C’est à partir de son positionnement de fer de lance de l’opposition que le parti Kataëb compte mener la bataille des législatives prévues le 6 mai prochain. ll adopte cette démarche alors que les calculs politiques dictés par la nouvelle loi électorale ne permettent probablement pas de remporter les résultats auxquels il aspire pour « poursuivre la lutte pour un Liban meilleur aux côtés des bonnes gens », pour reprendre les termes du chef du parti, Samy Gemayel.
En tout cas, une chose est sûre, le député du Metn semble déterminé à ne pas s’allier aux protagonistes au pouvoir... À une exception près. Sur ce plan, des informations ont circulé récemment dans les médias, selon lesquelles les Kataëb et les Forces libanaises pourraient s’allier dans la circonscription de Zahlé, outre celle de Beyrouth I.
Une source FL contactée par L’Orient-Le Jour assure dans ce cadre que les deux formations se présenteront côte à côte à Zahlé et que le député Kataëb sortant Élie Marouni sera leur candidat au siège maronite. Mais, dans les milieux proches de Saïfi, on semble soucieux de ne pas trop éclairer la brèche. L’ancien ministre Alain Hakim indique à L’OLJ que des contacts sont en cours et que rien n’est encore tranché à ce sujet.
Si on est tenté de croire qu’une alliance FL-Kataëb constituerait une rupture totale avec le discours d’opposant radical tenu par Samy Gemayel depuis des mois, un observateur politique interrogé par L’OLJ nuance ce constat. Il estime que M. Gemayel est resté conséquent avec lui-même, les FL convergeant avec les Kataëb sur les grands principes souverainistes, alors qu’au gouvernement, les ministres geageaïstes se sentent plus ou moins marginalisés, ayant un pied dedans et un pied dehors.
En attendant que la question des alliances soit tranchée dans les deux prochaines semaines conformément à la nouvelle loi électorale, les Kataëb et leur chef sont optimistes. Ils parient sur une « révolution de l’opinion publique » qui se fera sentir dans les urnes le 6 mai. Soucieux d’affirmer leur proximité du « pouls des gens » (slogan de la campagne électorale Kataëb), le parti a annoncé son programme électoral et dévoilé les noms d’une vingtaine de candidats lors d’une cérémonie qui s’est tenue hier à la salle The Legend à Nahr el-Kalb. Étaient présents l’ancien président de la République Amine Gemayel, les députés et candidats Kataëb, ainsi que le directoire de la formation et un parterre de personnalités hostiles à la ligne politique actuelle. Il s’agit, entre autres, de Naufal Daou, candidat à l’un des sièges maronites de la circonscription Kesrouan-Jbeil, et de Béchara Khairallah et d’Assaad Béchara, respectivement conseillers de l’ancien chef d’État Michel Sleiman et de l’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi. Ce programme est constitué de 131 points, portant tant sur la souveraineté que sur les problèmes quotidiens.
Même seuls...
Sur les lieux du rassemblement, tout exhorte à la révolution et au soulèvement contre la réalité. Il y a d’abord l’enthousiasme des centaines de partisans Kataëb venus des quatre coins du pays, ainsi que les chansons dédiées à la mémoire des militants Kataëb et celles articulées autour de la révolution et du changement.
Au début de la cérémonie, Fouad Abounader, conseiller de Samy Gemayel, a prononcé une allocution dans laquelle il a insisté sur l’importance de la bataille électorale que mène le parti, « dans la mesure où elle vise à édifier un Liban meilleur, où l’on vit en dignité et en liberté ». « Notre programme électoral prévoit des solutions aux crises chroniques des Libanais », a-t-il lancé, assurant que « les Kataëb poursuivront leur bataille, même s’ils sont seuls ».
Puis Salim Sayegh, vice-président des Kataëb, a exposé – assisté par les cadres Kataëb Jean Tawilé, Guitta Ojeil et Rita Boulos – les points abordés dans le programme. Pour M. Sayegh, « le problème fondamental est politique. Et nous serons présents au prochain Parlement afin de faire face aux tentatives de nous imposer un fait accompli, par les institutions ». Et l’ancien ministre d’ajouter : « À partir du 7 mai, nous serons devant une grande lutte, mais nous poursuivrons notre combat contre la gestion actuelle des affaires publiques, et, bien entendu, contre la corruption et les corrompus, mais aussi et surtout contre les armes illégales. »
Détaillant le projet électoral, Salim Sayegh a indiqué que la solution commence par la restitution du « pouls de la souveraineté ». « Celui-ci suppose une armée mieux équipée, une délimitation des frontières, une politique étrangère équilibrée, axée sur la neutralité du Liban et la libération des Libanais détenus en Syrie », a-t-il noté.
Le reste du projet s’articule autour des droits de l’homme, de l’environnement, de l’éducation et de l’économie. Il prévoit, entre autres, l’adoption d’une loi sur le mariage civil facultatif, d’une autre portant sur le gouvernement électronique. Les Kataëb se promettent aussi d’œuvrer pour l’adoption d’une législation prévoyant l’annulation de la censure sur les spectacles et d’une loi sur la gestion des déchets solides. Ils s’engagent aussi à poursuivre leur guerre contre les impôts, et même à rétablir la TVA à 10 %.
Évidences
Samy Gemayel s’est ensuite adressé à ses partisans qui l’ont copieusement applaudi. « Nous ne sommes pas seuls. Mais nous sommes les seuls à ne pas avoir menti aux gens », a-t-il lancé, affirmant que son parti a tenu les promesses qu’il avait faites lors du scrutin de 2009.
M. Gemayel a noté que le projet de sa formation contient des points qui devraient être considérés comme « des évidences ». Il s’agit notamment de l’électricité, des déchets et de la protection de la liberté de presse. « Mais nous avons été obligés de les inclure au programme parce que le pouvoir ne les assure pas », a-t-il déploré.
« Vous avez vu ce que nous sommes capables de faire avec cinq députés (sortants). Aujourd’hui, nous sollicitons votre confiance pour agrandir notre bloc, afin que nous puissions exercer plus de pression et réaliser notre programme », a-t-il poursuivi, se félicitant du fait qu’il a pu prouver qu’une « opposition sérieuse peut exister au Liban ».
Et Samy Gemayel de conclure : « Les législatives sont une révolution de l’opinion publique. Il faut prouver aux protagonistes au pouvoir que les gens voient tout et demanderont des comptes, et que personne ne peut leur échapper. La décision est entre les mains du peuple. »
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Je ne suis pas Kataeb mais j'aime la vérité. La famille des héros sacrifiés sur l'autel de la Patrie, la famille Gemayel est combattue par tous les opportunistes avides du pouvoir pour s'enrichir de l'argent public. Vous voulez des noms ? Vous les trouvez dans L'OLJ et au Nahar. Tous les projets présentés par les Kataeb sont automatiquement rejetés par ceux qui nous gouvernent. C'est cela que l'on appelle, l'Etat topinambourien.
19 h 24, le 12 mars 2018