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À La Une - Repère

Purges, réformes, ruptures : l'Arabie saoudite sous le règne du roi Salmane

Changement de génération et purges, rupture avec l'Iran et ses soutiens, réformes économiques et timides ouvertures sociétales.

Purges, réformes et rupture avec l'Iran ont marqué jusqu'à maintenant en Arabie saoudite le règne du roi Salmane, qui a destitué lundi le commandement de l'armée et nommé de jeunes dirigeants, dont une femme. Photo REUTERS/Faisal Al Nasser

Purges, réformes et rupture avec l'Iran ont marqué jusqu'à maintenant en Arabie saoudite le règne du roi Salmane, qui a destitué lundi le commandement de l'armée et nommé de jeunes dirigeants, dont une femme.


Changement de génération et purges

Dès son intronisation en janvier 2015, Salmane, alors âgé de 79 ans, procède à des nominations qui marquent l'entrée des princes de "deuxième génération" dans l'ordre de succession de la dynastie saoudienne. Il désigne l'un de ses fils, Mohammad ben Salmane, ministre de la Défense. "MBS" est propulsé prince héritier en juin 2017, à 31 ans.

En septembre 2017, des religieux antiaméricains et quelques intellectuels sont interpellés. Deux mois plus tard, plus de 200 personnalités influentes, dont des ministres et le prince milliardaire Al-Walid ben Talal, sont à leur tour arrêtées. Cette opération spectaculaire fait suite à la mise en place d'une commission anticorruption présidée par Mohammad ben Salmane. Dans la nuit du 26 au 27 février 2018, le roi opère un remaniement majeur, aux allures de limogeage, à la tête de l'armée, en remplaçant les principaux commandants militaires, y compris le chef d'état-major.


(Lire aussi : Profond remaniement de la hiérarchie militaire en Arabie saoudite)



Rupture avec l'Iran et ses soutiens

En mars 2015, l'Arabie saoudite lance une opération militaire au Yémen à la tête d'une coalition de pays arabes et musulmans pour empêcher les rebelles houthis, accusés d'être soutenus par l'Iran, de prendre le contrôle de l'ensemble de ce pays voisin.  La coalition est depuis critiquée pour des "bavures" à répétition ayant fait nombre de victimes civiles.

Le 2 janvier 2016, l'Arabie saoudite exécute 47 personnes condamnées pour "terrorisme", dont le dignitaire chiite Nimr al-Nimr, figure de la contestation contre le régime saoudien sunnite. Cette mise à mort suscite de violentes manifestations en Iran. Le lendemain, Riyad rompt ses relations diplomatiques avec Téhéran après l'attaque de son ambassade en Iran.

En mai 2017, Donald Trump choisit l'Arabie saoudite pour son premier déplacement à l'étranger. Washington annonce 110 milliards de dollars de contrats pour des ventes d'armements à l'Arabie visant à contrer les "menaces iraniennes" et combattre les islamistes radicaux.

Quelques jours plus tard, l'Arabie saoudite et plusieurs de ses alliés rompent leurs relations avec le Qatar, l'accusant de soutenir des groupes "terroristes" -ce que dément Doha- et lui reprochant ses liens avec l'Iran.
Le royaume interrompt les liaisons aériennes et maritimes avec le Qatar et ferme la seule frontière terrestre de l'émirat.


(Lire aussi : L'Arabie saoudite va mettre aux enchères les biens d'un milliardaire endetté)



Réformes économiques

En avril 2016, le Conseil des ministres approuve un vaste plan de réformes, destiné à diversifier l'économie saoudienne, trop dépendante du pétrole. Depuis la chute des prix du brut à la mi-2014, Riyad a dû fortement réduire ses dépenses publiques. Initié par Mohammad ben Salmane, ce plan prévoit notamment de vendre en Bourse une partie du géant pétrolier Aramco, ainsi qu'une série de méga-projets: cité de divertissements rivalisant avec Disney à Riyad, gigantesque zone de développement présentée comme l'équivalent de la Silicon Valley...


(Lire aussi : Les Saoudiens goûtent à l'opéra et au jazz)



Timides ouvertures sociétales

Ce plan entraîne des ouvertures sociétales avec une participation croissante des femmes à la vie publique et l'ouverture de ce royaume jusqu'ici fermé à la culture occidentale.

En septembre 2017, l'Arabie saoudite, dernier pays au monde interdisant aux femmes de conduire, annonce qu'elles pourront prendre le volant à compter de juin 2018. Celles-ci restent soumises à la tutelle d'un homme pour faire des études ou voyager et doivent porter une abaya en public.

Un mois plus tard, Mohammad ben Salmane promet une Arabie "modérée" et "tolérante", en rupture avec l'image d'un pays considéré comme l'exportateur du wahhabisme, une version rigoriste de l'islam ayant nourri nombre de réseaux jihadistes.

En décembre, un premier concert est réservé aux femmes à Riyad et en janvier 2018 celles-ci peuvent pour la première fois assister à un match de football dans un stade. Des salles de cinéma doivent rouvrir en mars prochain, après un interdiction de plus de 35 ans.


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