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Économie - Économie numérique

La qualité d’internet toujours au cœur des attentes des entrepreneurs libanais

Le ministère des Télécoms a profité de la 9e édition du forum ArabNet pour renouveler ses promesses de modernisation des infrastructures dans ce secteur.

La 9e édition d’ArabNet a rassemblé environ 1 800 professionnels du secteur, selon les organisateurs. Photo tirée du compte Facebook d’ArabNet

La 9e édition du forum technologique ArabNet s’est clôturée hier au Hilton Habtoor, à Sin el-Fil. Officiellement lancé mardi – mais ouvert au public uniquement depuis mercredi –, l’événement a rassemblé pendant trois jours environ 1 800 professionnels de l’économie numérique venus échanger leurs points de vue sur les perspectives de développement du secteur ou présenter leurs projets respectifs.

Mais si ce secteur est régulièrement présenté comme l’un des débouchés les plus prometteurs pour l’économie libanaise, son développement reste entravé par les faiblesses des infrastructures de télécommunication au Liban en général, et de la qualité de la connexion internet en particulier. Selon Ogero, l’organisme public chargé de gérer le secteur des télécoms au Liban, le débit au Liban oscille actuellement entre 2 et 4 mégabits par seconde (Mb/s) en moyenne. Une réalité qui a obligé le ministre des Télécoms, Jamal Jarrah, à renouveler une fois de plus ses promesses d’une amélioration rapide de ces services au Liban, en revenant notamment sur les principaux chantiers pilotés par son ministère depuis le début de son mandat en décembre 2016.

Attentes mesurées
« Le ministère des Télécoms travaille actuellement sur plusieurs projets qui représentent un bond en avant pour le secteur des Télécoms, notamment pour les jeunes et les start-up », a déclaré le ministre, lors d’une cérémonie officielle mercredi dans le cadre du forum, en présence du Premier ministre, Saad Hariri, et du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé. Parmi les annonces les plus récentes, figure notamment celle faite le 13 février par Ogero de confier – à l’issue d’un appel d’offres lancé en décembre – le déploiement de la fibre optique sur le territoire à trois groupements de sociétés respectivement menés par le chinois Huawei, le finlandais Nokia et l’américain Calix. Le chantier doit coûter 283 millions de dollars à l’État et permettre à 700 000 foyers de bénéficier d’un débit d’environ 50 Mb/s. Le ministère a également évoqué l’augmentation des capacités du câble maritime (Alexandre), via un accord avec l’entreprise chypriote Cyta, qui passent ainsi de 120 gigabits par seconde à 720 Gbps. Il a en outre rappelé avoir baissé les tarifs internet en juillet 2017, et annoncé « qu’en coopération avec Touch et Alfa, 942 tours supplémentaires seront installées au Liban pour obtenir une excellente couverture de 95 % du territoire d’ici à fin 2018 ».

Malgré la proactivité du ministre sur la scène médiatique depuis plus d’un an, la plupart de ces annonces semblent toutefois être passées relativement inaperçues chez les jeunes entrepreneurs venus promouvoir leurs projets à ArabNet. « Je n’en ai jamais entendu parler », avoue, étonné, un concepteur de jeux, concernant le projet de déploiement de la fibre optique. Une impression partagée par plusieurs participants. Georges Abi Aad, responsable stratégie dans l’entreprise de marketing Birdhaus, préfère, lui, avoir des attentes mesurées. « C’est une bonne nouvelle, mais je n’y mets pas non plus trop d’espoir. J’espère surtout que ça se fera dans les délais promis. »

Toujours est-il que la lenteur mais aussi l’instabilité de la connexion internet actuelle posent de nombreux problèmes pour la jeune génération qui travaille dans les nouvelles technologies. « Nous développons des produits sur des serveurs locaux, mais lorsqu’il faut les faire migrer, c’est très difficile », explique Georges Abi Aad. « Parfois, je dois faire venir des disques durs d’Europe pour avoir des fichiers vidéo. Ce n’est pas possible ! » peste-t-il.


(Lire aussi dans Le Commerce du Levant : Imad Kreidieh : « 85% des internautes verront leur vitesse de connexion multipliée par dix en 2018 »)


Connexion mobile
Face aux difficultés, certains entrepreneurs redoublent de précautions. Maher Hassanieah, dont la start-up, Fig, développe des agents conversationnels, ou « chatbot » en anglais, est habitué à partager la connexion de son téléphone portable sur son ordinateur pour travailler. C’est-à-dire qu’il paie pour un abonnement 4G de 20 Gb par mois au minimum, au coût de 59 dollars par mois, selon les sites internet des deux seuls opérateurs mobiles au Liban, Alfa et Touch. « Je ne peux pas avoir accès à une vitesse fiable avec les fournisseurs internet traditionnels. Mais depuis quelques mois, je loue un bureau au Beirut Digital District (BDD), donc j’ai accès à la fibre optique », souligne-t-il.

Enfin, pour Ayman Kichly, dont la start-up, Ray, propose des outils de communication pour les entreprises, l’écosystème entrepreneurial n’a pas juste besoin d’un meilleur internet. « Par exemple, si nous voulons attirer des jeunes de la région, il faut faciliter leur embauche. Aujourd’hui, il me faut trois à quatre mois juste pour obtenir un permis de travail pour un employé étranger. Le problème, c’est l’environnement des affaires dans sa totalité au Liban », souligne-t-il. Le Liban s’est classé à la 133e place sur 190 pays au classement 2018 du rapport « Doing business » de la Banque mondiale, et à la 14e position parmi les pays de la zone MENA.



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