Des câbles de fibre optique. Grybaz/Bigstock
Le Conseil d’État libanais a suspendu hier la décision du ministre des Télécoms, Jamal Jarrah, d’accorder aux compagnies Global Data Services (GDS), Waves et Trisat le droit de déployer la fibre optique jusqu’à l’abonné (Fiber to the Home) en utilisant les conduits d’Ogero, ou en creusant les siens. La décision qui date de juin 2017 avait suscité une levée de boucliers des autres Data Service Provider (DSP) concurrentes, mais également des salariés d’Ogero, qui ont vu dans la décision de leur ministre de tutelle une menace pour leurs emplois et l’ont clairement exprimé. Ces derniers sont à l’origine du recours déposé en décembre par la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) devant le Conseil d’État.
« Il s’agit d’une suspension temporaire. Je ne peux que respecter cette décision. Nous allons collaborer totalement avec le Conseil d’État pour lui fournir l’ensemble des éléments de fond afin qu’il puisse prendre sa décision finale », a déclaré à L’Orient-Le Jour le PDG de GDS, Habib Torbey.
De gré à gré
M. Jarrah avait justifié sa décision d’accorder de gré à gré ce droit à GDS, Waves et Trisat par l’existence d’un décret adopté en Conseil des ministres en 2000 accordant à ces trois DSP le droit de passage et de connexion au réseau de l’État. Les trois autres DSP existantes, comme Pesco Telecom, ont été appelées par M. Jarrah à déposer leurs candidatures. Dans son édition de juin 2017, Le Commerce du Levant expliquait que ce droit est conditionné au versement d’une redevance de 20 % à l’État et à l’engagement à traiter les fournisseurs d’accès internet (ISP) sur un pied d’égalité, sachant que GDS est une société sœur d’IDM, l’un des principaux ISP du pays.
Cette décision de M. Jarrah était aussi intervenue au moment où Ogero se préparait à lancer un appel d’offres (en décembre dernier) pour le développement progressif de la fibre optique sur l’ensemble du territoire, pour une enveloppe totale de 298 millions de dollars en quatre ans. Cinq compagnies ont postulé pour étendre la fibre optique jusqu’aux sous-répétiteurs et remplacer 7 700 armoires de rues.
GDS et Waves avaient déjà entamé les travaux, tandis que Trisat était toujours en négociations avec le ministère des Télécoms. « Nous avons lancé un projet pilote en novembre à Hamra et dans deux rues d’Achrafieh. C’était un projet réussi, nous avons réussi à multiplier par dix la vitesse de la connexion dans ces zones », a indiqué M. Torbey. Interrogé sur le coût de ce projet pilote et les pertes potentiellement causées par cette suspension, M. Torbey n’a pas souhaité donner de chiffres, mais a souligné que le projet de fibre optique était très peu représentatif des activités de GDS. « Près de 99 % de nos activités concernent les transmissions de données, et nous sommes leader sur ce marché », a-t-il ajouté.
Selon M. Torbey, ce recours démontre que deux visions du secteur des télécoms s’opposent. Une partie souhaite que l’État conserve son monopole sur le secteur, tandis qu’une autre estime que le secteur d’internet et celui des transmissions de données doivent être libéralisés pour gagner en qualité, diversité et compétitivité-prix des services.
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10 h 46, le 20 janvier 2018