La Troisième Guerre mondiale n’aura finalement pas (eu) lieu. Tous ceux qui misaient sur un embrasement régional ou sur un affrontement entre Américains et Russes ont été probablement déçus par les frappes menées samedi à l’aube par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni en Syrie pour punir le régime de Bachar el-Assad, accusé d’avoir mené des attaques chimiques la semaine dernière sur Douma, dans la Ghouta orientale près de Damas, alors encore aux mains des rebelles et reprise depuis par l’armée du régime.
Les raids menés par Washington et ses alliés ont visé au moins trois cibles près de la capitale syrienne et Homs. Selon le Pentagone, trois cibles principales ont été frappées : un centre de recherche scientifique dédié au développement et aux tests d’agents chimiques dans la banlieue de Damas, un dépôt d’armes chimiques à l’ouest de Homs et un poste de commandement dans la même zone. Les frappes ont visé « le principal centre de recherche » et « deux centres de production » du « programme clandestin chimique » du régime syrien, a annoncé de son côté la ministre française des Armées, Florence Parly. « C’est la capacité de développer, de mettre au point et de produire des armes chimiques qui est atteinte », a-t-elle précisé.
Selon le ministère russe de la défense, plus de 100 missiles avaient été tirés sur la Syrie, mais que plus de 70 d’entre eux auraient été interceptés par la défense aérienne syrienne. Damas avait auparavant affirmé avoir abattu treize missiles. La Russie n’a pas utilisé ses systèmes de défense antiaérienne en Syrie pour contrer les frappes occidentales, a précisé Moscou, qui a également indiqué qu’aucune frappe n’a eu lieu à proximité des bases russes.
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Loin des tweets enflammés
Le choix des cibles et leur emplacement loin des zones contrôlées par Moscou montrent la volonté des Occidentaux d’épargner les forces russes et d’éviter tout contact ou toute confrontation sur le terrain avec la Russie. Le pari des trois alliés d'éviter une escalade militaire dangereuse aux conséquences imprévisibles avec Moscou est ainsi gagné.
Rappelons que l’ambassadeur de Russie au Liban, Alexandre Zassypkine, avait prévenu que tout missile américain qui viendrait à être tiré sur la Syrie serait abattu et que les sites d’où ils étaient partis seraient également frappés.
Les discours des puissances occidentales ont été aussi nuancés. Les trois pays ont insisté sur le fait que les frappes ont visé les capacités dans l’emploi et la production d’armes chimiques du régime syrien. L’opération militaire ne visait donc en aucun cas un changement de régime ou un affaiblissement de sa puissance sur le terrain. Une politique toujours dénoncée par Moscou depuis l’intervention occidentale en Libye.
Toutefois, en annonçant les frappes à Washington, le président américain Donald Trump a violemment critiqué la Russie, soutien indéfectible du régime syrien. M. Trump a appelé Moscou « à quitter la voie sinistre du soutien à Assad » et a accusé la Russie d’avoir « trahi ses promesses » sur l’élimination des armes chimiques.
On est néanmoins bien loin des tweets enflammés du début de la semaine où le président américain narguait les forces russes en Syrie. Et comme pour faire baisser la tension, le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a souligné qu’il s’agissait de « frappes ponctuelles », d’autres actions militaires n’étant pas prévues pour l’instant.
(Lire aussi : Les principaux extraits du discours de Trump à l'annonce de l'opération militaire en Syrie)
Après l’« insulte »
Les messages d’apaisement sont également venus de Paris. Mme Parly a précisé que les alliés ne cherchent pas « la confrontation » et que « nous refusons toute logique d’escalade militaire. C’est la raison pour laquelle avec nos alliés, nous avons veillé à ce que les Russes soient prévenus en amont ».
Le général américain Joseph Dunford, chef d’état-major interarmes, a cependant déclaré que les Russes n’avaient pas été informés à l’avance du choix des cibles. « Il y a simplement eu une communication pour obtenir la déconflixion de l’espace aérien, comme c’est la routine avant n’importe quelle opération en Syrie », a-t-il expliqué. Il a clairement évoqué sur les précautions prises pour éviter les victimes civiles et les « forces étrangères » présentes en Syrie, allusions directes à la présence de forces russes et iraniennes sur le terrain syrien, insistant ainsi sur les efforts accomplis pour éviter toute confrontation directe avec ces pays.
Mais si l’escalade militaire a été, pour l’instant, évitée, Moscou n’a pas baissé le ton. L’ambassadeur de Russie à Washington, Anatoli Antonov s'est insurgée contre les frappes occidentales, qui reviennent à « insulter le président russe ». « Nous avions averti que de telles actions appelleraient des conséquences », a écrit le diplomate dans un communiqué.
Le conflit devrait donc reprendre au niveau diplomatique. Ainsi, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé « avec la plus grande fermeté » les frappes occidentales. Il a également annoncé que Moscou convoquait une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour évoquer « les actions agressives des États-Unis et de leurs alliés » en Syrie. Une convocation lancée d’ailleurs par la Syrie elle-même.
Et cette question qui demeure : le régime syrien a-t-il encore la capacité d’utiliser ses armes chimiques, le ferait-il, et, si oui, avec quelles conséquences ?
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PLUS DE 70PCT DES MISSILES INTERCEPTES... CA NOUS RAPPELLE 1967 ET LE NOMBRE D,AVIONS ISRAELIENS PRETENDUS ABATTUS ET QUI DEPASSAIENT DE BEAUCOUP LE NOMBRE D,UNITES DE LA FLOTTE AERIENNE MILITAIRE ISRAELIENNE !
17 h 05, le 14 avril 2018