Des moteurs qui vrombissent, des pneus qui crissent, des bruits de klaxons et des kilomètres de bouchons : voilà à quoi ressemblent les routes de Beyrouth. Et si dans quelques années les vélos remplaçaient peu à peu les voitures ?
Depuis 10 ans, c’est ce que « Liaison douce », un projet d’espaces verts pour piétons et cyclistes, tente péniblement de mettre en place. Pour le moment, dans la capitale, il est impossible de faire un trajet à bicyclette en centre-ville sans se frotter aux voitures. « Ça sera un super espace cycliste », explique Gabriel Fernainé, membre du conseil municipal et président du comité des espaces verts à Beyrouth. Situé principalement le long de la route de Damas, le projet aspire à favoriser la circulation sans véhicules motorisés et à diminuer les embouteillages. « C’est une expérience pionnière dans la région. Mais pour lancer les travaux, il faut la validation de la Cour des comptes… qui tarde à venir. Je suis très déçu du blocage de l’administration », confie-t-il.
« “Liaison douce”, j’en entends parler depuis toujours », déplore Nadida Raad, cofondatrice de The Chain Effect. Son association défend la circulation en vélo au Liban et organise des rassemblements et ateliers autour de la mobilité douce. « Tout est très lent à Beyrouth, en particulier quand le projet n’a pas d’intérêt financier direct. Les vélos, ça ne rapporte rien sur le court terme. » Pourtant, faciliter la circulation des cyclistes est un véritable enjeu pour le futur. « “Liaison douce” traduit un engouement et un besoin de la population pour les vélos », explique le conseiller municipal, qui espère voir la naissance d’un réseau de pistes cyclables avant la fin de l’année.
Bike to work/Bike 4 All
Pour Nadida Raad, les pistes cyclables ne sont pas le cœur du problème : « Nous devrions d’abord travailler sur la représentation des cyclistes dans notre culture. Aujourd’hui, quelqu’un qui circule à vélo est perçu comme pauvre. » Et changer la perception des cyclistes est effectivement une priorité pour l’association. The Chain Effect rassemble régulièrement des amoureux du vélo et les invite à se rendre au travail à bicyclette avec des journées Bike to Work. Le surpoids, la pollution, les bouchons… Selon Nadida Raad, « le vélo représente une solution simple à de nombreux problèmes ». De plus, « Beyrouth est une ville plutôt petite où la météo est agréable, ce qui rend la bicyclette plus confortable ».
En attendant que « Liaison douce » voie le jour, la municipalité a décidé d’investir conjointement avec l’association Beirut by Bike dans un autre projet : Bike 4 All. Depuis 2017, cinq vélos sont en libre accès dans la capitale libanaise. Dans les prochains mois, leur nombre devrait être porté à 500, répartis dans 25 stations. « Nous attendons la validation du conseil municipal d’ici à la fin de l’année », explique Gabriel Fernainé. Mais sans espace réellement adapté pour les cyclistes, le succès est loin d’être garanti.
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commentaires (3)
Le problème culturel n'est pas très différent je pense que par exemple en Espagne ou en Grèce ou autre culturelle méditeranien, je pense que la bicyclette est percu en Italie ou Espagne ou le Liban plutôt comme moyen de sport (par exemple les courses fameuses en Italie comme la Giro d'Italia ou la Vuelta Ciclista a España) et que dans ces pays la culture fait difficile d'utiliser le vélo comme moyen de transport simple dans la ville donc ce qui n'est pas très différent à Beyrouth comme Athènes ou autre pays méditéranien.
Stes David
11 h 55, le 27 juin 2018