Rechercher
Rechercher

À La Une - Turquie

Devlet Bahçeli, l'énigmatique faiseur de roi d'Erdogan

Le chef de la droite nationaliste turque est considéré comme l'un des navigateurs les plus rusés de la tumultueuse scène politique en Turquie. 

Le chef de la droite nationaliste turque Devlet Bahçeli et le président Recep Tayyip Erdogan. AFP PHOTO /TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE

On le disait fini. Mais après sa réussite inattendue aux élections, le chef de la droite nationaliste turque Devlet Bahçeli s'est imposé comme le faiseur de roi du président Recep Tayyip Erdogan et a renforcé son image de politicien retors. 

Âgé de 70 ans, M. Bahçeli est considéré comme l'un des navigateurs les plus rusés de la tumultueuse scène politique turque, traversant toutes les tempêtes à la tête du Parti d'action nationaliste (MHP) qu'il dirige depuis 1997. Mais après plusieurs décennies à manoeuvrer dans l'ombre et un récent passage difficile, ce vieux loup s'apprête à avoir une influence sans précédent sur la politique turque, alors même que des observateurs prédisaient encore récemment sa fin imminente.

Aux élections de dimanche, le MHP a recueilli 11% des voix, un score bien au-dessus des prévisions qui fait de ce parti un allié indispensable de la formation de M. Erdogan, l'AKP, qui, avec 43% des suffrages, ne peut contrôler seul le Parlement. Par conséquent, explique Emre Erdogan, professeur de sciences politiques à l'Université Bilgi à Istanbul, "le MHP a un important pouvoir de négociation et de chantage, et cela va avoir un impact direct sur la politique du président turc".

Un triomphe pour M. Bahçeli, qui a été reçu mercredi par M. Erdogan alors que les tractations battent leur plein avant la formation du nouveau gouvernement. "Ils ont essayé de nous détruire, mais ils échoué", avait-il réagi après l'annonce des résultats. "La nation turque a fait du MHP un parti pivot au Parlement et lui a confié les responsabilités importantes de contrepoids et de contrôle". Signe de cet esprit de revanche, le MHP a publié mardi dans la presse un encart publicitaire glaçant avec la liste des éditorialistes et commentateurs qui avaient prédit la déconfiture de ce parti aux élections. "Nous n'oublierons pas", prévient le texte.


(Lire aussi : La Turquie parachève son basculement dans la « démocrature »)  


"Bahchiavel"

En déjouant tous les pronostics, M. Bahçeli a regagné sa réputation de fin tacticien. Un surnom flatteur est même apparu sur les réseaux sociaux : "Bahchiavel", en référence au théoricien politique florentin de la Renaissance, Machiavel. Né en 1948 dans la province d'Osmaniye (sud), M. Bahçeli a suivi des études universitaires en économie, fréquenté les milieux nationalistes avant de se lancer en politique.

En 1997, il prend les rênes du MHP, succédant au dirigeant fondateur Alparslan Türkes. Le parti est alors une formation d'extrême droite violente, symbolisée par les "Loups Gris", des bandes armées soupçonnées d'avoir commis de nombreux meurtres dans les années 70.

Si le parti conserve sa rhétorique nationaliste et panturquiste, M. Bahçeli la transforme en formation de droite moderne qui parvient, un temps, à séduire les électeurs les plus à droite de l'AKP. Avec ses chevalières, son visage anguleux et son turc châtié, M. Bahçeli s'impose comme un opposant implacable de M. Erdogan. Mais après une contre-performance aux législatives de novembre 2015, le vieux loup est menacé par une fronde interne emmenée notamment par Meral Aksener, une ex-ministre de l'Intérieur, et se rapproche du président.

Après la tentative de putsch du 15 juillet 2016, les deux hommes formalisent leur alliance qui conduira leurs deux partis à se présenter sous une bannière commune aux élections de dimanche.


(Lire aussi : Vers un changement de la politique turque en Syrie après la réélection d’Erdogan ?


"Position de force"

A plusieurs reprises, M. Bahçeli a balayé l'idée d'accepter un poste au gouvernement : "Cela ne sied pas à mon caractère". Mais même dans l'ombre, son influence sera grande, prédisent les analystes.

Le partenariat entre MM. Erdogan et Bahçeli risque d'être mouvementé, alors que ce dernier semble déterminé à imposer ses orientations sur la politique du gouvernement, comme une ligne dure sur la question kurde et vis-à-vis de l'Occident. Déjà, pendant la campagne, M. Bahçeli avait milité pour obtenir une amnistie pour des personnes condamnées, s'attirant une fin de non recevoir. "Le MHP se sent clairement en position de force après avoir permis la victoire d'Erdogan", souligne Ziya Meral, du centre d'analyse historique et de recherche sur les conflits de l'armée britannique.

Signe de ce sentiment, l'un des présidents adjoints du MHP Sefer Aycan a déclaré, selon la presse, qu'après avoir "sauvé Erdogan, le Parlement "fera ce que nous dirons". Il a été promptement écarté par M. Bahçeli.



Repère

Après la victoire, les 5 défis diplomatiques d'Erdogan

Pour mémoire

Les dates-clés du pouvoir d'Erdogan

Passer entre les gouttes, le combat des intellectuels turcs

On le disait fini. Mais après sa réussite inattendue aux élections, le chef de la droite nationaliste turque Devlet Bahçeli s'est imposé comme le faiseur de roi du président Recep Tayyip Erdogan et a renforcé son image de politicien retors. Âgé de 70 ans, M. Bahçeli est considéré comme l'un des navigateurs les plus rusés de la tumultueuse scène politique turque, traversant...

commentaires (2)

FAIRE DU MINI PRETENDU SULTAN UN VRAI SULTAN N,EST PAS TRAVAIL D,UN JOUR ET LES ELECTIONS OBTENUES APRES LES PURGES DE CENTAINES DE MILLIERS DE CITOYENS NE REFLETENT QUE LA CRAINTE POUR AUJOURD,HUI ET LA MEFIANCE POUR DEMAIN !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 35, le 28 juin 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • FAIRE DU MINI PRETENDU SULTAN UN VRAI SULTAN N,EST PAS TRAVAIL D,UN JOUR ET LES ELECTIONS OBTENUES APRES LES PURGES DE CENTAINES DE MILLIERS DE CITOYENS NE REFLETENT QUE LA CRAINTE POUR AUJOURD,HUI ET LA MEFIANCE POUR DEMAIN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 35, le 28 juin 2018

  • On le savait, Erdogan par nature il représente l'union des deux extrêmes celles de la religion la plus obscure et du nationalisme le plus fanatique, le plus inhumain (les loups gris) (fascisme turc) Bahceli, n'est qu'un support de circonstance ... Le bouffon du petit sultan en somme!

    Sarkis Serge Tateossian

    23 h 04, le 27 juin 2018

Retour en haut