Le président libanais Michel Aoun a estimé samedi que les raids occidentaux qui ont visé plusieurs cibles militaires du régime syrien n'aideront pas "à trouver une solution politique à la crise syrienne" et affirmé que cela rend la possibilité d'un dialogue "plus difficile". Le Hezbollah et le mouvement Amal, deux formations chiites pro-Assad, ont de leur côté dénoncé "l'agression tripartite"contre Damas.
"Ce qui s'est passé aujourd'hui à l'aube, en Syrie, n'aide pas à trouver une solution politique à la crise syrienne, qui vient d'entrer dans sa huitième année, et empêche toutes les tentatives en cours de mettre fin aux souffrances du peuple syrien", peut-on lire dans un communiqué publié par la présidence.
"Ces événements placent la région dans une situation compliquée et rendent plus difficile la possibilité d'un dialogue, alors qu'il s'agit d'un besoin nécessaire afin de ramener la stabilité", ajoute le chef de l’État, affirmant que les "ingérences étrangères" devraient être limitées car elles ont "rendu la crise plus complexe".
M. Aoun a également indiqué que "le Liban refuse que tout pays arabe soit pris pour cible, indépendamment des raisons". Il a dans ce cadre mis en garde contre "les répercussions (...) de l'implication de grands pays dans la crise syrienne".
Le Premier ministre, Saad Hariri, qui est arrivé en début de soirée en compagnie du président Aoun à Dhahran en Arabie saoudite pour assister au sommet de la Ligue arabe qui se tient demain, a dit aux journalistes : "Nous sommes en faveur de la distanciation, nous ne voulons pas créer de crises supplémentaires".
Le ministère des Affaires étrangères dirigé par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a de son côté condamné les frappes occidentales en Syrie affirmant dans un communiqué qu'il s'agit d'une "violation flagrante de la souveraineté d'un pays arabe frère ainsi que du droit international". Il a en outre estimé qu'il était "nécessaire que ceux qui utilisent des armes chimiques soient punis".
Le ministre de la Défense, Yaacoub Sarraf, a lui aussi condamné "l'agression contre la Syrie parce qu'elle représente une violation du droit international". "C'est le discours de la paix qui devrait primer afin d'éviter davantage de guerres et de crises", a-t-il ajouté.
(Lire aussi : Frappes occidentales en Syrie : le conflit généralisé évité)
La guerre des USA "n'atteindra pas ses objectifs"
Le Hezbollah a également dénoncé "l'agression tripartite" des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni contre la Syrie et affirmé se tenir aux côtés "du peuple syrien, de sa direction et de son peuple".
Dans un communiqué, le parti chiite qui combat en Syrie aux côtés du régime a affirmé que "la guerre menée par les États-Unis contre la Syrie, contre les peuples de la région et les mouvements de résistance (...) n'atteindra pas ses objectifs".
Il estime que les frappes menées "viennent clairement compléter la récente agression sioniste contre la Syrie" et constituent "un appui ouvert et direct aux bandes du crime et du terrorisme" qui "viennent de connaître une défaite face aux héros de l'armée syrienne", dans une allusion aux combattants anti-régime qui ont dû évacuer la Ghouta orientale.
Dans un discours prononcé la veille, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait affirmé ne pas craindre la réaction américaine en Syrie, mettant en garde Israël contre une confrontation directe avec l'Iran. "Ce qui se passe actuellement fait croire aux Américains que l’Iran, la résistance, la Syrie, ont peur. Je veux vous dire aujourd’hui, et tout le monde doit le savoir, les menaces de Trump n’effraient pas la résistance, ni l’Iran, ni la Syrie, ni tous les peuples résistants de la région. L’administration américaine doit savoir que sa guerre dans la région ne sera pas contre les régimes et les armées des pays visés, mais une guerre contre les populations de ces pays", avait-il lancé.
Le mouvement Amal a également dénoncé "l'agression tripartite" contre la Syrie. "C’est une violation flagrante des lois internationales et une agression contre l’État syrien", peut-on lire dans un communiqué publié par le mouvement de Nabih Berry, président du Parlement libanais.
L'attaque contre le Syrie est "un message important adressé à l'axe du mal constitué par l'Iran, la Syrie et le Hezbollah", a pour sa part affirmé un membre du gouvernement israélien. "L'utilisation des armes chimiques franchit une ligne rouge que l'humanité ne peut plus tolérer", a écrit sur Twitter Yoav Gallant, membre du cabinet restreint de sécurité du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
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Analyse de l'article apparement bien défini: 1- le président et les ministres prônent le dialogue pour résoudre la crise syrienne et même les crises arabes.. oui c'est bien le dialogue qui a sorti la Syrie du Liban et le général de la France 2- les ministres répugnent qu'un pays arabe soit attaqué... Elle est bonne celle-là quand on pense que plus d'Arabes sont massacrés par d'autres arabes et semi frères que par les étrangers 3- l'article en entier est consacré moutier moutier aux réactions du gouvernement libanais et à celles des deux partis chiites. Un retour dans l'histoire à l'empire austro-hongois symbolisé par deux têtes d'aigles pointants dans deux directions opposées... Quelqu'un avait dit : malheur à un empire divisé en soi-même...
17 h 01, le 14 avril 2018