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Lifestyle - L’aile ou la cuisse

Les Malins : pourquoi cela ne va plus...

Filet de bœuf. Photo C.C.

Depuis qu’il a ouvert deux adresses, Les Malins suit le parcours d’une montagne russe. Au départ à The Backyard Hazmieh, il était perçu comme une brasserie française avec un certain panache, dans un lieu lumineux et spacieux, et avec un beau design, une touche industrielle moderne qui lui donnait un style architectural propre. À l’ouverture, il y avait Chantal, une dame accueillante chargée de s’assurer que les clients étaient satisfaits. Toujours souriante, elle réussissait à combler leurs besoins et demandes spécifiques. Le personnel également, qui se souvenait même du nom des habitués. Aujourd’hui, elle a disparu et avec elle cet accueil professionnel. Il n’y a plus qu’une seule personne dans la salle qui tente sans succès d’être l’homme à tout faire, accompagné d’un coéquipier qui essaie péniblement de suivre. Clairement, et en dépit de leur bonne volonté, aucun des deux n’a le savoir-faire qu’il faut. Les Malins ont malheureusement subi une baisse de niveau sensible dans le service et la prise en charge des clients, en une courte année. La raison pour laquelle ils ont décidé d’ouvrir une autre branche (à l’ABC Verdun, qui plus est…) m’échappe encore. Les deux restaurants sont presque toujours vides, même un samedi soir. À peine trois tables qui apportent un semblant de vie, et même avec si peu à faire, le serveur est complètement débordé et perdu. La terrasse qui offrait une bouffée d’air frais est maintenant fermée par des panneaux de verre. À la musique sortie des haut-parleurs du centre commercial vient s’ajouter celle des bars adjacents. Une cacophonie qui rend la soirée particulièrement pénible.
 
La forme et le fond
Pour commencer le repas, un panier de pains tièdes est servi avec du beurre aux herbes, à température ambiante, ce qui le rend facile à tartiner ; cependant, le choix des herbes pourrait être amélioré. En prenant notre commande, nous avons été informés que quelques plats du menu n’étaient pas disponibles, et qui plus est, deux de leurs spécialités ! Allez comprendre… Ce qui est bien dommage, car la première, des Cuisses de grenouille, était délicieuse lors de notre ancienne visite à Les Malins, même si la portion était petite, tellement qu’il a fallu en commander deux pour être satisfaits. Quant à l’autre spécialité indisponible, c’était le poulpe et le chorizo. Aucun regret, elle avait été servie salée et dans une très mauvaise présentation.
Notre choix s’est donc porté sur le Kale et Quinoa. Étonnamment, cette salade exotique était très fraîche et savoureuse. Il lui fallait juste un peu plus de vinaigrette. Le Carpaccio d’artichauts à la truffe également, ce qui ne devrait pas poser de problème. Quelques gouttes d’huile de truffe auraient aussi fait l’affaire. Le Tartare de saumon frais, une autre spécialité des lieux, devrait être rebaptisé Sashimi de saumon en dés sur tranches d’avocat. Il est sans saveur et sans aucun condiment. La Salade de fromage de chèvre est présentée d’une manière originale, avec du fromage de chèvre pané, mais la vinaigrette contient trop de vinaigre, et c’est dommage. Le meilleur choix en entrée était les Calmars, frais, cuits au parmesan crémeux et garnis d’une sauce tomate. Ils remportent tous les suffrages, si seulement la portion était plus généreuse. Tout est servi dans de très belles assiettes, ce qui rend la présentation plus agréable.
Arrivés aux plats principaux, force est de reconnaître que le Poulet grillé est vraiment bon. Juteux, proposé avec du riz aux amandes et une délicieuse sauce aux champignons. Hélas, c’était le seul plat chaud acceptable, avec le saumon grillé en bon deuxième. Pour le reste, l’Escalope de veau à la milanaise avait le goût de poisson, comme si la même huile avait été utilisée pour faire frire le veau et le poisson, ce qui est totalement inacceptable. Lorsque nous avons demandé que le plat soit refait, le serveur a tenu à préciser que la même huile serait utilisée… Nous avons donc été invités à choisir un autre plat. Quant au Filet de bœuf (Black Angus MB2 +), il était grillé de l’extérieur mais plutôt froid à l’intérieur. Une viande très tendre, en effet, mais sans aucune saveur. Nous l’avions commandée saignante, mais apparemment sortie directement du congélateur, même après avoir été grillée, elle était encore très froide en son cœur. Dieu merci, la purée de parmesan à la truffe nous a consolés. C’est un excellent accompagnement qui devrait être proposé avec chacun de leurs plats principaux.
 Extrêmement déçus par notre expérience, nous avons choisi, pour les desserts, de goûter uniquement au Pain perdu. Il était délicieux, croustillant à l’extérieur et doux et beurré à l’intérieur ; juste ce qu’il fallait pour compenser le dîner désastreux que nous avions eu. Visiblement, les responsables ont rectifié leur erreur, car ils le servaient avec du sirop d’érable au lieu de la sauce caramel à laquelle la plupart des Libanais sont habitués. Plus maintenant. Dorénavant, vous pouvez choisir dans quelle sauce vous voulez tremper le Pain perdu. Après tout, ce ne sont pas des crêpes !
 Les Malins souffre d’une mauvaise gestion à plus d’un niveau. Il s’agit en effet d’un bel établissement, mais qui possède deux grands handicaps : un service mauvais et très lent et de petites portions. Et puis, comment l’équipe de gestion a-t-elle décidé de n’avoir qu’un serveur, qui, de plus, n’est pas très attentif, pour prendre en charge, seul, tout le restaurant ?
Mais les lacunes ne s’arrêtent pas là. Tous les détails sont à revoir, même sur les réseaux sociaux… Deux pages distinctes, une pour chaque branche, affichent exactement la même chose, et dans un français à revoir ! Mes conseils pour améliorer le niveau : au lieu d’ouvrir une adresse de plus, essayez de maintenir la qualité avec laquelle vous avez commencé. Au lieu d’offrir une réduction de 50 % sur les happy hours, les pauses repas de 22 $, etc., pour attirer plus de clients, concentrez-vous sur la qualité et le bon service, car un mauvais service est assassin. Pour un ticket moyen de 50 $, il est légitime d’attendre plus d’un restaurant, que ce soit au niveau de la qualité de la nourriture que du service.



*Critique gastronomique
Il agit dans l’ombre, même si sa signature énigmatique lui donne des airs de gentlemen franco-anglais. Cordon Courtine sévit dans les restaurants de la capitale undercover pour y goûter le meilleur, et parfois le pire. Il revient, un samedi sur deux, pour vous donner ses impressions, toujours très objectives, sur tout ce qui fait la (bonne) réputation d’un restaurant, des saveurs aux odeurs, en passant par la décoration et la propreté des lieux. Bon appétit.

FB : www.facebook.com/CordonCourtine/
Insta : cordon.courtine
E-mail : cordoncourtine@gmail.com



DATA
Son : niveau max = 92,8 dB, TWA = 60,1 dB
Qualité de l’air : 83/100 (bien), COV 0.28ppm, humidité 73%, température +24°C

NOTES
Son : 2/5
Décoration : 4/5
Personnel : 1/5
Plats : 2/5
Propreté : 4/5
Avis : décevant
Prix : élevé (par rapport à ses petites portions)

EN BREF...

On aime bien : les cuisses de grenouille, les calmars, le poulet grillé, la purée de parmesan à la truffe, le pain perdu.

On aime moins : l’escalope de veau à la milanaise, le filet de bœuf, le service lent et mauvais, les petites portions, les plats indisponibles.

Le conseil : vous pouvez éviter Les Malins pour le moment. Il existe un grand nombre de brasseries françaises en ville qui offrent un meilleur repas avec un service supérieur.

LES MALINS, The Backyard Hazmieh et ABC Verdun.



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Depuis qu’il a ouvert deux adresses, Les Malins suit le parcours d’une montagne russe. Au départ à The Backyard Hazmieh, il était perçu comme une brasserie française avec un certain panache, dans un lieu lumineux et spacieux, et avec un beau design, une touche industrielle moderne qui lui donnait un style architectural propre. À l’ouverture, il y avait Chantal, une dame accueillante...

commentaires (2)

Dans notre adage libanais on dit que tout dans la vie surtout pour les restaurants est question d'habitude du visage . Et qui change d'habitude perd sa place .

Antoine Sabbagha

11 h 39, le 18 août 2018

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Commentaires (2)

  • Dans notre adage libanais on dit que tout dans la vie surtout pour les restaurants est question d'habitude du visage . Et qui change d'habitude perd sa place .

    Antoine Sabbagha

    11 h 39, le 18 août 2018

  • Il existe tant de petits bistrots et de restaurants charmants, en ville comme en montagne qui meriteraient bien plus d etre connus d’un public a l’affut des bonnes tables, et ou l’accueil, la nourriture et le service donnent chaud au coeur et nous incitent a y revenir. Le choix du restaurant de ce jour avec l’article assassin mais justifie, qui l’accompagne, ne constitue pas un choix judicieux, pardonnez moi l’expression, pour des gourmets et des gourmands a l’affut de nouvelles addresses ou de decouvertes culinaires. Puis je suggerer en toute modestie, trois differents endroits que je frequente assidument depuis leur ouverture, qui ont fait l’unanimite parmi leurs habitues, et qui meriteraient une visite de votre charmante experte gastronomique? En Europe, et partout dans le monde, les lecteurs se joignent aux critiques gastronomiques pour leur faire part de leurs experiences ou leur suggerer de visiter ces endroits. Pour ma part, je vous prie de visiter : Au Bistrot de Michel, The Wood Factory et Makan. Trois cuisines differentes que beaucoup de vos lecteurs adoreraient decouvrir.

    Cadige William

    10 h 22, le 18 août 2018

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