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Liban - Clandestins syriens morts à Masnaa

Clandestins syriens morts à Masnaa : « Si la guerre ne s’arrête pas, on continuera à voir pareilles tragédies », avertit Merhebi

Aux postes frontaliers, seuls les « cas spéciaux » sont autorisés à entrer au Liban, depuis le durcissement des conditions d’accès pour les réfugiés.

La Défense civile a retrouvé dix-sept corps près du poste frontalier de Masnaa. Photo ANI

Les recherches se sont poursuivies ces derniers jours pour tenter de localiser les Syriens qui ont péri en essayant de traverser la frontière, dans la nuit de jeudi à vendredi, au niveau de Masnaa. Dix-sept corps ont été retrouvés jusqu’à maintenant, parmi lesquels des femmes et des enfants. Morts de froid pendant la tempête qui a frappé le Liban la semaine dernière, ces clandestins ont relancé le débat sur la souffrance des réfugiés syriens.
« Les derniers chiffres font état de 17 morts mais peut-être qu’il y en a plus, a déclaré le ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Mouïn Merhebi, à L’Orient-Le Jour. Ces personnes attendaient que les conditions météorologiques soient extrêmes pour passer sans être vues. En temps normal, l’armée patrouille régulièrement, mais lorsqu’il y a une tempête, il est difficile de bien voir ou de se déplacer. » 

Abandonnés par les passeurs lorsque la tempête s’est intensifiée, certains des clandestins ont survécu et ont réussi à se rapprocher des habitations. Ils ont ensuite été aidés par les locaux qui ont alerté les autorités sur la présence de personnes perdues dans la montagne.
« J’attends les détails de l’enquête pour comprendre pourquoi ces personnes ont mis leur vie en danger et de quelle région elles viennent », a souligné M. Merhebi qui s’est dit très affecté par cette « tragédie humaine ».
« Malheureusement, la situation humanitaire ici n’est pas mieux pour les réfugiés. 58 % d’entre eux vivent avec moins de 2 dollars par jour. Leur situation se dégrade et la communauté internationale se comporte comme si elle n’était pas concernée, sans oublier les dissensions politiques internes à ce sujet », a-t-il ajouté.
À la question de savoir comment prévenir de tels incidents, M. Merhebi souligne : « La fin de la guerre en Syrie est primordiale. Si elle ne s’arrête pas, on continuera à voir des tragédies pareilles. »


(Lire aussi : Moins d'un million de réfugiés syriens au Liban, une première depuis 2014)


« Le vrai drame est la situation en Syrie »
Pierre Abou Assi, ministre des Affaires sociales, s’est dit également touché par la mort de ces clandestins fuyant leur pays tout en considérant que « le vrai drame est la situation en Syrie qui pousse les gens à quitter leur pays dans les conditions les plus difficiles ». « Il est du devoir des associations humanitaires de les sensibiliser au danger de traverser la frontière pendant le froid et celui des Syriens d’assurer le contrôle de leur côté », a-t-il dit à L’OLJ.

M. Abou Assi rappelle qu’aux postes frontaliers libanais, seuls les « cas spéciaux » sont autorisés à entrer au Liban, depuis le durcissement des conditions d’accès des réfugiés. Les « cas spéciaux » concernent notamment les familles dont plusieurs membres sont déjà au Liban ou les voyageurs syriens qui ont obtenu des visas d’émigration et qui veulent prendre l’avion à Beyrouth. Ces cas sont ensuite exposés au ministre qui donne son aval.

M. Bou Assi est par ailleurs ferme concernant une issue au dossier des réfugiés syriens. « La solution est que les réfugiés rentrent en Syrie, point à la ligne », a-t-il dit au magazine al-Massira le week-end dernier.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a pour sa part estimé dans un communiqué que le « drame (des clandestins syriens) reflète le degré de désespoir de ceux qui essaient d’obtenir la sécurité au Liban et nous rappelle que la situation est encore fragile en Syrie ».

Pour le patriarche maronite, Béchara Raï, qui s’exprimait lors du sermon du dimanche à Bkerké, la mort des clandestins « relève de la responsabilité de la communauté internationale qui ne veut pas arrêter la guerre en Syrie ».
Le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, est quant à lui plus déterminé que jamais à voir les réfugiés retourner en Syrie. « La seule solution est le retour des Syriens chez eux et il n’y en a pas d’autre. Toute autre solution sera une forme de fusion (des réfugiés dans la société libanaise) et les effets sur le long terme sont connus », a-t-il dit samedi, lors d’une conférence du Courant patriotique libre sur le thème « Les réfugiés syriens au Liban : répercussions et solutions ».
Le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, a pour sa part invité les Syriens entrés illégalement au Liban à régulariser leur situation auprès de la SG.


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