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Moyen Orient et Monde - Syrie

Dans la Ghouta orientale, la trêve n’est qu’une illusion

Si les conditions le permettent, un nouveau convoi d’aides humanitaires devrait être envoyé demain selon l’ONU.

Des civils cherchant à se réfugier, hier à Hammouriyé, des bombardements du régime syrien. Abdulmonam Eassa/AFP

Le régime syrien poursuivait hier ses frappes aériennes ainsi que son offensive terrestre contre la partie rebelle de la Ghouta orientale, en dépit de la trêve décrétée par son allié russe. Décidé à en finir coûte que coûte avec ce fief de l’opposition assiégé depuis 2013 et proche de sa capitale, Bachar el-Assad met tout en œuvre pour faire plier les 400 000 habitants de l’enclave, sans égard aucun pour les manœuvres diplomatiques et humanitaires en cours. Le 24 février, le Conseil de sécurité de l’ONU avait voté une résolution en faveur de la mise en œuvre d’un cessez-le-feu temporaire. La Russie avait annoncé peu après une trêve quotidienne des combats et des bombardements dans la Ghouta orientale, censée permettre aux civils de quitter l’enclave par un couloir humanitaire et d’acheminer des aides dans ce secteur.

Une trêve qui sonne comme un échec. « La trêve de Poutine s’est achevée hier car les bombardements n’ont pas cessé » dans la Ghouta orientale durant la période concernée de cinq heures consécutives (09h00-14h00), a affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Le Conseil de sécurité a d’ores et déjà annoncé qu’il se réunira aujourd’hui en urgence et à huis clos pour discuter de la question. D’après l’Observatoire, les bombardements ont tué 800 civils, dont au moins 177 enfants, depuis que le régime a lancé le 18 février son opération militaire contre la Ghouta orientale. Le régime syrien a procédé hier à des bombardements sur plusieurs localités, notamment Saqba, Hammouriyé, Jisrine et Douma, tuant au moins 19 civils, dont 4 enfants, selon l’OSDH. De son côté, la télévision d’État syrienne a rapporté la mort de trois civils à Jaramana, en banlieue de Damas, après la chute d’une roquette tirée par les rebelles de la Ghouta, et des frappes de représailles sur le quartier de Bab Touma, dans l’est de la capitale. « Le régime vise tous les rassemblements. Les gens n’osent plus sortir des abris de peur de se faire massacrer », témoigne Abou Moustapha, directeur d’un centre médical à Beit Sawa, contacté via WhatsApp. Des activistes ont évoqué sur les réseaux sociaux le recours à des « gaz toxiques », ce que démentent Damas et Moscou.

À Hammouriyé, 18 cas de suffocation ont été recensés lundi soir après un raid aérien sur la localité, a affirmé l’OSDH, qui n’a toutefois pas pu confirmer la cause de ces malaises. Siraj Mahmoud, porte-parole de la Défense civile, contacté par L’Orient-Le Jour, affirme qu’il s’agit d’armes chimiques, faisant état de son côté de « 12 cas de suffocation dont des secouristes ». « La situation est catastrophique, nous essayons de venir en aide le mieux que possible aux familles qui sont cloîtrés sous terre », confie-t-il.


(Lire aussi : "Si je reste vivant" : chroniques de la Ghouta)


Livraison avortée
La crise humanitaire risque de monter d’un cran à cause de la grave pénurie de nourriture et de médicaments. Une pénurie que l’ONU a tenté de pallier lundi en envoyant un convoi d’aides humanitaires. Cependant, le convoi a dû abréger sa mission de distribution d’aides en milieu de soirée en raison de bombardements dans le secteur de Douma, également visé hier. Les 46 camions affrétés contenaient de l’aide à destination de 27 500 personnes comprenant des paniers de nourriture, du matériel médical, une installation de traitement des reins et des produits pour nourrissons. Seuls 14 camions ont finalement pu être partiellement déchargés avant de quitter la zone. « Le régime est tellement arrogant qu’il bombarde alors que l’ONU tente de faire son travail d’aide à la population assiégée », s’insurge Firas Abdallah, un activiste qui était présent sur les lieux de l’opération et contacté hier par L’OLJ via Facebook. Les Nations unies ont annoncé hier qu’elles allaient tenter d’envoyer demain un nouveau convoi d’aide humanitaire. « Nos partenaires et nous-mêmes sommes prêts à fournir la deuxième partie de l’aide à Douma le 8 mars comme prévu si les conditions le permettent. Toutes les mesures de sécurité doivent être garanties pour que cela se produise », précise de son côté Linda Tom, une responsable de l’OCHA à Damas, contactée hier. Habitués au pire, les habitants de la Ghouta ne se font pas d’illusions. « Même si les aides arrivaient chaque jour, ça ne résout pas notre problème », déplore Firas Abdallah.


(Lire aussi : Pluie de bombes sur la Ghouta, malgré les convois humanitaires)


L’armée russe a annoncé hier des contacts avec les organisations humanitaires internationales en vue de l’envoi du prochain convoi. « Nous travaillons avec le SARC (Croissant-Rouge arabe syrien) et le CICR (Comité international de la Croix-Rouge), mais également avec toutes les parties afin de faciliter l’accès aux personnes dans le besoin, où qu’elles se trouvent », commente Linda Tom.Outre la livraison d’aides, le second objectif de la trêve était d’établir un corridor humanitaire pour les civils. Or, en une semaine, aucun d’entre eux n’a emprunté ce couloir. « De quels corridors parle-t-on ? Il n’y en a pas. Les gens ne souhaitent pas partir de toute façon », affirme Abou Moustapha. Le régime syrien a affirmé à plusieurs reprises que les groupes rebelles présents dans l’enclave empêchaient les civils de partir. « Il n’y a pas de corridor pour que les combattants nous interdisent de passer. Si une personne ose s’approcher des check-points, les francs-tireurs l’en dissuadent rapidement », raconte Firas Abdallah. L’armée russe a annoncé hier autoriser les rebelles armés, et pas seulement les civils, à utiliser ces fameux « passages ». L’offensive terrestre et les combats se poursuivent, le régime ayant annoncé avoir repris 40 % de l’enclave. « Il n’y a pas de cessez-le feu et encore moins de corridors humanitaires. Les annonces de trêve ne sont qu’une illusion, puisque la Ghouta est bombardée 24h sur 24 », commente pour sa part le porte-parole de Failaq al-Rahmane, Waël Alwane, joint dans la soirée.


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commentaires (4)

LE MONDE REGARDE LES MASSACRES DEPUIS DES ANS ET PROTESTE TIMIDEMENT... EN FAIT, IL SE TAIT !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 15, le 07 mars 2018

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • LE MONDE REGARDE LES MASSACRES DEPUIS DES ANS ET PROTESTE TIMIDEMENT... EN FAIT, IL SE TAIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 15, le 07 mars 2018

  • La loi du mensonge et du bluff commande il ne s'agit pas d'illusion

    FAKHOURI

    14 h 22, le 07 mars 2018

  • ça fait partie des habitudes soviétique, pardon, russes. Poutine ne se débarrassera jamais de son éducation KGB, Son père et sa mère servaient étroitement Staline

    FAKHOURI

    14 h 21, le 07 mars 2018

  • L'axe de la résistance a donné une chance aux bacteries wahabites qui detruisent tout et se servent des civils comme boucliers humains, de s'évanouir dans la nature avec ces convois humanitaires , qu'ils saisissent cette chance et se cassent loin de la ghouta , et pourquoi pas qu'ils aillent rejoindre leurs allies wahabo-occidentaux.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 48, le 07 mars 2018

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