Les fenêtres de la tour Murr à Beyrouth recouvertes de draps colorés, le 14 mai 2018. Photo AFP / JOSEPH EID
Les 400 draps colorés installés sur les fenêtres des 34 étages de la tour Murr, l'édifice dominant Beyrouth et abandonné depuis des décennies, ont dû récemment être retirés sous la pression de la société Solidere. C'est ce qu'a affirmé dans un entretien au quotidien anglophone Daily Star Jad el-Khoury, l'artiste qui a réalisé cette installation.
Selon le journal, qui cite l'artiste, les draps ont été retirés mercredi à la demande de Solidere, alors que l'installation devait durer jusqu'en septembre.
Jad el-Khoury "a affirmé avoir été contrait de retirer les draps colorés des fenêtres de l'immeuble après avoir reçu une lettre, mardi, de la part de Solidere, qui est propriétaire de la tour", écrit le Daily Star.
Solidere avait été créée au lendemain de la guerre civile libanaise pour reconstruire et gérer le centre-ville ravagé de Beyrouth.
Jad el-Khoury a affirmé que la compagnie lui a demandé de "retirer l'installation sous 48h, à défaut de quoi une plainte serait déposée" contre lui.
L'artiste explique avoir d'abord reçu une demande de la part de Solidere afin de retirer l'installation "pour des raisons de sécurité", sans plus d'explications. Lors d'une seconde rencontre avec la société, il affirme avoir reçu une autorisation pour garder les draps jusqu'en septembre, avant que Solidere ne se rétracte, lors d'une troisième rencontre, et lui demande finalement de la retirer.
(Pour mémoire : La tour Murr sème des couleurs à tout vent)
L'installation des 400 draps, que Jad el-Khoury s'est lui-même procurés, avait nécessité cinq journées entières de travail.
"Le mémorial des conflits internes a été transformé en installation artistique publique. Bourj el-Murr danse désormais avec le vent", avait écrit l’artiste, connu également sur son réseau social sous le pseudo de Potatonose. Jad el-Khoury précise que cette installation, intitulée Bourj el-Hawa, est inspirée de celle de Marwan Rechmaoui, Monument for the Living 2001-8, une maquette en béton de l’imposant immeuble resté inachevé depuis le début de la guerre en 1975.
Relevant des défauts dans sa structure, la tour en béton armé n’a pu être rénovée ni démolie. Son imposante stature fantomatique hante le périmètre où elle est plantée, sur l’intersection reliant la voie rapide (Ring) Fouad Chehab, l’artère principale de Kantari qui mène à Hamra, à la route qui descend vers la région des grands hôtels.
La tour grise de funeste mémoire a abrité les milices armées qui en ont fait un repaire de francs-tireurs alors que les étages en sous-sol servaient de lieu de détention pour des otages en captivité.
Lire l'intégralité de l'article du Daily Star ici
Pour mémoire
La beauté cachée des ruines du Holiday Inn et de la tour Murr
Jad el-Khoury : Pour comprendre le Liban, il faut se comprendre soi-même
commentaires (6)
un ou plusieurs incultes, bornes retrogrades jaloux ! voila ce que sont ces gens la ! mais en quoi cela nous surprend ? n'est ce pas le cas de nombre de nos bons citoyens ?
Gaby SIOUFI
10 h 01, le 03 juin 2018