Le Liban a officiellement signé vendredi après-midi, dans le cadre d'une cérémonie en grande pompe au centre d'exposition BIEL à Beyrouth, les contrats d'exploitation des hydrocarbures offshore du pays. Une signature qui met fin au premier volet d'un feuilleton qui aura duré plusieurs années.
De nombreux responsables libanais et étrangers étaient présents au BIEL afin d'assister à cette cérémonie, à leur tête le président de la République, Michel Aoun, et le chef du Législatif, Nabih Berry, ainsi que de nombreux membres du gouvernement. Le président du Conseil, Saad Hariri, était lui absent en raison d'un déplacement à l'étranger.
À la mi-décembre, le gouvernement libanais avait accepté les offres du consortium mené par le géant français Total, et composé de l’italien Eni et du russe Novatek.
Cette signature "représente des promesses très importantes pour le futur en ce qui concerne la prospérité de l'économie du pays", s'est félicité le ministre de l'Industrie, Hussein el-Hajj Hassan, dans des propos accordés à notre envoyé spécial sur place. "Il faut commencer le forage et la prospection et cela va certainement prendre du temps. L'année 2019 marquera le début" du processus. Le secteur industriel va en bénéficier d'ici "deux à trois ans", a ajouté le ministre.
"Cette signature est source d'espoir mais aussi de responsabilités. Nous devons réussir ce tournant décisif, notamment du point de vue écologique, financier, administratif et politique. Nous n'avons pas le droit à l'échec sur ce dossier", a pour sa part souligné le ministre d'Etat à la Planification, Michel Pharaon.
"Il s'agit d'un premier pas. Nous avons posé la première pierre. Et plus le temps passe, plus la situation se clarifie. Le forage va commencer en 2019, et en 2020, nous saurons si les quantités d'hydrocarbures sont importantes, et en fonction de cela les investissements seront déterminés. Tout cela va injecter des liquidités dans l'économie du pays", a de son côté affirmé le ministre de l’Économie, Raëd Khoury.
"Nous nous retrouvons aujourd'hui pour marquer le début d'un nouveau parcours, (...) et nous annonçons au monde que nous avons effectivement commencé notre parcours en tant qu'Etat pétrolier bénéficiant d'hydrocarbures offshore", s'est félicité le ministre de l'Energie, César Abi Khalil, lors d'une allocution. "Nous avons perdu des dizaines d'années, alors que toutes les tentatives (d'exploitation des ressources) restaient lettre morte", a regretté M. Abi Khalil, avant d'appeler les responsables libanais à ne plus perdre de temps.
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Fin janvier, le ministère de l’Energie avait indiqué que le consortium international auquel ont été attribuées les licences d’exploration et de production d’hydrocarbures offshore pour le bloc 4 (au centre) et le bloc 9 (au sud) de la zone économique exclusive (ZEE) libanaise avait déposé les deux accords signés pour l’exploration et la production de pétrole dans les délais fixés par le cahier des charges. Le ministère avait, de plus, déclaré que, conformément aux dispositions du protocole d’appel d’offres permettant aux détenteurs de droits pétroliers d’établir des filiales à 100 %, les deux accords d’exploration et de production avaient été dûment signés par Total E & P Liban S.A.L. (établie au Liban et détenue à 100 % par Total S.A.), Eni Lebanon B.V. (établie aux Pays-Bas et détenue à 100 % par Eni International B.V.) et Novatek Lebanon (établie au Liban et détenue à 100 % par JSC Novatek).
C'est à la mi-décembre, que le gouvernement avait accepté les offres du consortium mené par Total. Quelques jours plus tard, César Abi Khalil et les membres de l’Autorité de l’énergie avaient révélé les principaux détails techniques et financiers de ces accords. Selon ces derniers, 4 % de le production globale annuelle est cédée à l'État en nature ou en numéraire, en tant que royalties, avant même que la part destinée au remboursement des coûts ne soit retranchée. Ce, entre autres modalités.
La conclusion de ces contrats met fin au premier arc d’une feuilleton qui aura duré plusieurs années, avant de prendre un tournant décisif en janvier 2017 avec l’adoption par le gouvernement du Premier ministre Saad Hariri de deux décrets-clefs portant respectivement sur la délimitation des blocs de concession pour l'exploration du gaz offshore du pays et les modalités du contrat devant lier l'État aux concessionnaires. Cette décision avait ainsi mis fin a un blocage du dossier qui avait duré environ quatre ans.
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Les propos du ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, qui a accusé le 31 janvier 2018, le Liban de "provoquer" Israël en lançant les procédures pour l'exploitation des ressources offshore dans un bloc proche de ses frontières ont remis sur le devant de la scène le différend entre Beyrouth et Tel Aviv concernant la délimitation de leurs frontières maritimes.
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08 h 35, le 11 février 2018