Le président français Emmanuel Macron lors d'une interview télévisée le 15 avril 2018. AFP / POOL / FRANCOIS GUILLOT
Le président français Emmanuel Macron a estimé dimanche que les frappes occidentales contre le régime de Damas avaient été un succès militaire, mais qu'elles ne constituaient pas une déclaration de guerre à la Syrie, d'où, a-t-il dit, il a convaincu Donald Trump de ne pas retirer les troupes américaines.
"Nous avons réussi l'opération sur le plan militaire", a déclaré Emmanuel Macron au cours d'un entretien sur la chaîne de télévision BFM, la radio RMC et le site internet Mediapart.
Etats-Unis, France et Royaume-Uni ont effectué dans la nuit de vendredi à samedi des frappes militaires contre le régime de Damas, qu'ils accusent d'avoir commis des attaques chimiques contre des civils sur le territoire syrien.
Pour autant, ces frappes ne sont pas une déclaration de guerre à la Syrie, a-t-il souligné, rappelant la volonté française de trouver une solution politique "inclusive" pour sortir de ce conflit vieux de sept ans, laissant comprendre qu'il ne souhaite pas, dans l'immédiat, un départ de Bachar el-Assad.
Et ce au moment où son régime est en passe de remporter la guerre contre les rebelles et où une des priorités affichées par Paris est la lutte contre l'organisation jihadiste de l'Etat islamique, dont certains membres sont actifs en Syrie.
"La finalité est de construire ce qu'on appelle une solution politique inclusive", a-t-il dit, mettant en exergue l'activisme diplomatique français pour "parler avec tout le monde", notamment les soutiens de Bachar el-Assad et les acteurs régionaux comme la Turquie.
(Lire aussi : Frappes en Syrie : un coup d’épée dans l’eau ?)
Pour parvenir à "cette solution durable", "il nous faut parler avec l'Iran, la Russie et la Turquie", a déclaré M. Macron, qui a exposé sa vision de la nécessité de faire bouger les lignes de fractures diplomatique entre Occidentaux paralysés dans les négociations menées dans le cadre du Conseil de sécurité de l'ONU, où la Russie a un droit de veto, et les autres acteurs de la crise, dont ces trois pays qui patinent de leur côté dans un processus diplomatique parallèle, celui d'Astana.
Il s'est réjoui que l'unité entre Moscou et Ankara ait été brisée après les frappes. "Par ces frappes et cette intervention, nous avons séparé sur ce sujet, les Russes, des Turcs (...) les Turcs ont condamné les frappes chimique et ont soutenu l'opération que nous avons conduite", a-t-il dit.
Quant aux deux principaux alliés de Damas, la Russie et l'Iran, il souhaite les inclure dans les négociations. "Mon objectif, c'est de pouvoir au moins convaincre les Russes et les Turcs de venir autour de cette table de négociation", a-t-il dit.
Le président français a par ailleurs affirmé que Donald Trump était maintenant convaincu de la nécessité de maintenir la présence militaire américaine en Syrie. "Il y a 10 jours, le président Trump disait les États-Unis d'Amérique ont vocation à se désengager de la Syrie, nous l'avons convaincu, nous l'avons convaincu qu'il était nécessaire d'y rester (...), je vous rassure, nous l'avons convaincu qu'il fallait rester dans la durée", a-t-il déclaré.
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13 h 07, le 16 avril 2018