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Liban - Gouvernement

Vers un cabinet avant juillet ?

Talal Arslane. Photo Marwan Assaf

Le Premier ministre désigné Saad Hariri est attendu à Beyrouth dans les prochaines heures. Il devrait recevoir la chancelière allemande Angela Merkel, qui entamera aujourd’hui une visite de deux jours au Liban.
Avec le retour de M. Hariri, on sera en plein droit de s’attendre enfin à une sérieuse relance des négociations en vue de la mise sur pied de ce que les proches du chef de l’État Michel Aoun appellent « le premier cabinet du sexennat ».
À la faveur de cette atmosphère positive, on estimait récemment dans certains milieux politiques que la future équipe ministérielle pourrait voir le jour avant la fin du mois de juin. Mais chez les haririens, on est plus pragmatique. On semble soucieux de ne pas brûler les étapes. D’autant que les nœuds entravant encore la mise sur pied du cabinet semblent de plus en plus difficiles à défaire.

C’est justement dans une tentative de surmonter « l’obstacle chrétien » généré par le différend opposant le Courant patriotique libre (CPL) aux Forces libanaises (FL) au sujet de leur représentation au sein de la future équipe ministérielle que Saad Hariri s’est entretenu à Paris avec le chef du CPL, Gebran Bassil. De source bien informée, on apprend que M. Bassil a profité de cette rencontre pour assurer que son parti ne voudrait écarter personne du prochain cabinet, d’autant qu’aussi bien le chef de l’État que le Premier ministre désigné ont exprimé leur désir de mettre sur pied un cabinet d’entente nationale. Il a toutefois réitéré son attachement à une quote-part ministérielle qui reflèterait le nouveau poids politique du CPL, issu des législatives du 6 mai, ajoute-t-on de même source.
Ibrahim Kanaan, député CPL du Metn, a déclaré hier à ce sujet que la rencontre Hariri-Bassil était positive, insistant sur l’importance de l’accord politique pour permettre au cabinet d’enregistrer des accomplissements. Soulignant qu’il n’est pas question de revenir à la période précédant l’accord de Meerab, M. Kanaan a assuré que son parti n’opposera aucun veto à un ministère régalien qui serait accordé aux FL, notant que les négociations sont encore en cours.
Le CPL serait donc en train de réduire l’ampleur de la polémique l’opposant au parti de Samir Geagea. Salim Aoun, député CPL de Zahlé, a ainsi déclaré à l’agence al-Markaziya : « Je ne vois aucun problème avec les FL », ajoutant que « personne n’a intérêt à retarder la formation du prochain cabinet ». Il a cependant insisté sur l’importance de respecter les poids parlementaires issus de la consultation populaire de mai dernier.

Mais à Meerab, on demeure conscient que « le nœud chrétien » existe toujours, en dépit de la « trêve médiatique » entre les deux formations. Contacté par L’Orient-Le Jour, un cadre FL décrit les rapports entre les partenaires de la réconciliation interchrétienne de 2016 comme « frigorifiés », notant que cela signifie qu’ils ne se sont pas détériorés, même si le processus de formation du cabinet est à même de causer quelques tensions.
En attendant une réunion prévue aujourd’hui du bloc dit « La République forte » dirigé par les FL, dans le cadre de laquelle les députés discuteront de toutes les questions d’actualité, dont notamment les négociations gouvernementales, le cadre FL déclare que son parti est attaché à la « vision » qu’il a déjà présentée à Michel Aoun et Saad Hariri lors des consultations parlementaires tenues il y a trois semaines, et préfère que les négociations se poursuivent loin des projecteurs, afin d’éviter tout genre de polémiques médiatiques.


(Lire aussi : Gouvernement : En attendant Hariri, on joue les prolongations)



Les sunnites du 8 Mars
Pour ce qui est du « nœud sunnite », il ne fait que se raidir. D’autant que les dix députés sunnites gravitant dans l’orbite du 8 Mars continuent d’insister à prendre part au nouveau gouvernement, en dépit de l’opposition catégorique du courant du Futur. « Un gouvernement d’entente nationale devrait inclure toutes les composantes politiques du pays, y compris les sunnites qui ne convergent pas avec le Futur sur la même ligne politique. Même si Saad Hariri est habitué à monopoliser la représentation des sunnites », déclare ainsi sans détour à L’OLJ un proche de Fayçal Karamé, député de Tripoli. Il va encore plus loin : « Nous tenons à être représentés par deux ministres qui ne relèveraient pas de la quote-part accordée au président de la République. »

Sauf que Sami Fatfat, député de Denniyé (Futur), perçoit les choses sous un autre angle. Joint par L’OLJ, il souligne que les opposants sunnites ne forment pas un bloc parlementaire unifié. « Ils n’ont unifié leurs rangs que momentanément, dans le seul but de prendre part au gouvernement », note-t -il, avant de confier qu’il préfère que ces députés ne soient pas présents au sein du troisième cabinet Hariri.


(Lire aussi : La lutte contre la corruption, en tête des priorités du nouveau gouvernement, le décryptage de Scarlett HADDAD)


 
Arslane contre Joumblatt
De même la querelle entre le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, et son principal rival, Talal Arslane, ne fait que s’amplifier. Et pour cause : M. Joumblatt insiste à monopoliser les trois sièges druzes dans un cabinet de trente. En face, M. Arslane ne cache pas son désir d’intégrer l’équipe Hariri, d’autant qu’il a pu remporter la bataille électorale dans la circonscription de Chouf-Aley. Le bras de fer entre les deux partis a pris hier plus d’ampleur. Et pour cause : des sources au sein de la formation de Talal Arslane ont ouvertement invité le leader de Moukhtara à se ranger dans le camp de l’opposition, en harmonie avec ses prises de position hostiles au mandat Aoun. « Notre bloc sera représenté par un druze. Et aucun gouvernement ne pourra être formé sans l’émir. Soit M. Joumblatt accepte la présence de Talal Arslane au gouvernement, soit qu’il en sorte », ajoute-t-on dans les mêmes milieux.

Nœud arménien ?
Si les regards sont surtout braqués sur ces trois obstacles, la représentation arménienne pourrait bien créer un quatrième nœud. D’autant que le parti arménien majoritaire Tachnag tient à avoir deux ministres arméniens-orthodoxes, comme le souligne à L’OLJ Hagop Terzian, député de Beyrouth. Une option contestée par Jean Talouzian, également député de Beyrouth, indépendant allié aux FL. Selon lui, « le parti Tachnag ne devrait avoir qu’un seul ministre. Et le second devrait être arménien-catholique. Si cela n’est pas le cas, je pourrais priver le prochain gouvernement de ma confiance, même si les FL y prennent part », confie-t-il à L’OLJ.


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commentaires (2)

DE QUELLE ANNEE S.V.P. ?

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 58, le 21 juin 2018

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Commentaires (2)

  • DE QUELLE ANNEE S.V.P. ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 58, le 21 juin 2018

  • allons donc, PERSONNE eme pas HN ni GB n'auront le mot de la fin . LA FORMULE leur sera "instruite"/forcee , un beau jour ,comme toujours .

    Gaby SIOUFI

    09 h 10, le 21 juin 2018

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