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À La Une - Syrie

Les Kurdes se tournent vers Damas pour négocier l'autonomie

Selon un haut représentant kurde, les milices pourraient prêter main forte à une éventuelle offensive des forces pro-gouvernementales dans la province d'Idleb et coopérer davantage avec le pouvoir syrien face à l'offensive turque.

Des combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) se tenant à l'extérieur d'une maison à Raqqa, en Syrie, le 21 juin 2017. REUTERS/Goran Tomasevic

Les Kurdes syriens, qui se méfient des Etats-Unis, allié devenu imprévisible, sont plus que jamais disposés à négocier avec le régime de Bachar el-Assad afin de conserver leurs acquis depuis le début de la guerre civile.

Les principaux groupes kurdes figurent parmi les rares bénéficiaires du conflit en Syrie. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), milice à dominante kurde, ont pris le contrôle d'une bonne part du nord du pays, région qui jouit d'une autonomie de fait depuis le début de la guerre. En plus de sept années de conflit, les Kurdes ont pour la plupart évité de s'opposer frontalement au régime d'Assad, au côté duquel ils ont même combattu les insurgés et les forces turques dans la région d'Afrine, près de la frontière avec la Turquie.

Une négociation s'est ouverte entre les Kurdes et le gouvernement syrien sur le retour des fonctionnaires et la réparation d'une des infrastructures les plus importantes de Syrie : le barrage de Taqba, le plus grand du pays, dont les FDS ont repris le contrôle au groupe jihadiste Etat islamique (EI) l'an dernier avec l'appui aérien des Etats-Unis.
Selon un haut représentant kurde, les milices pourraient prêter main forte à une éventuelle offensive des forces pro-gouvernementales dans la province d'Idleb (Nord-Ouest), où se sont regroupés la majorité des rebelles, et coopérer davantage avec le pouvoir syrien face à l'offensive turque.


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Assad prêt à discuter, mais pas pressé
Les Kurdes, après avoir subi pendant des années la répression du parti Baas au pouvoir à Damas, disent ne pas vouloir l'indépendance de la région qu'ils contrôlent mais trouver un accord politique pour préserver son autonomie.
En mai, Bachar el-Assad a déclaré pour la première fois "ouvrir la porte" à des discussions avec les représentants des FDS, tout en menaçant d'utiliser la force. Si un accord venait à être trouvé, Damas pourrait avoir réglé le conflit dans la majeure partie du pays.

Cependant, des experts estiment que le gouvernement de Bachar el-Assad n'est pas pressé de venir à la table des négociations, renforcé dans sa position par les succès militaires des forces gouvernementales qui ont repris de nombreux territoires aux rebelles.
"Nous avons la conviction qu'il faut ouvrir des canaux de dialogue (...) La Constitution, le processus politique, tout cela ne sera pas résolu sans le régime", souligne Ilham Ahmed, une représentante de la branche politique des FDS. "Le régime ne va pas disparaître", ajoute-t-elle.

Avec l'apport décisif des milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) et le soutien des pays occidentaux, l'alliance arabo-kurde des FDS contrôle près d'un quart de la Syrie. Environ 2.000 soldats américains sont déployés dans cette région riche en pétrole, en eau et en terres agricoles - ce qui constitue un important levier pour les Kurdes.


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Déclarations américaines contradictoires
Si la Turquie considère les YPG comme des terroristes liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les Etats-Unis voient dans la milice kurde un allié dont le rôle a été essentiel dans la lutte contre les djihadistes de l'EI.

Washington a toutefois évité de faire des promesses politiques aux Kurdes, qui se méfient de la position américaine. Les Etats-Unis ont multiplié ces derniers mois les déclarations contradictoires et pourraient privilégier leurs relations avec la Turquie, l'un de leurs partenaires de l'OTAN. Ainsi Washington est-il resté silencieux lorsque Ankara a lancé une opération militaire dans la région d'Afrine.
"Nous nous sommes sentis abandonnés", dit Ilham Ahmed. "Ce que veulent les Etats-Unis n'est pas clair."

Donald Trump a déclaré en avril vouloir retirer sous peu les troupes américaines de Syrie, une hypothèse que des représentants américains ne considèrent pas d'actualité. Le déploiement de soldats américains à Manbij, près de la frontière turque où Ankara voulait déloger les YPG, a cependant été vu comme un signal positif par la représentante kurde.

Selon Henri Barkey, professeur de relations internationales à l'université Lehigh, dans l'Etat américain de Pennsylvanie, la politique de Washington en Syrie a poussé les dirigeants kurdes à se rapprocher de Damas. "Si vous êtes un Kurde syrien, vous devez penser au jour où Trump va décider de retirer les troupes (...) Il peut mener des politiques complètement contradictoires", rappelle-t-il.     


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