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Campus - BANDE DESSINÉE

À l’AUB, un workshop mêle le 9e art aux préoccupations des jeunes

Au-delà du divertissement, la BD constitue un moyen d’expression des préoccupations des jeunes, relevant parfois de l’intérêt public, comme la conservation du patrimoine, les déchets, l’addiction, le harcèlement sexuel ou la violence domestique. 

Afin de se renseigner sur les problématiques de la ville, les jeunes ont participé à des tours, notamment à Dalieh, Aïn Mreissé et Ramlet el-Bayda, organisés par Mona Hallak, directrice du Neighborhood Initiative à l’AUB. Les espaces publics, le patrimoine architectural et l’urbanisme étaient au cœur des interventions.

Au département d’architecture et de design de l’Université américaine de Beyrouth, des étudiants et des professionnels ont été initiés, au mois de janvier, à la conception de BD engagées, dans le cadre d’un atelier intitulé Comics 4 a cause.

Pendant cinq jours, un groupe de jeunes étudiants s’est ainsi attelé à la création, chacun, d’une bande dessinée, dans le cadre d’un atelier prodigué par des artistes égyptiens, les Twins Cartoons. « La structure de l’atelier s’articule sur la façon de produire sa propre BD, sous le thème de l’activisme », explique Mohammad Elseht, qui forme avec son jumeau Haitham les Twins Cartoons. « L’activisme et la BD arabe » est, en fait, le thème de l’année, choisi par le centre Mutaz and Rada Sawwaf Arabic Comics Initiative, organisateur de l’atelier. « L’activisme ne se limite pas à la politique. Il est aussi social, économique, environnemental ou engagé civiquement », note Lina Ghaibeh, directrice de ce centre rattaché au département d’architecture et de design de l’AUB. Le workshop vise, ainsi, non seulement l’apprentissage du processus et des techniques de création d’une BD, mais aussi l’acquisition des compétences nécessaires à l’expression des soucis de la jeune génération à travers cet art.

La majorité des participants à l’atelier vient de l’AUB ou d’autres d’universités, alors que quelques-uns sont des professionnels. De ce fait, tant les niveaux que les attentes sont différents. L’atelier a commencé par casser les préjugés que certains, parmi les débutants, avaient de la BD. « Avant, j’associais les BD aux superhéros, mais je me suis vite rendu compte que ce n’était pas le cas. Je me suis dit qu’à travers Comics 4 a cause, je pouvais sortir avec quelque chose d’utile », avoue Karim Kobeissi, première année en design graphique à l’AUB. « J’ai appris effectivement à incorporer un message à ce que je faisais normalement juste pour le divertissement ! » continue-t-il.


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Certains des participants ont souhaité acquérir les outils de réalisation d’une BD, alors que d’autres entendaient les améliorer. « L’atelier m’a aidée à trouver ma propre façon de dessiner des BD », confie Alissa Zibara, également en première année de design graphique. Romy Matar, sa camarade en 4e année, s’est inscrite à l’atelier pour élargir sa perception de cet art. Elle y a découvert « des conseils et des astuces, comme sur la manière d’illustrer les caractères lorsqu’ils sont dans une attitude neutre. On doit essayer de les rendre aussi réels que possible », raconte-t-elle. Il en va de même pour Wadih el-Haddad, en 3e année de design graphique : « J’ai appris comment mettre en valeur les actions et les émotions, que ce soit à travers le texte ou les dessins, et la façon de représenter le corps. » Malgré ses lacunes en illustration, Karim Kobeissi a appris à dessiner des caractères faciles à exécuter et qui, en même temps, expriment surtout des émotions. « Concernant le scénario et les dialogues, j’ai compris qu’on n’a pas à multiplier les bulles. Un visage peut exprimer les mots », explique cet étudiant qui a abordé, dans sa BD, les rapports des jeunes universitaires libanais avec leurs parents. Alissa Zibara a elle aussi parlé du conflit intergénérationnel : « Ce fossé entre les générations montre parfois l’omniprésence des parents, surtout dans le monde arabe. Beaucoup jugent souvent leurs enfants et n’apprécient pas ce qu’ils font », confie-t-elle.


(Pour mémoire : Être dessinateur de BD au Liban, un « challenge »)


Intérêt public

Tous les participants ont manifesté un intérêt pour le sujet de leur BD : recherche d’une idée saisissante qui les représente, son élaboration et l’écriture du texte. « Je n’ai pas l’habitude d’utiliser mon travail pour exprimer un message, et cet atelier m’a aidée à ce niveau. On a tendance à penser qu’on doit faire parvenir notre message d’une manière dramatique, mais celle-ci peut être humoristique aussi », affirme Romy Matar. Celle-ci a évoqué le sujet des frustrations que ressentent les jeunes dans la ville, notamment le manque de savoir-vivre qui la dérange en particulier. Quant à Omar al-Fil, illustrateur et graphic designer, il a choisi le sujet de l’addiction et l’a traité à partir de sa propre perspective, celle de l’observateur. « J’ai déjà créé des BD, mais mon travail est plutôt basé sur des blagues. J’ai toujours eu du mal à trouver une cause percutante », explique ce professionnel qui souhaite apprendre à intégrer un message à son travail, grâce à ce workshop.

Au-delà du divertissement, la BD constitue ainsi, pour cette génération, un moyen d’expression de ses préoccupations quotidiennes, relevant parfois de l’intérêt public, comme la conservation du patrimoine, les déchets, l’addiction, le harcèlement sexuel ou la violence domestique. « L’avantage de la BD, c’est qu’elle est abordable, facile à lire. Et les jeunes qui aiment l’art, et qui souhaitent en même temps lui donner un sens, s’intéressent à la BD qui combine le texte et l’illustration. C’est la tendance », assure Lina Ghaibeh, également coordinatrice du programme design graphique à l’AUB.

À la fin de l’atelier, le centre Mutaz and Rada Sawwaf Arabic Comics Initiative publiera les BD dans un fanzine qui sera distribué en mars, lors des événements programmés par le centre. Outre l’exposition des travaux, la programmation inclut le prix Mahmoud Kahil décerné aux professionnels arabes, des conférences et une exposition sur la BD maghrébine.



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