Ça y est, les campagnes électorales sont lancées, en prévision de la prochaine bouffonnerie législative. Pour faire dynamique, les partisans ploucs leur ont collé le label ronflant de « machines électorales ». Et en dépit du mode proportionnel du scrutin, ils continuent de puiser dans le vocabulaire des garagistes et mécanos les termes de « bulldozer », « autobus » et « rouleau compresseur ». Les puristes de la démocratie apprécieront. Ne reste plus qu’à attendre les candidats parachutés, les listes d’électeurs tripotées et les urnes bourrées, sous l’œil narquois des diplomates étrangers.
En ces temps préélectoraux où les programmes politiques s’apparentent au vide intersidéral, la seule échappatoire pour le candidat qui veut se faire élire est de s’occuper des basses œuvres : asphalter une route, aménager une fosse septique, se taper les corvées de condoléances, draguer l’électeur en lui promettant de fourguer à la fonction publique un taré qui lui est proche, comprendre : gaver l’administration d’un surplus de mauvaise graisse sur le dos du contribuable.
Le ballet des palabres a d’ailleurs déjà démarré. On commence par négocier avec un patibulaire suiffeux, lèche-bottes premier choix, rien dans la tête, tout dans le côlon. Pour tout programme, on lui demande de cracher son fric, baisser son froc et hurler « Koullouna » quand on le sonne. Puis par un coup de Jarnac dont tous ont le secret, on s’en ira zapper son nom pour le remplacer par celui d’un cave qui n’aurait d’autre qualité que celle d’être un arrière-cousin par alliance à la Mercedes du baron politique local.
Patronnant la brochette des nominés dont l’engagement est soluble dans la candidature, on trouve le même cartel des copains et des coquins : Saadinator qui soubresaute au Sérail mais retrouve des forces à Beyrouth ; Istiz Nabeuh qui ameute tous ceux qu’il a mis à pantoufler dans des emplois fictifs ; Sayyed Barbu qui a pris du galon et veut maintenant faire la guerre à la planète entière, y compris la principauté de Monaco ; le Basileus, alias beau-papa m’a dit, qui joue les fouineurs-chicaneurs à l’affût de problèmes qui n’existeraient pas s’il n’était venu les touiller; sans oublier la palanquée des roitelets provinciaux qu’il faudra amadouer à coups de sucres d’orge électoraux.
Bref, le décor est planté et tout est en place. Les pitbulls sont lâchés : on prévoit déjà un million d’adorateurs, entre nasrallolâtres, berryphiles, aouno-mimétiques et hariro-compatibles. Ne reste plus qu’à inventer le bobard pour annuler le scrutin et renvoyer tout ce joli monde cou-couche panier. Et une rallonge de plus pour ce Parlement branlant, une !
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (6)
Avec ces chefs de tribus inébranlables,une rallonge de plus ou non pour ce Parlement branlant ne changera en rien la situation de ce pays de ces nominés en brochette .
Antoine Sabbagha
22 h 14, le 19 janvier 2018