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Culture - À l’affiche

Jusqu’où peut-on aller pour sauver son chien ?

Le neuvième long-métrage de Wes Anderson est une sublime fable politique sous forme de film d’animation en stop motion. Après un passage triomphal par la dernière Berlinale, « Isle of Dogs » (« L’île aux chiens ») est reparti avec l’Ours d’argent du meilleur réalisateur.

« Isle of Dogs », un film qui déborde d’inventivité et de détails.

L’action de Isle of Dogs se passe dans un futur lointain où, dans une mégapole fictive du Japon, les chiens sont portés responsables d’une épidémie de grippe. Pour le maire de Megasaki qui juge les canidés de sa ville trop dangereux, la décision est radicale : il faut les exiler et les déporter sur l’île poubelle. Atari, un jeune orphelin courageux de douze ans, vole un avion pour aller à la rescousse de son fidèle compagnon Spots, au milieu des détritus. C’est alors qu’il fait la découverte, à l’aide d’une meute de cinq chiens, d’une conspiration qui menace la ville.

Un univers en marge
Pour réaliser ce film, Wes Anderson a choisi de recourir à l’animation en volume (plus couramment en anglais, stop motion), huit ans après l’avoir utilisée dans Fantastic Mr. Fox. Cette technique d’animation consiste à manipuler physiquement un objet de sorte qu’il semble bouger tout seul. L’objet est déplacé entre les images photographiées individuellement, créant l’illusion de mouvement lorsque la série d’images est jouée comme une séquence rapide. Ainsi, pour Isle of Dogs, mille marionnettes ont été entièrement fabriquées et rien que leur conception a nécessité environ quatre mois de travail. 70 personnes aux commandes du département des marionnettes et 38 autres au sein du département d’animation se sont affairées pendant deux ans dans les célèbres studios de télévision et de cinéma 3 Mills, dans les quartiers est de Londres. Du côté des voix, Anderson a réuni un parterre de vedettes et on retrouve des habitués du cinéma du réalisateur, comme Bill Murray, Bob Balaban, Jeff Goldblum, Edward Norton, Tilda Swinton, Frances McDormand, Scarlett Johansson, F. Murray Abraham, Harvey Keitel et Liev Schreiber dans le rôle de Spots. Le tournage a été un travail de longue haleine, et il a fallu deux ans pour tourner les 100 minutes du 9e opus de Wes Anderson.

Au bistouri près
Il est erroné de penser que l’œuvre de ce grand cinéaste se résume à de belles images servies par un sens de la précision très pointu, pareil à un livre d’illustrations que l’on feuillette. Si l’humour et la recherche du détail sont très souvent mis en avant, la mélancolie est aussi importante chez ce visionnaire où il est question de désarroi et de grandes causes qu’il tente de mettre sur le devant de la scène, afin de pousser le spectateur à réfléchir sur la société actuelle. Il joue la carte du politique, notamment en la personne de Kobayashi, le maire corrompu et tyrannique de la ville, qui harangue son peuple à la manière d’un parfait dictateur. Wes Anderson aborde des sujets épineux qui touchent toute la planète, aussi bien la Syrie avec la crise des migrants, l’Amérique de Monsieur Trump avec la résurgence du racisme, que le Liban avec la pollution et le problème des déchets. Il tente de réveiller la conscience universelle quant au danger d’une catastrophe écologique, pointe du doigt la question de l’intolérance, de la maltraitance et de la corruption. Il met en exergue la détresse humaine à travers cette race canine désabusée et désappointée parce que tous, abandonnés par leurs maîtres, préfèrent ainsi se reposer sur un passé révolu et vivre dans un univers en marge. Les chiens sont dotés chacun d’une vraie gueule et d’une personnalité différente et attachante, et lorsque la larme perle dans leur regard on en arrive presque à oublier leur condition animale et virtuelle.

Évidemment, Wes Anderson est un maître dans l’art des nuances et des subtilités, de la symétrie des plans, des couleurs et des palettes chromatiques, mais comme signalé auparavant, le film va au-delà d’une simple prouesse cinématographique, truffée d’intrigues et de rebondissements. Il va sans dire que cette œuvre est clairement influencée par la culture nippone, Wes Anderson étant un grand adepte du cinéma de Kurosawa.

Derrière cette histoire de petit garçon parti à la rescousse de son chien, transparaît le récit d’une société totalitaire qui a recours à la fausse propagande et aux discours virulents auxquels s’opposera une jeunesse refusant les erreurs de ses aînés et qui se placera du côté de la résistance. Mais Isle of Dogs est surtout un conte d’un dynamisme absolu servi par la musique d’Alexandre Desplat qui transporte tantôt par le battement des tambours, tantôt par des airs lyriques presque romantiques. Un film qui déborde d’inventivité et de détails, travaillé au bistouri près et aux dialogues d’un humour débordant de charme irrésistible.


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