Rechercher
Rechercher

À La Une - syrie

Le cimetière de Kobané, symbole des victoires kurdes contre l'EI

"Cette guerre nous a fatigués, nous aspirons à la paix, mais il faut d'abord que l'EI soit totalement éradiqué pour que nos sacrifices aient du sens", lance un Kurde qui a perdu son fils de 12 ans.

Des Kurdes syriens se recueillant sur les tombes de leurs proches tombés lors des combats contre l'Etat islamique, dans le cimetière de Kobané, dans le nord de la Syrie, le 28 mai 2018. AFP / Delil souleiman

Avec la tendresse d'un père, Adham Olaiki nettoie les feuilles et les brindilles sur l'ultime lieu de repos de son fils, une tombe de marbre dans un cimetière aux abords de Kobané, symbole dans le nord syrien de la résistance aux jihadistes.

C'est là, dans "le cimetière des Martyrs", que reposent des centaines de combattants kurdes, tombés sur le champ de bataille face au groupe Etat islamique (EI), ainsi que des civils pris pour cible ou tués par l'explosion de mines, comme le fils d'Adham, mort en 2015 à 12 ans.
Un monument funéraire de forme pyramidale, décoré des drapeaux des Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde, veille sur des rangées de tombes identiques, recouvertes de marguerites jaunes et de roses rouges - aux couleurs du drapeau de la milice.

"Je viens ici chaque jour et m'occupe du jardin du cimetière. Cet endroit est devenu plus qu'une maison pour moi. Je ne me sens bien qu'auprès de la sépulture de mon fils", lâche le quinquagénaire. Depuis trois ans, il vient tous les jours se recueillir, accomplissant avec religiosité le même rituel auprès de la tombe de son fils. Il a lui-même combattu dans les rangs des YPG, soutenues par la coalition internationale menée par Washington, et contribué à la victoire hautement symbolique contre l'EI à Kobané en 2015, au terme de quatre mois de combats acharnés. "J'ai encore les cicatrices d'éclats d'obus," dit-il en montrant son dos.


(Lire aussi : En Syrie, les habitants de Kobané comptent sur eux-mêmes pour reconstruire )



"Fatigués de la guerre"
Sur des pierres tombales en marbre sont gravés les noms de guerre des combattants kurdes, ainsi que leur date de naissance et la bataille durant laquelle ils sont tombés en "martyrs".
Beaucoup ont été tués à Kobané, d'autres dans la ville voisine de Manbij en 2016, ou encore durant l'offensive de 2017 pour chasser l'EI de Raqqa, la capitale de facto des jihadistes dans le nord syrien. Et les YPG poursuivent à l'heure actuelle leur ultime offensive contre les dernières poches de l'EI dans l'est du pays.

Si Adham affirme ne pas regretter avoir pris les armes à l'époque, il dit désormais vouloir vivre en paix. "Beaucoup de mes camarades de combat sont enterrés ici. Cette guerre nous a fatigués, nous aspirons à la paix, mais il faut d'abord que l'EI soit totalement éradiqué pour que nos sacrifices aient du sens", affirme-t-il.

Le cimetière, érigé en 2012, n'a eu de cesse de s'élargir au fil des batailles livrées par les milices kurdes au groupe jihadiste. Il abrite 1.230 martyrs tombés lors des combats à Kobané, Manbij, Raqqa et ailleurs, indique à l'AFP Aref Bali, responsable d'une association qui soutient les familles.


(Lire aussi : Le combat de coqs, sport en vogue dans les régions kurdes de Syrie)



"En vain"
Des visiteurs marchent entre les tombes à la recherche d'un proche tandis que d'autres dépoussièrent les stèles ou arrangent les fleurs en récitant une prière.

La petite Leila, âgée seulement de 18 mois, joue innocemment près de son grand-père et de sa tante, venus visiter la tombe de son père, mort l'an dernier dans l'explosion d'une mine plantée par l'EI à Raqqa.

Le grand-père, Mohyeddin Hami, qui tient à la main une photo du défunt, a deux autres fils qui combattent toujours au sein des YPG. "Leila a perdu son père 20 jours après son premier anniversaire. Mon fils avait assisté à cette célébration puis nous a quittés", raconte à l'AFP M. Hami, les larmes aux yeux. "Notre peine est immense, nous avons sacrifié nos enfants pour libérer notre terre. Nous poursuivrons Daech jusqu'au dernier jihadiste", insiste le sexagénaire, utilisant l'acronyme arabe de l'EI. "Tout ce sang n'a pas été versé en vain, c'était pour préserver la sécurité et la stabilité de ce pays", ajoute-t-il.

A quelques mètres de la famille Hami, celle des Ibich rend hommage à plusieurs de ses membres morts dans les combats contre l'EI. Hamad Ibich, 56 ans, a participé, avec son frère, à la bataille de Kobané mais seul lui en est sorti sain et sauf.  Le frère a été tué avec 12 autres combattants, lors d'une offensive féroce des jihadistes contre une position kurde qu'ils tenaient, se souvient-il.
Le quinquagénaire a également perdu son fils et son neveu, tous deux morts au combat. "Beaucoup de vies ont été sacrifiées, chaque famille a perdu deux ou trois de ses membres", dit-il. "Nous gardons la tête haute grâce à nos martyrs. Daech est fini et les habitants du nord de la Syrie peuvent enfin souffler et vivre à l'abri de toute cette brutalité".



Pour mémoire
En Syrie, "réparer les lionceaux du califat" par l'écoute et la "morale"

Alerte maximale à Manbij, menacée par une offensive turque

En manque d’alternative, les Kurdes se retirent de Manbij    

Avec la tendresse d'un père, Adham Olaiki nettoie les feuilles et les brindilles sur l'ultime lieu de repos de son fils, une tombe de marbre dans un cimetière aux abords de Kobané, symbole dans le nord syrien de la résistance aux jihadistes.C'est là, dans "le cimetière des Martyrs", que reposent des centaines de combattants kurdes, tombés sur le champ de bataille face au groupe ...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut