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Moyen Orient et Monde - Focus

Trump et Kim signent un document de principes qui reste ambigu

Le texte signé au terme du sommet Trump-Kim laisse en suspens les détails de la question centrale de la dénucléarisation.

La poignée de main historique, hier à Singapour, entre Donald Trump et Kim Jong-un. Saul Loeb/AFP

Le sommet historique États-Unis-Corée du Nord a finalement eu lieu. Des poignées de main, des sourires et des tapes sur l’épaule, de la part de deux dirigeants de puissances nucléaires qui, quelques mois plus tôt, étaient au summum de la guerre des mots. Une déclaration commune de Washington et Pyongyang a finalement été signée hier et publiée dans une ambiance chaleureuse, mais sans apporter de réponses véritablement concrètes aux thèmes abordés.

Le numéro un nord-coréen, Kim Jong-un, a estimé que « la page du passé » était tournée et a qualifié la rencontre de « bon prélude pour la paix ». De son côté, le président américain Donald Trump a trouvé le leader nord-coréen « très talentueux (…), très bon négociateur » et « a salué la relation très spéciale établie » avec lui. Il s’est aussi dit prêt à se rendre « le moment venu » à Pyongyang et à recevoir le leader nord-coréen à la Maison-Blanche.

Trop vague et ambigu dans sa formulation, le texte signé repose sur deux engagements principaux : celui des États-Unis de fournir des « garanties de sécurité » à la Corée du Nord et l’engagement de Pyongyang pour « une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne ».


(Voir ici le texte signé par Trump et Kim à l'issue de leur sommet)


Aucune précision n’a toutefois été faite sur les modes d’accomplissement et le sens de ces deux engagements, fondamentaux pour les deux parties. Il faut noter que la « dénucléarisation » voulue dans le document n’est pas celle « complète, vérifiable et irréversible », telle que demandée par les Américains depuis 2003. Au lieu de cela, la déclaration est restée dans la ligne du sommet de Panmunjom du mois d’avril dernier entre les leaders nord et sud-coréens et rappelle que « la République populaire et démocratique de Corée s’engage à travailler à une dénucléarisation complète de la péninsule Coréenne ».

Il faudra comprendre ce que Kim Jong-un entend par « dénucléarisation, car le régime nord-coréen est extrêmement centralisé en sa personne. Benjamin Hautecouverture, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique à Paris, explique à L’Orient-Le Jour que c’est là la « question à un million de dollars ». Si l’on se base sur la « formule » qu’on retrouve dans la déclaration conjointe, on pourrait, selon lui, spéculer que la dénucléarisation de la péninsule reviendrait à discuter non seulement des capacités nucléaires nord-coréennes, mais aussi « des actifs stratégiques des États-Unis aéroportés et navals dans la région », notamment à Guam, au Japon et en Corée du Sud, mais aussi des missiles sol-sol capables d’atteindre la péninsule depuis le territoire continental américain. Une chose est sûre, selon l’expert, « le leader nord-coréen n’acceptera pas une dénucléarisation de manière unilatérale ».


(Lire aussi : Avantage Kim, le commentaire d'Anthony Samrani)


Face au flou du texte, Donald Trump a toutefois assuré, lors d’une conférence de presse suivant le sommet, hier, que la dénucléarisation ferait bien l’objet de vérifications. Les discussions pourront donc être très longues, du fait de l’ambiguïté de la déclaration commune qui donne largement lieu à interprétation. Interrogé par L’OLJ, le professeur Charles K. Armstrong, de l’Université de Columbia, explique qu’une « déclaration vague est probablement la meilleure chose sur laquelle les deux camps pouvaient s’entendre, au vu de leurs perspectives et attentes si différentes pour un accord ». Il l’a définie comme « principalement une déclaration de principes et de buts » à atteindre, et que « le dur labeur de spécifier les détails, calendriers et mises en œuvre viendra plus tard à travers des réunions de groupes de travail de haut niveau ».

La dénucléarisation devra aussi se faire en échange de « garanties de sécurité ». Celles-ci, ainsi que la dénucléarisation de la péninsule devront être des processus qui avancent de « manière simultanée », explique M. Hautecouverture. Ce dernier rappelle que « l’équilibre des charges n’est pas le même dans la balance », parce que des « mesures de désarmement (nord-coréennes) sont difficilement réversibles, alors que des mesures de garanties le sont toujours ».
Ainsi, la tâche s’annonce compliquée pour les groupes de travail qui devraient commencer à se tenir dès la semaine prochaine. La rencontre a été historique à bien des égards, mais il faudra attendre pour définir sa place dans l’histoire.



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commentaires (3)

HEHE ce n'est pas tant la Coree du nord qui était seulement dans le viseur de Trump mais…. l'Iran aussi et bientôt vous allez comprendre pq

Bery tus

15 h 33, le 13 juin 2018

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Commentaires (3)

  • HEHE ce n'est pas tant la Coree du nord qui était seulement dans le viseur de Trump mais…. l'Iran aussi et bientôt vous allez comprendre pq

    Bery tus

    15 h 33, le 13 juin 2018

  • Ça devient carrément hilarant cette déculottée du clown déséquilibré mental américain. La peur a changé de camp .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 59, le 13 juin 2018

  • UN TRES BON DEBUT QUI SERA SUIVI D'AUTRES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 41, le 13 juin 2018

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