La mission du sous-secrétaire d’État américain pour le Proche-Orient, David Satterfield, qui a effectué une navette entre le Liban et Israël dans le cadre de sa médiation au sujet des ressources d’hydrocarbures au large des côtes du Liban-Sud et de la construction d’un mur en ciment du côté israélien de la frontière, est toujours entourée du sceau du secret.
Aucune information n’a transparu sur la teneur des discussions qu’il a eues hier avec le président de la Chambre, Nabih Berry, et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, avec qui il a eu un entretien hier soir, selon la LBCI, le deuxième en l’espace de 24 heures. La veille, à son arrivée à Beyrouth, venant d’Israël, David Satterfield avait conféré avec le Premier ministre Saad Hariri, et le chef de la diplomatie.
C’est accompagné de l’ambassadrice des États-Unis, Elizabeth Richard, que M. Satterfield a été reçu dans la journée par Nabih Berry, qui a réaffirmé devant lui l’attachement du Liban à ses droits territoriaux « entiers » terrestres et maritimes, selon un communiqué de presse de Aïn el-Tiné.
L’ entretien Berry-Satterfield a coïncidé avec la tenue, à Naqoura, d’un nouveau round de la réunion tripartite périodique (Liban-Israël-Finul). Depuis que le conflit né de la volonté de Tel-Aviv de construire un mur sur 13 points contestés par le Liban au niveau de la frontière et des menaces israéliennes de frapper le Liban si jamais il se lance dans une prospection gazière au niveau du bloc 9 en Méditerranée, la réunion mensuelle de Naqoura est devenue presque hebdomadaire.
Elle s’est tenue hier en présence des représentants des armées libanaise et israélienne mais en l’absence du commandant en chef de la Finul, Michael Beary. Selon l’agence locale al-Markaziya, qui cite des sources informées, les discussions ont duré quatre heures sans qu’aucune décision concrète ne soit prise. Les 13 points frontaliers contestés par le Liban ont été passés en revue. La partie libanaise a réaffirmé son attachement à la ligne d’armistice (établie en tant que frontière provisoire après l’accord d’armistice signé en 1949 entre Beyrouth et Tel-Aviv) en présentant des plans et des photos étayant le droit territorial que le Liban revendique sur les points contestés.
(Lire aussi : Hydrocarbures offshore : La visite de Satterfield marque la fin de la proposition Hof)
La partie israélienne n’a pas donné des précisions sur le point de savoir si Tel-Aviv compte ou non poursuivre la construction du mur. Elle a en revanche refusé de reconnaître le droit du Liban sur l’ensemble du bloc 9 qui jouxte la ligne bleue maritime (tracée par l’ONU consécutivement au retrait israélien de 2000 du Liban-Sud), affirmant qu’au moins 40 % du triangle de 860 m2 que les deux pays se disputent lui appartiennent, ce que ses interlocuteurs libanais ont catégoriquement rejeté. De mêmes sources, on n’a pas voulu dire ce à quoi les discussions ont débouché, à part que le représentant de la Finul a demandé aux deux parties de se conformer aux dispositions de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Au niveau diplomatique, la même prudence est de mise. Selon le député Atef Majdalani, qui s’exprimait dans le cadre d’une interview à Radio-Orient, David Satterfield est revenu d’Israël « avec de nouvelles propositions dont les contours ne sont pas très clairs ». L’émissaire américain était arrivé mercredi à Beyrouth venant d’Israël où il était parti après avoir engagé une série de discussions avec les dirigeants libanais au sujet des deux affaires du mur et du bloc 9. Dans les milieux politiques qui suivent ce dossier, on indique que la navette de David Satterfield entre Beyrouth et Tel-Aviv se poursuivra et que les Américains cherchent une solution diplomatique de nature à apaiser la tension entre les deux pays.
De source diplomatique, toujours citée par al-Markaziya, on indique que la médiation américaine s’inscrit dans le prolongement de la stratégie de Washington qui veut éviter toute action pouvant ébranler la stabilité de la région. David Satterfield essaie ainsi de rapprocher les points de vue, sans conditions préalables. C’est ce qui explique le fait qu’il ait abandonné la proposition de l’ancien émissaire américain, Frederic Hof, qui consistait à autoriser les compagnies prospectrices à verser au Liban 60 % et à Israël 40 % des produits de vente du gaz ou du pétrole issus du forage dans le triangle contesté du bloc 9.
Lire aussi
Le nouvel objectif de la médiation américaine : éviter l’escalade !, le décryptage de Scarlett Haddad
Le canon et la bétonnière, l'éditorial d'Issa GORAIEB
Des menaces... et des négociations, le décryptage de Scarlett HADDAD
Un conflit entre le Hezbollah et Israël serait le "pire des cauchemars", estime l'ONU
Le Liban n’écarte pas la voie militaire si Israël poursuit ses violations
Ressources offshore : Israël souhaite « une solution diplomatique » avec le Liban
commentaires (4)
Comment ça se fait que l'Egypte et la Jordanie ont fait la paix avec Israel et nous pourquoi on fait pas la paix avec eux ? Tout ça à cause de l'Iran et du Hezbollah qui ont détruit le Liban et encore ce n'est pas fini, j'en connais quelque chose
Eleni Caridopoulou
16 h 42, le 23 février 2018