementaire à la part accordée au président de la République.
"C'est un suicide politique individuel et collectif, lorsqu'un homme se frappe lui-même, son frère et sa communauté pour un gain politique et ministériel passager, qu'il fait des concessions sur les prérogatives, les us et coutumes et l'accord et qu'il appelle tout cela soutenir le régime... Nous par contre respectons la réconciliation et le régime", a tweeté M. Bassil.
"Contradiction"
Dans un communiqué publié dans la journée, le CPL a lui aussi répondu aux déclarations de M. Geagea qui a estimé qu'il fallait faire la différence entre la part du CPL et celle de son fondateur, le président Michel Aoun, au sein du cabinet que tente de former sans succès depuis trois mois le Premier ministre désigné Saad Hariri.
"Le CPL tient à rappeler au chef des FL que les choix politiques et les alliances électorales entre les partis soutenant le chef de l'Etat ou non n'ont rien à voir avec la représentation de la présidence en tant qu' acteur constitutionnel comme il est de coutume (...) Il ne s'agit pas d'une considération politique, mais d'une considération constitutionnelle et ayant trait au Pacte national", affirme le communiqué du CPL, dénonçant une logique qui "affaiblit la présidence de la République et sa place au sein de l'exécutif".
Le CPL estime également que les propos de M. Geagea ont enterré l'accord de Meerab, scellé en 2016 entre les deux formations qui a permis l'élection de M. Aoun à la tête de l’Etat, qui "stipule clairement que la part du chef de l'Etat est indépendante de la part du CPL".
Dans les négociations autour de la répartition des portefeuilles, le CPL insiste à ce que la part revenant à Michel Aoun soit traitée indépendamment de la part du bloc du parti dirigé par M. Bassil. Mais les Forces libanaises ont déclaré à plusieurs reprises qu'elles soutenaient le chef de l'Etat, estimant que la position du CPL sur ce point constituait une manœuvre déguisée pour augmenter sa part.
Par ailleurs, le CPL a dénoncé la "contradiction" dans la position de M. Geagea sur le dossier des réfugiés syriens. "Pourquoi cette contradiction dans les positions du chef des FL qui soutient celle de M. Bassil mais qui, en même temps, refuse d'agir, prétextant les prérogatives du Premier ministre ?"
Mercredi, le leader des Forces libanaises avait indiqué que "la position des FL en ce qui concerne les réfugiés est similaire à celle du chef du CPL dans le fond", mais ajouté que "le fait que ce dernier prenne des initiatives à grande échelle court-circuite les prérogatives du Premier ministre désigné".
"Toutes les concessions possibles"
Dans un communiqué à l'issue d'une réunion en fin d'après-midi, le bloc parlementaire des FL, "La République forte", a de son côté assuré que les Forces libanaises "ont déployé tous leurs efforts pour accélérer la formation du gouvernement (...) et ont fait toutes les concessions possibles pour lui permettre de voir le jour". "La balle est désormais dans le camp de ceux qui tentent injustement de nous marginaliser. Ce sont eux qui assument, envers les Libanais, la responsabilité du retard pris dans la formation du cabinet", a ajouté le communiqué.
A la demande de savoir si la réunion avait évoqué le tweet incendiaire de Gebran Bassil, le secrétaire général du bloc Fadi Karam a répondu : "Dans notre réunion, nous n'évoquons que les choses sérieuses".
Les députés FL ont par ailleurs appelé à écarter le dossier de la normalisation des relations entre le Liban et la Syrie des discussions autour de la formation du gouvernement, s'étonnant de la "volonté programmée (...) d'entraîner le pays dans les dossiers conflictuels".
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Nous sommes probablement le seul pays au monde à avoir tant de haines tenaces entre les formations politiques, Seul au monde, parmi les pays dits "à peu près civilisés", à n'avoir pas d'infrastructures énergétiques, sanitaires (salubrité zéro dans nos rues)... (À la merci des barges poubelles et des propriétaires de générateurs polluants privés) (pollutions sonores, atmosphériques et même phréatiques) Pendant ce temps ... Les dits dirigeants s'entêtent dans des querelles sans fin pour marquer leur territoires et gagner une ou deux places ministérielles supplémentaires pour leur égo et leur poche. N'est il pas la meilleure façon pour se diriger vers un "suicide et une auto-destruction collective" ? Sagesse, où es-tu ?
13 h 32, le 24 août 2018