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Liban - Trois questions à...

Bakr Hojeiry : La loi 10 vise à empêcher les sunnites de rentrer en Syrie

Bakr Hojeiry, député de Baalbeck-Hermel. Photo ANI

Tous les regards sont braqués à l’heure actuelle sur la ville frontalière de Ersal, après la visite la semaine dernière du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, sur fond de querelle avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) concernant le rapatriement de quelque 3 000 réfugiés syriens stationnés dans la localité. Le retour de ces réfugiés a vraisemblablement été reporté, le régime syrien n’ayant autorisé, selon certaines sources, que 460 d’entre eux à rentrer. Questionné par L’Orient-Le Jour, Bakr Hojeiry, député de Baalbeck-Hermel originaire de Ersal, estime qu’il s’agit d’une volonté de Damas de procéder à une épuration ethnique visant les opposants sunnites.



Quelle est la portée de la visite de Gebran Bassil à Ersal, alors que le ministère des Affaires étrangères est en crise depuis quelques jours avec le HCR ?
La visite de M. Bassil à Ersal a une double portée pour nous. Elle lui a permis tout d’abord de voir sur le terrain les souffrances des réfugiés à Ersal, mais aussi de voir les souffrances des habitants dues à la présence de ces réfugiés et après le siège auquel la ville a été soumise. Nous aurions cependant souhaité qu’il nous mette au courant de sa visite au préalable, nous l’aurions accueilli autrement et nous lui aurions montré certains détails qu’il n’a pas pu voir.  Par ailleurs, c’est le gouvernement qui est supposé travailler sur la politique étrangère du pays et le ministre des Affaires étrangères a pour fonction de traduire cette politique. Le ministre des Affaires étrangères est un membre du gouvernement ; du coup, prendre des décisions seul est inadmissible. Il est inacceptable que chaque ministre constitue par lui-même un mini-État au sein du gouvernement, il faut plus de discipline à ce niveau.
La visite de Gebran Bassil traduit les appels à l’ouverture d’un dialogue direct avec le gouvernement syrien concernant le retour des réfugiés, avec une attention particulière pour les réfugiés de Ersal, étant donné que la ville représente politiquement le Premier ministre, Saad Hariri.


(Lire aussi : Réfugiés syriens au Liban : le régime de Damas entrave sérieusement les efforts de rapatriement anticipé)



Pourquoi selon vous le choix s’est-il porté sur le rapatriement de 3 000 réfugiés se trouvant à Ersal, alors que la ville en compte 60 000 ?
Les 3 000 personnes choisies pour le rapatriement sont originaires de Flita, dans le Qalamoun syrien, et elles disent que leur région est sûre. Mais pourquoi ces personnes-là en particulier, sachant que dans certaines familles, ce n’est pas l’ensemble des membres qui ont été choisis ? Il y a un comité qui s’est chargé d’établir la liste ; il est formé d’un moukhtar à Ersal et de quelques Syriens relevant directement des renseignements militaires.
Mais si la situation est bonne en Syrie, pourquoi uniquement 3 000 personnes veulent rentrer ? Il y a 60 000 réfugiés à Ersal aujourd’hui. Si tout va bien dans leur pays, qu’ils rentrent chez eux. La situation aujourd’hui à Ersal est tragique. Les habitants sentent que les Syriens raflent les opportunités d’emploi. De plus, nous n’avons pas les infrastructures nécessaires pour accueillir ce grand nombre de personnes.

Par ailleurs, la moitié des réfugiés à Ersal sont originaires de Qousseir. Ces derniers ont remis une lettre à M. Bassil lors de sa visite dans laquelle ils expliquent que la majorité du Qousseir est détruite et que seul l’est de la région est actuellement habité par des personnes d’une autre confession que la leur. Ils disent que des membres de leurs familles qui sont à l’intérieur de la Syrie sont empêchés de se rendre à Qousseir. « Comment voulez-vous alors qu’on y aille sans couverture internationale ? » écrivent-ils dans leur lettre. Je ne voulais pas en parler pour qu’on ne dise pas que je travaille contre le retour des réfugiés… Nous voulons qu’ils rentrent. Les habitants de Ersal, qui ont beaucoup enduré, veulent tout simplement que les Syriens rentrent sans souci des canaux empruntés. Nous souhaitons que la situation s’améliore pour qu’ils retournent.


(Lire aussi : Une aide européenne sans précédent au Liban)


Peut-on parler d’épuration ethnique aujourd’hui en Syrie ?
La loi syrienne numéro 10 (qui ouvre la voie à des expropriations de masse si des titres de propriété ne sont pas présentés aux autorités) consacre l’épuration ethnique et cela est inacceptable. L’ONU doit assumer ses responsabilités dans cette affaire. C’est plus que de l’épuration, c’est l’abandon de tout un peuple, Bachar el-Assad doit être jugé et sanctionné.
La plupart de ceux qui ne pourront pas recouvrer leurs propriétés sont des opposants sunnites. On dirait que le but de la loi est que ceux-là ne reviennent pas (…). Dans l’est de Qousseir par exemple, il y a désormais des alaouites qui ont pris place dans la région, comme si un changement démographique était en préparation.


Lire aussi
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Tous les regards sont braqués à l’heure actuelle sur la ville frontalière de Ersal, après la visite la semaine dernière du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, sur fond de querelle avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) concernant le rapatriement de quelque 3 000 réfugiés syriens stationnés dans la localité. Le retour de ces réfugiés a...

commentaires (2)

CETTE LOI EN SOUSREAYANT LA PROPRIETE SOUSTRAIT LA NATIONALITE TOUT AUSSI ! QUE NOTRE NEBGHA EN PRENNE NOTE...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 37, le 21 juin 2018

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Commentaires (2)

  • CETTE LOI EN SOUSREAYANT LA PROPRIETE SOUSTRAIT LA NATIONALITE TOUT AUSSI ! QUE NOTRE NEBGHA EN PRENNE NOTE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 37, le 21 juin 2018

  • "La loi 10 vise à empêcher les sunnites de rentrer en Syrie". Je pense que c'est une évidence pour tout le monde... sauf pour notre bouillant ministre des AE! Pour lui, du moment que son homologue syrien lui a affirmé que la Syrie respecte la propriété privée, rien à craindre!

    Yves Prevost

    06 h 30, le 21 juin 2018

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